À la découverte de l’architecture contemporaine avec le projet LAB

Tout droit sorti de l’imagination de deux jeunes architectes et soutenu par la SADBr, le projet LAB (Livret d’Architecture contemporaine à Bruxelles) a pour ambition de promouvoir de façon ludique et innovante l’architecture contemporaine bruxelloise auprès du grand public. À terme, 19 livres classés par commune verront le jour. Rencontre avec les deux initiateurs de ce projet, Colin Wolf et Ta Yang Hsu, à l’occasion de la sortie du premier livre interactif consacré à Schaerbeek.

LAB : Le projet LAB est né d’un constat édifiant : non seulement l’architecture contemporaine belge demeure méconnue du grand public, mais en plus, il est très difficile, voire impossible, de trouver des publications recensant des projets d’architecture contemporaine (entendez ici, de ces 15 dernières années) sur le territoire de Bruxelles. À l’origine, nous avions envisagé de publier nos coups de cœur sous la forme d’une brochure. Mais très vite, nous avons souhaité rendre ce projet plus interactif. Nous avons donc réfléchi aux différentes opportunités de combiner le livre traditionnel et l’usage des nouveaux médias. Au final, notre choix s’est porté sur le développement d’une série de 19 livres imprimés enrichis d’une plateforme multimédia proposant des contenus exclusifs : des documentaires, une cartographie des projets présentés, des forums de discussion, etc.

Depuis combien de temps murissez-vous ce projet et combien de personnes y sont associées ?

LAB : Nous travaillons depuis deux ans maintenant pour mettre au point cet objet hybride qui mobilise une quinzaine de personnes. De jeunes architectes nous ont en effet rejoint dans l’aventure et rédigent des articles sur les réalisations de leurs confrères, ce qui n’est pas toujours évident. À cela, il faut ajouter le travail des photographes, du caméraman et des compositeurs à l’origine des musiques qui accompagnent nos vidéos. À lui seul, ce premier livre représente environ 15 000 heures de travail.

Pourquoi avoir voulu investir le champ de l’édition ?

LAB : Nous avions déjà côtoyé le monde de l’édition par le biais du graphisme et de notre agence WaH! Mais ce projet reste une grande première pour nous. Dès le départ, nous avons discuté avec des professionnels du monde du livre notamment de son aspect commercial. Il nous est apparu qu’il y avait une place pour notre initiative et que le livre était le meilleur moyen de rencontrer une plus large audience. Selon notre étude de marché, 97% des livres consacrés à l’architecture bruxelloise traitaient d’Horta et de l’Art nouveau. D’où l’idée de proposer un recensement d’architecture contemporaine, au format poche, facilement transportable et dynamisé par une plateforme digitale proposant des contenus interactifs.

Pourriez-vous nous en dire plus sur ce livre interactif ?

LAB : Nous l’avons conçu comme un objet mouvant et flexible. Loin d’être une fin en soi, il apparait davantage comme une porte vers l’architecture contemporaine.

Destiné au public de librairie, il est constitué d’articles sur les projets architecturaux sélectionnés, de photographies et d’un lexique. Des QR codes* renvoient aux documentaires et aux autres informations mises en ligne pour satisfaire la curiosité des lecteurs. Constamment mis à jour pour créer une base de données sur l’architecture contemporaine, le site internet assure en effet une continuité et offre au livre traditionnel une nouvelle dimension : l’interactivité.

Les deux médias apparaissent dès lors comme complémentaires. Les livres offrent la possibilité au grand public de se familiariser avec l’architecture contemporaine qui l’entoure. Tandis que la plateforme digitale permet de compléter les articles par des témoignages, des documents inédits et des cartes.

Comment se déroule la réalisation d’un livre ?

LAB : Tout commence par la réunion d’un comité de sélection chargé de lister, avec une subjectivité assumée, 30 à 40 projets d’architecture contemporaine. Cette première phase débouche alors sur des contacts avec les maitres d’ouvrage et les architectes pour convenir d’interview de deux heures. Il s’agit parfois de la phase la plus difficile du projet, il faut bien l’avouer ! Lors de ces rencontres, nous tentons d’éviter les discours trop théoriques. À contrario, nous privilégions les regards décalés et les anecdotes. Il nous est arrivé par exemple de confronter les points de vue de l’architecte d’un bâtiment et de ceux de ses locataires, dont les préoccupations sont bien entendu toutes autres.

Par la suite, l’une des personnes présentes lors de l’entrevue se voit confier la rédaction de l’article qui figurera dans le livre. On procède ensuite à la mise en page des textes et des photographies. Par souci de cohérence, le livre et le site internet qui le complète sont réalisés en même temps. Le projet touche à sa fin avec les phases d’impression, de commercialisation et de communication.

Pourquoi ne pas avoir choisi la solution du livre numérique ?

LAB : Il fut envisagé au tout début, au même titre qu’une application pour iPad/iPhone/iPod, notamment pour éviter les surcouts engendrés par le stock, la gestion des retours, etc. Cependant, pour des raisons budgétaires, nous avons préféré opter pour la formule actuelle qui offrait l’avantage de toucher un public plus large, toujours dans cette optique de vulgarisation. Cela étant dit, nous n’excluons pas à l’avenir de mettre au point des livres numériques ou des applications nous permettant d’exploiter toutes nos ressources.

Retrouvez toutes les informations concernant le projet LAB  sur http://www.labproject.be
Le livre interactif de LAB est distribué et diffusé par 180° Éditions

* Code-barres en deux dimensions qui peuvent être décodés grâce à un téléphone mobile et qui renvoient généralement vers un site internet.

— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional