Procès US Apple et les éditeurs: les clés pour comprendre

Soupçonnés d’entente illicite sur les prix des livres numériques, contraire aux lois anti-trust américaines, Apple et des éditeurs sont poursuivis par le Département de la Justice américain. Focus sur une affaire qui risque ni plus ni moins de redessiner l’économie du livre numérique.

Concrètement, il est actuellement reproché à Apple et à cinq éditeurs d’avoir entravé la concurrence en s’accordant (en coulisse) sur des prix délibérément hauts. « Nous affirmons qu’à partir de l’été 2009, les responsables aux plus hauts niveaux des entreprises citées dans la plainte, inquiets de voir que les distributeurs de livres numériques avaient réduit les prix, ont travaillé ensemble pour éliminer la concurrence, ce qui a conduit à relever les prix payés par les consommateurs » tels furent les mots du Ministre de la Justice américain Eric Holder.

A la différence d’Amazon, Apple opte pour un modèle d’agence commerciale, qui laisse au producteur de contenus le droit de fixer son prix de vente comme bon lui semble, prix sur lequel Apple prélève 30 % des bénéfices. A contrario, le contrat de mandat appliqué par Amazon lui offre la possibilité de fixer le prix de vente et donc de casser les prix.  De là à entrevoir un affrontement de deux politiques tarifaires opposées, il n’y a qu’un pas.

Le problème ne réside pas dans l’utilisation du contrat d’agence, mais bien de l’entente horizontale et du contrôle des prix qui en a résulté empêchant ainsi Amazon  d’appliquer un prix inférieur à 10$ comme le fait habituellement ce géant du livre numérique.

Trois des cinq éditeurs  accusés – Hachette, Simon & Schuster et HarperCollins – ne sont désormais plus inquiétés après avoir conclu un accord avec les autorités américaines actant le changement de leurs pratiques. Celui accorde aux distributeurs de livres (Amazon, Barnes & Nobles, etc.) la liberté de réduire le prix des livres numériques. Apple, Macmillan et Penguin Group, ont quant à eux refusé tout accord craignant qu’Amazon ne retrouve une situation de monopole.

Une telle modification autoriserait en effet Amazon, qui réalise ses marges sur le volume de ses ventes, à fixer des prix beaucoup plus agressifs. Ce qui lui permettra d’augmenter rapidement ses parts de marché et d’écraser sa concurrence sur le long terme. C’est en effet ce que redoutent les autres acteurs de la chaîne du livre numérique.

— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional