Prêter un de mes livres numériques. Rêve ou réalité ?

Depuis quelque temps maintenant, un des inconvénients majeurs que mettent en avant les détracteurs du livre numérique est l’impossibilité pour le « propriétaire » du livre de le prêter.

Aujourd’hui, il est désormais possible de prêter certains livres numériques à certaines conditions.  Néanmoins, la question du prêt du livre numérique soulève une foule d’autres questions liées au monde de l’édition numérique : est-on réellement propriétaire de la copie numérique que l’on achète ? Sommes-nous autorisés à prêter des ebooks sans DRM ? Les possibilités sont-elles les mêmes à différents endroits du globe ?

Pour tenter d’établir un état des lieux des ebooks qui peuvent se prêter et ceux qui ne le peuvent pas, nous allons répartir les ebooks en deux catégories.

eBooks avec DRM

Un utilisateur ne peut pas prêter un livre numérique qui est protégé par DRM.

Depuis peu, Amazon et Barnes and Nobles ont décidé de changer les choses en permettant à leurs utilisateurs de se prêter leurs ebooks achetés.

Prenons l’exemple du Kindle. Certains livres numériques achetés sur Kindle peuvent être prêtés une fois pendant 14 jours maximum. Et sur la même base que le prêt d’un livre papier, lorsque vous avez décidé de prêter votre livre, il est retiré de votre bibliothèque et vous n’y avez  plus accès pendant 14 jours.

Néanmoins, non seulement tous les livres ne possèdent pas l’autorisation pour être prêtés (c’est à l’éditeur ou au propriétaire des droits de déterminer quels sont les ouvrages disponibles pour les prêts) mais en plus, cette fonctionnalité n’existe pas en dehors du territoire US.  Autant dire que les vagues qu’a créées cette nouvelle n’ont atteint les lecteurs francophones que de manière virtuelle.

« At this time, Kindle book lending can only be initiated by customers residing in the United States.  If a loan is initiated to a customer outside the United States, the borrower may not be able to accept the loan if the title is not available in their country due to publisher geographical rights. In these cases the borrower will be notified of this during the Loan redemption process, and the book reading and lending rights will return to the lender at the end of seven days from loan initiation.  You can always check the status of a loan by viewing the book on the Manage Your Kindle page. »

Plateformes de prêt entre utilisateurs

De nombreux utilisateurs se sont également demandé s’il était possible de prêter (et donc d’emprunter) leurs ebooks à des inconnus. Ainsi, de plus en plus de plateformes ont vu le jour pour permettre aux prêteurs et emprunteurs de livres numériques de se retrouver. Le principe est assez simple, il suffit de s’inscrire sur ces différents sites, d’indiquer les ouvrages que l’on accepte de prêter et de sélectionner les livres que vous aimeriez emprunter. La plupart du temps, les livres sont disponibles pour une durée de 14 jours et vous pouvez en emprunter 3 à la fois.

Voir :

http://www.booksformykindle.com/

http://bookfriend.me/

Points négatifs :

  • Certaines de ces plateformes (Ebook Fling, par exemple) ne permettent pas, pour le moment, l’utilisation de ses services en dehors du territoire des États-Unis.
  • Une grosse majorité de l’offre reste anglophone.
  • La fonction n’est pas valable pour tous les ebooks. Il faut que les auteurs et les éditeurs aient préalablement donné leur accord pour la fonction de prêt soit activée.
  • Certaines plateformes ont instauré un système de points. Il faut que l’utilisateur ait d’abord accumulé des points en prêtant des ouvrages avant de pouvoir emprunter à son tour.

Malheureusement, même si en théorie le système semble fonctionner,  est-ce réellement possible d’emprunter des livres au départ de la Belgique ou d’un compte français ? Il semblerait que non.

