Le Centre multimédia de Don Bosco (Liège) met sur pied le prêt de liseuses

Lettres numériques a visité le Centre multimédia Don Bosco. Ce centre est une bibliothèque Pivot, c’est-à-dire une bibliothèque publique qui a le statut d’ASBL. Le Centre est à la fois une bibliothèque avec des rayonnages traditionnels, une section jeunesse, mais aussi un espace public numérique. Cet espace permet donc au lecteur d’aller surfer sur internet gratuitement, de bénéficier de l’aide des bibliothécaires pour créer un document ou surfer, et enfin, de participer à des ateliers qui s’étalent sur l’année comme par exemple l’initiation à l’outil informatique.

Le projet du prêt de liseuses

Depuis les vacances de Pâques 2011, le Centre multimédia Don Bosco s’est lancé dans l’aventure des livres numériques en mettant sur pied un projet de prêt de liseuses. Le Centre a fait l’acquisition de 5 liseuses qui contenaient 200 livres déjà pré-chargés, libres de droits et dans différentes langues.  L’idée du prêt des liseuses est apparue à la suite d’une constatation très simple : alors que dans les foires du livre et dans les médias, le livre numérique semble occuper la première place, rien n’est mis en place dans les bibliothèques pour les lecteurs. Or avant de faire un investissement de liseuse, le lecteur a probablement envie de savoir comment tout cela fonctionne.

Damien Genot, un des bibliothécaires du centre nous explique : « Avant d’enclencher le système de prêt des liseuses, nous voulions offrir à nos lecteurs une formation d’une demi-journée. Suivre cette formation allait permettre à 5 lecteurs d’être autorisés à emprunter une liseuse pour une durée d’un mois. Ce sont eux qui ont joué le rôle de public-test. Cette formation allait permettre aux lecteurs néophytes en matière de livres numériques de se familiariser avec l’outil mais aussi, et surtout, d’apprendre à télécharger les livres numériques eux-mêmes. Nous ne voulions en aucun cas les laisser seuls face à cette nouvelle pratique tout en leur expliquant qu’ils ne couraient quasi aucun risque de faire quelque bêtise que ce soit. Pendant l’année, nous organisons bon nombre de formations liées à l’informatique et nous voulions que le livre numérique fasse également partie de cette mouvance. »

A la rentrée 2011, n’importe quel lecteur pourra emprunter une liseuse. Les responsables du Centre sont actuellement en train de mettre sur pied une méthode pratique et rapide de prise en charge de la liseuse. Dès septembre, les lecteurs seront invités à visiter le site du Centre sur lequel on pourra télécharger de nombreux fichiers.

Le site de la bibliothèque et le métier de bibliothécaire qui évolue

Le Centre multimédia Don Bosco proposera d’ici peu un site internet regroupant une série de fichiers ePub à télécharger (que ce soit sur une liseuse ou sur un ordinateur) mais également des références de sites sur lesquels il est possible de télécharger des livres. Ces différents sites proposés sont choisis sur la base de leur facilité d’utilisation, la gratuité des œuvres proposées,…  Jean-Michel Defawe, l’administrateur délégué du Centre explique : « Le site proposera une sélection de livres numériques classés par catégorie d’âge, un moteur de recherche interne, un top 10 des livres les plus téléchargés, une sélection du bibliothécaire, des nouveautés… On voudrait se rapprocher un peu du modèle que propose Amazon (« d’autres lecteurs qui ont téléchargé ce livre ont également aimé celui-là » …) Les lecteurs pourront également introduire un commentaire sur les livres. Le métier de bibliothécaire se modifie petit à petit et nous nous devons de proposer d’autres services à nos lecteurs pour leur montrer que le métier suit l’évolution des livres. »

Le choix de la liseuse

Le Centre multimédia Don Bosco a choisi une liseuse française : Cybook Opus. Jean-Michel Defawe nous explique les raisons de ce choix : « Tout d’abord, c’était une proposition très intéressante d’une société française (environ 150 euros pièce). De plus, cette liseuse permettait d’utiliser des fichiers ePub, donc des fichiers ouverts, ce qui, pour une bibliothèque, est essentiel.  Nous devons bien avouer qu’il est parfois un peu compliqué pour les bibliothèques de s’aventurer dans la jungle du numérique parce que nous devons jouer avec des nouvelles technologies face à des éditeurs et des auteurs qui mettent en place des moyens pour protéger leurs biens. En tant que bibliothécaires, nous devons également assurer notre fond de commerce.  Pour le moment, on se demande si on ne va pas renouveler l’expérience avec un autre type de liseuse… mais que choisir ? Pour effectuer un nouveau choix, nous devrons garder à l’esprit que notre public n’est pas toujours au fait des nouvelles technologies et qu’il faudra s’assurer de la présence d’un menu clair, simple d’utilisation. Les liseuses Cybook Opus peuvent également accueillir une carte micro SD. Dans un premier temps, cette option nous intéressait puisque les liseuses ne peuvent contenir qu’1 GB. Cependant, à terme, nous envisageons également la possibilité pour les lecteurs de venir au centre emprunter une carte SD que les lecteurs chargeraient (avec notre aide ou non) avec les livres choisis. »

Le prêt des liseuses, analyse de l’expérience

Après un mois d’utilisation, il a été demandé aux 5 personnes choisies de répondre à un questionnaire sur leurs pratiques de lecture et de téléchargement pendant ce mois et surtout ce qu’ils ont relevé comme avantages et inconvénients de cette nouvelle pratique de lecture. De manière générale, ils semblent très satisfaits.

  • Points positifs :

Ils ont trouvé que la lecture sur ce type d’écran n’était étonnamment pas fatigante pour les yeux. D’autre part, le confort visuel lié à la possibilité d’agrandir ou de rétrécir la police de lecture est aussi une donnée non négligeable. Ils ont également trouvé que l’outil liseuse était très simple d’utilisation.

  • Points négatifs :

En revanche, c’est au niveau du téléchargement que les lecteurs ont éprouvé un peu plus de difficultés. En effet, pour trouver gratuitement le livre que l’on désire, il faut déjà maîtriser quelques techniques de recherche et être capable de surfer sur différents sites. « Il est vrai que pour notre part, il est préférable que nos lecteurs téléchargent des livres qui sont gratuits puisque certains livres payants sont marqués et donc, lorsque les lecteurs ramènent la liseuse à la bibliothèque, il est possible qu’ils perdent leur achat. En tout cas actuellement, les lecteurs de bibliothèque préfèreront probablement dépenser de l’argent pour un livre papier. L’intérêt du livre numérique est lié à la gratuité de sa mise à disposition du lecteur. Cela leur permettra de découvrir ou de redécouvrir des classiques ou des livres qui ne sont plus édités. » nous confie Damien Genot, bibliothécaire.

A améliorer :

  • L’étui. Le Centre a fait l’acquisition d’étuis-pochette dans lesquels on glisse la liseuse, les lecteurs ont signalé qu’il aurait peut-être été préférable de privilégier un étui qui ressemblerait plus à un livre et qui permettrait également de protéger la liseuse pendant la lecture.
  • Le liseuse Cybook Opus semble très sensible au niveau de l’écran intelligent, et les lecteurs ont expliqué que lorsqu’ils lisaient dans les transports en commun, par exemple, l’écran avait tendance à se sauter d’une position à l’autre (mais peut-être n’est qu’un réglage interne à la liseuse à effectuer).

En conclusion, l’expérience menée semble avoir porté ses fruits et encourage fortement les responsables de Centre à persévérer dans la voie du numérique. Aux dernières nouvelles, le site internet proposant un catalogue de livres numériques est en phase de test…

Lettres numériques ne manquera pas de vous avertir dès qu’il sera opérationnel.

Propos recueillis par V. D’Anna

— Vincianne D'Anna

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