Sinbad, un outil pour éradiquer les liens pirates

Ce dossier fait suite à l’article sur le piratage paru dans la LN 54, qui se clôturait par l’évocation de l’outil Sinbad.

L’idée même de l’introduction de nouvelles technologies dans le monde du livre amène les spécialistes à imaginer et à proposer de nouveaux « business models ». Bien loin d’avoir élucidé cette problématique, il leur faut également, en parallèle, trouver des solutions face au piratage en progression sur la Toile. Force est de constater l’inefficacité de la législation classique à ce sujet. A cela s’ajoute la question du respect de la vie privée des internautes de plus en plus soumis à la pratique de l’identification sur certains sites.

L’exposé d’Evi Werkers (Juriste Librius cvba – Copyright Advisor at Book Publishers from Flanders) a présenté les différentes stratégies initiées dans l’espoir d’éradiquer le piratage de livres numériques.

  1. La licence globale
  2. La réponse progressive (ex: Hadopi, Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet, qui tente de faire évoluer le débat sur ce sujet)
  3. Installation de filtres
  4. Le Fair-play online (par ex. la redirection vers une page informant de la non-légalité des contenus que l’internaute cherche à consulter. Les instances judiciaires font ici appel au bon sens des gens)
  5. La chasse aux contenus illégaux. Ex. : Sinbad

Sinbad est une extension d’HYDRA. Il vise des cibles spécifiques, telles que les sites de streaming, de téléchargements directs, les Peer to Peer (P2P)… Les premiers résultats de  l’outil sont encourageants, puisqu’on dénombre près de 56.000 liens éradiqués pour la période de juillet 2011 à février 2012. Grâce à ce travail minutieux, on se rend compte que certains types de livres sont plus exposés au piratage : livres professionnels, comic books, audiobooks, bestsellers…

La méthode de traçage, bien que simple à mettre en œuvre, demande énormément d’investissement de temps, mais aussi et surtout une rigueur et une patience  pour débusquer les liens pirates du net. Concrètement, il faut sélectionner quelques titres d’œuvres et dresser un tableau excel avec les informations de l’ouvrage d’une part et les différentes combinaisons d’appellation de celles-ci ensuite. Une fois les critères de recherche établis, il faudra procéder à la recherche proprement dite des « liens pirates » en n’oubliant pas de préciser les différents formats numériques (epub, PDF, cbr, cbz…). Enfin, à la collecte des informations des abus succèdent les envois des avertissements aux sites abritant des contenus illégaux.

Prochaine étape… en Belgique
Pour améliorer le processus et espérer chasser davantage de contenus illégaux sur notre  territoire, il serait profitable à tous que quelques mesures soient apportées : la mise en place d’un portail online via Librius.com reprenant notamment les rapports (téléchargeables) des éditeurs, et d’une procédure légale rapide et efficace (blocage de sites, demande d’identification des utilisateurs au site). Avec ce modèle anti-piratage, la collaboration entre pairs et la communication périphérique (aux auteurs, aux écoles…) doivent être de mise pour optimiser les retombées.

La prochaine… ensemble pour un projet européen?
Actuellement, le projet est encore dans une phase de test (sélection de 30 titres), néanmoins certains résultats émergent déjà et diffèrent selon les pays. Ce qui est intéressant dans cette démarche, c’est le fait de pouvoir partager les expertises et les meilleures pratiques pour éradiquer au fur et à mesure le piratage…

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional