A la recherche d’un modèle viable de prêt numérique pour les bibliothèques

Si les éditeurs, motivés par des enjeux commerciaux, semblent s’engager de manière décidée dans la voie du numérique, il n’en est pas toujours de même pour les autres acteurs de la chaîne du livre. C’est notamment le cas des bibliothèques toujours à la recherche d’un modèle viable pour le prêt d’ebooks.

Au cœur de ce débat, différents points de tension se profilent et ne facilitent pas la mise en place d’un modèle de prêt efficace, parmi lesquels, nous dénombrons :

  • le contenu des catalogues : à l’heure actuelle, il n’existe pas en francophonie de catalogue global avec une offre homogène d’ebooks. Les titres des éditeurs sont dispersés entre différents distributeurs, plateformes de diffusion, etc. Souvenez-vous de la bibliothèque des Chiroux, obligée de s’affilier à différents services pour offrir un maximum de livres numériques à ses lecteurs.
  • L’accessibilité des ebooks : les DRM, la multiplicité des supports de lecture, la compatibilité des différentes technologies, des divers formats et les problèmes que cela entraîne sont autant de freins à la lecture numérique qui peut altérer l’expérience de lecture d’un novice en la matière.
  • Quelles garanties face au piratage ? : Ou comment ne pas alimenter l’angoisse de certains éditeurs ?
  • Une technologie mouvante : Pourquoi investir dans l’achat d’un matériel qui s’avérera sans doute obsolète d’ici deux ou trois ans ? Telle est la position de nombreuses petites institutions qui, limitées par des budgets restreints, tardent à choisir la solution la plus adaptée à leurs besoins.
  • La rémunération des auteurs : Question brûlante qui n’a pas encore été légiférée en Belgique.

De part et d’autre de l’Atlantique, il faut donc trouver un modèle de prêt à même de composer entre tous ces éléments, une situation qui a tout d’un casse-tête pour les bibliothécaires. Petit bilan des solutions existantes :

  • Le modèle du « Pay-per-use » : la bibliothèque s’acquitte d’une redevance mensuelle correspondant à la hauteur du nombre d’emprunts.
  • Le modèle du « Rent-to-own » : plus avantageux pour les bibliothèques, celui-ci propose aux institutions de verser un droit de prêt pendant un laps de temps déterminé avant de devenir propriétaire du fichier.
  • Le modèle de licence qui propose aux bibliothèques d’acquérir un livre avec un nombre de prêts limités, soit de disposer d’un certain nombre d’exemplaires de livres numériques et dont le nombre de prêts ne peut pas dépasser la limite fixée, soit l’achat d’un livre à un prix de vente beaucoup plus élevé que le prix public avec un nombre illimité de prêts.

Il s’agit donc là d’un chantier majeur pour les bibliothèques qui se doivent avant tout de respecter leurs missions: référencer, donner à lire, rendre accessible et encourager la création littéraire et la diffusion du savoir.

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional