NT2: le laboratoire de recherche sur les oeuvres hypermédiatiques

Le Web est un grand réservoir d’œuvres artistiques.  Ces œuvres, appelées œuvres d’art hypermédiatique, font partie d’un ensemble de pratiques artistiques qui associent des textes, des images et du son. Elles sont donc diffusées sur le réseau Internet, auquel elles empruntent ou non les modalités interactives, mais, on peut également les retrouver sur des supports comme des CD-Rom, DVD et même des disquettes.

Pour vous aider à y voir clair dans le concept d’œuvre d’art hypermédiatique, voici un exemple :

Déprise est une œuvre réalisée par Serge Bouchardon et Vincent Volckaert qui explore le thème de la perte de contrôle, de la perte de prise. Divisée en six chapitres, elle est construite autour du récit d’un homme qui, vingt ans après son mariage, s’aperçoit qu’il ne connaît pas sa femme, qu’ils ont toujours été distants, et que même son fils est en train de s’éloigner de lui. Sentant que sa propre vie lui échappe et remettant en doute les fondements de son identité, il s’interroge sur ses choix passés et cherche un moyen de regagner le contrôle sur son existence, de «reprendre prise» sur celle-ci.

http://deprise.fr/

Afin d’étudier cette nouvelle forme d’art, Bertrand Gervais a fait appel, et ce depuis 2005, à une équipe multidisciplinaire formée de spécialistes en littérature, en cinéma, en histoire de l’art et en jeux vidéo. Ensemble, ils ont mis sur pied le laboratoire NT2 (Nouvelles technologies, nouvelles « textualités), un laboratoire de recherches littéraires sur les nouvelles formes de textes et de fictions.

Leur mission est avant tout de promouvoir l’étude, la création et l’archivage de ces nouvelles formes de texte et d’œuvres hypermédiatiques.

Cet archivage est un des piliers du projet. En effet, on constate de plus en plus que le Web est un grand réservoir d’œuvres artistiques mais qu’avant de profiter des avantages d’un tel flux d’informations, il faut bien souvent procéder à un « débroussaillage » du terrain. Et c’est à cette tâche minutieuse (entre autres) que s’attèlent les chercheurs et les assistants du laboratoire. Il en résulte ce qu’on a appelé « le Répertoire des arts et littératures hypermédiatiques » qui récence  plus de 3500 œuvres: des œuvres littéraires hypertextuelles et hypermédiatiques, ainsi que des œuvres d’art hypermédiatiques.

En plus des éléments bibliographiques, les fiches de ce répertoire contiennent une description de l’œuvre ou du site; une classification en fonction de la nature du site ou de l’œuvre, des formes d’interactivité et du format; et, dans certains cas, des notes de recherche ou techniques et des captures de navigation.

Ce répertoire aide non seulement au recensement des œuvres mais permet également de sauvegarder un patrimoine en péril. En effet, sur Internet, lorsqu’un site n’existe plus et que l’on tente d’y accéder, c’est le message «erreur 404» qui s’affiche. Et, c’est généralement ce qui arrive lorsque l’artiste et l’auteur ne peuvent plus maintenir les œuvres en ligne sur leur site internet pour des raisons financières ou autres. Le programme d’archivage du NT2 permet ainsi de sauver plusieurs œuvres et empêche qu’un pan entier de la culture ne disparaisse sans laisser de traces.

«Pour l’archivage, tout est bon, indique Bertrand Gervais. On veut être le plus exhaustif possible.» Et c’est une tâche longue et difficile. D’une part, il faut chercher à travers un réseau Internet toujours plus étendu. D’autre part, il faut trouver le moyen de conserver les sites Internet ou de les héberger sur les serveurs du laboratoire. Un troisième volet du travail consiste également à répertorier les œuvres qui sont stockées sur des Cd-Rom et parfois même sur de vieilles disquettes.

Enfin, en plus de ce travail de recensement, le site propose également une rubrique Ailleurs sur le Web, qui relaie les dernières nouvelles autour de la culture de l’écran, ainsi qu’un blog collectif, Délinéaire, qui permet aux chercheurs du NT2 de partager leurs réflexions et leurs découvertes et de questionner ou de théoriser la cyberculture. Finalement, grâce aux Cahiers virtuels, les actes des journées d’études organisées par le NT2 sont publiés en ligne, de manière à pouvoir faire état des dernières recherches accomplies par les membres du Laboratoire.

A terme, Bertrand Gervais souhaiterait  «voir si on est capable, dans 5 ou 10 ans, de faire une histoire de l’évolution de la présence de la littérature ou de l’art dans Internet».

Avec de tels outils, les choses semblent être sur la bonne voie.

V. D’Anna

— Vincianne D'Anna

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