Pour conclure, il est aujourd’hui extrêmement difficile d’emprunter ou de prêter à un autre utilisateur un livre numérique avec DRM si l’on est un lecteur francophone.

ebooks sans DRM

La question du prêt des ebooks sans DRM est tout autre. D’un point de vue technique, c’est une manipulation très simple. Si le fichier est libre de droit et gratuit, il suffit à l’utilisateur d’envoyer le livre par mail par exemple à la personne concernée.

Si le fichier a été acheté par l’utilisateur, ce n’est pas une question technique qui entrave le prêt mais plutôt une question de déontologie. Il est évident que peu d’emprunteurs de livres vont faire la démarche d’effacer le livre après l’avoir lu. Nous sommes donc face à une multiplication du document et non pas à un prêt : ce n’est évidemment pas pour plaire à la majorité des auteurs et des éditeurs.

De plus, est-ce que l’achat du livre numérique nous donne légalement le droit de prêter ce livre ? C’est une question juridique qui doit probablement fonctionner au cas par cas. Néanmoins, pour certains livres, il est précisé dans la rubrique « détails » que l’utilisation ne peut dépasser l’usage personnel. Prenons le cas de l’ebook Un été de singe (ex. : http://librairie.immateriel.fr/fr/ebook/9782897170226/un-ete-de-singe):

«  protection immatériel.fr sans DRM vous permettant de modifier, copier et imprimer votre fichier pour votre usage personnel. Votre nom et e-mail est inscrit sur chaque page. »

Et dans ce cas, ce n’est pas de DRM qu’il est question mais de tatouage numérique. Il n’empêche techniquement pas le prêt mais laisse un sentiment de piratage au lecteur qui a emprunté l’ouvrage, ce qui n’est jamais agréable.

Pour prolonger la question : peut-on revendre ses ebooks ?

Cette série de questions soulève un autre problème. De nombreux utilisateurs se demandent s’il est possible de revendre un livre numérique. Et ils ne sont pas les seuls à se pencher sur la question puisque ce débat était au centre des préoccupations de la conférence Tools of Change 2013. En effet, depuis peu, une nouvelle start-up appelée ReDigi s’est décidée à envahir le marché du numérique d’occasion et il semblerait qu’ils ne soient pas les seuls puisqu’Amazon a déposé récemment un brevet à ce sujet.

Je sais désormais que je ne pourrai pas prêter le dernier opus de JK Rowling, acheté sur Kindle, mais serai-je bientôt autorisée à le revendre ?

Lire aussi :

http://www.actualitte.com/usages/la-revente-d-ebook-ou-le-problematique-marche-de-l-occasion-40379.htm

Retrouvez Lettres Numériques sur Twitter et Facebook.

— Vincianne D'Anna

Share Button

4 thoughts on “Prêter un de mes livres numériques. Rêve ou réalité ?

  • 01/03/2013 at 20:13
    Permalink

    Je vous invite à lire le point de vue d’un éditeur : sommes-nous vraiment obligés de prêter des fichiers – la notion de prêt d’un fichier numérique n’a pas de sens puisque prêter un fichier numérique revient à la donner – alors que nous pouvons à loisir partager nos avis de lectures sur les réseaux sociaux ? Si les vrais que les lecteurs ont des droits, ils ont aussi des devoirs. Et les droits des lecteurs s’arrêtent là où commence celui des droits des auteurs. Il ne faut pas penser le numérique comme on pense le papier > http://bit.ly/UisrHg

  • 12/03/2013 at 07:38
    Permalink

    Je crois qu’en baissant sérieusement le prix des livres numériques, le problème se poserait moins. C’est quelque chose de tout à fait possible, étant donné l’économie réalisée par les éditeurs sur le prix de fabrication, stockage, manutention et distribution des livres. Le livre numérique est tout profit pour les éditeurs…

  • 12/03/2013 at 08:13
    Permalink

    S’il ne faut pas penser le livre numérique comme on pense le livre papier, que les éditeurs expliquent pourquoi la même oeuvre est au même prix, alors qu’il n’y a ni impression, ni transport. Après on verra…

Laisser un commentaire