Byook, des applications entre lecture et animation

Lorsqu’on parle de livres numériques enrichis, nombreux pensent à l’ePub 3 et ses opportunités. Les applications, pour leur part, sont parfois peu considérées à cause de leurs limites floues entre animation et lecture. C’est justement ce qui a attiré les fondateurs de Byook qui ont souhaité explorer cet univers nouveau où la technologie côtoie la création. Rencontre avec Bastien Villebrun, responsable commercial de la société, qui nous en dit plus sur les spécificités de Byook.

Pouvez-vous nous présenter le projet Byook ?

Byook est un projet imaginé en 2009 par trois amis, alors étudiants dans le secteur du numérique à Valenciennes. Passionnés par le jeu vidéo et la lecture, ils décident de consacrer leur projet de fin d’étude à un concept à la croisée de l’animation et du livre. Le projet fait l’unanimité auprès des membres du  jury et ses concepteurs décident de monter leur société.

Le projet démarre avec pour ambition de proposer des livres enrichis qui supporteraient l’animation, la vidéo et le son. Rapidement, les fondateurs de Byook font le choix de développer leur propre technologie avec pour base le langage IOS, avec la volonté sur le long terme de proposer une bibliothèque de livres enrichis, les « byook » dans lequel chaque page serait animée. A nos yeux, l’animation décuple les possibilités narratives. Imaginez une scène d’orage dans Sherlock Holmes où l’animation permet de renforcer l’imagination du lecteur avec des gouttes de pluie ou des bruitages sans pour autant contraindre sa vision de la scène.

De quoi est constitué le catalogue de Byook ?
Nous avons commencé par des projets éditoriaux tels que Sherlock Holmes, Little Fear et Tara Duncan. Nos livres enrichis ont reçu un très bon accueil. Par exemple, notre application gratuite « Little Fear » a été téléchargée plus de 200 000 fois. Aujourd’hui, nous essayons surtout d’installer le format byook mais nous ne manquons pas d’idées. Notre technologie pourrait par exemple créer des livres dont vous êtes le héros. La trame narrative ne serait pas linéaire, au contraire le lecteur pourrait créer son propre parcours.

Les applications nécessitent des investissements et sont commercialisées pour quelques euros, quel est votre business model ?
On est ici dans le cas d’une start-up, une jeune entreprise. Nos applications nous demandent environ 6 mois de travail. Nous avons donc développé une double activité pour nous assurer un fond de roulement, financer notre activité d’éditeur et notre studio graphique interne. Nous proposons donc de mettre notre technologie au service de différents clients – qui peuvent être des éditeurs par exemple. Nos byooks permettent de faire énormément de choses et pas seulement en littérature de jeunesse. Notre créneau, c’est l’enrichissement, du livre notamment, et cela intéresse un grand nombre d’entreprises. Dans cette perspective, Byook a réalisé plus de 50 applications lisibles sur Apple comme sur Android.

Ne redoutez-vous pas la concurrence de l’ePub3 qui supporte également le son et la vidéo ? Avez-vous déjà pensé à proposer des titres de votre catalogue sous ce format?
On a déjà envisagé plusieurs migrations vers l’ebook mais, à vrai dire, cette demande émane surtout de plusieurs prospects. L’ebook n’est pas notre cœur de métier et l’ePub 3 ne permet pas encore de faire tout ce que proposent les applications. L’ebook serait donc plus une stratégie de réponse à un besoin de nos clients, l’application restant notre facteur de développement.

Les limites des applications en termes de diffusion ne vous frustrent-elles pas trop ?
Il est vrai que le marché commence seulement à s’équiper en tablettes. Les smartphones se diffusent également largement. Nous concentrer principalement sur des applications compatibles iPad et iPhone réduit notre marché. Dans le cas de Tara Duncan, une application destinée aux adolescents, nous nous sommes bien rendus compte que notre cible n’avait pas toujours les moyens d’acheter du matériel Apple. Nous nous sommes retrouvés face à une inadéquation entre les fans de l’histoire et les utilisateurs de l’application. C’est pour cela que nous allons convertir nos propres applications au format Android.

Comment entrevoyez-vous le développement des applications ?
D’un point de vue technique, je pense que tout est faisable avec les applications. La géolocalisation va sans doute renforcer l’interactivité entre les clients et les entreprises ou entre les lecteurs et les éditeurs. Je crois également que les transactions de paiement vont être facilitées et permettront un plus grand développement de ces application. Selon les dernières tendances, plus de 40% des Français possèdent un smartphone et les chiffres ne cesseront d’augmenter. Il y a un réel potentiel. Selon moi, toutes les entreprises finiront par avoir leur application, comme elles ont compris par le passé, la nécessité d’avoir un site web.

En savoir plus sur Byook.

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional

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