Alain Esterzon : « Revues.be, une vitrine en numérique pour les revuistes »

Lettres Numériques a rencontré Alain Esterzon, coordinateur éditorial de revues.be, plateforme des revues francophones littéraires et artistiques. Nous l’avons interrogé sur la genèse de l’initiative et sur les opportunités générées par cette réalisation numérique mutualisée.

Naissance d’un projet mutualisé

Dès 2009, il est apparu intéressant au Service général des lettres et du livre d’établir un état des lieux des revues littéraires francophones, la grande majorité étant traditionnelles, et seules quelques-unes présentes sur Internet. Ce rapport réalisé par Alain Esterzon, économiste du livre et lui-même éditeur et revuiste, s’est focalisé sur la perception du numérique par les acteurs concernés. Un an plus tard le Plan de développement numérique de la chaîne du livre en Fédération Wallonie-Bruxelles était lancé. Dans ce contexte, l’étude ne fut pas reléguée dans un tiroir puisque le Service de la promotion des Lettres propose alors d’aller plus loin dans la réflexion sur le taux d’équipement et de production informatiques des revuistes. Alain Esterzon explique :

« Tous les revuistes ont compris qu’avec le numérique, il y a désormais un deuxième métier à maîtriser. Mais une forme d’attentisme devant cette mutation freinait les initiatives individuelles. C’est pourquoi a surgi, sous la houlette du Service général des lettres et du livre, le projet de mutualisation des efforts pour une présence active des revues sur le Net.

Conscientisation, « plan de vaccination » au numérique, la plateforme revues.be est apparue comme l’opportunité pour toutes et tous les revuistes de numériser leurs textes et leurs illustrations et de leur donner une visibilité optimale, dans le giron de la Fédération Wallonie-Bruxelles. En effet, outre son existence propre sur le Net, la plateforme revues.be bénéficie des liens avec le réseau des bibliothèques publiques  et avec les grands portails de collecte de données culturelles numériques dont fait partie la Fédération Wallonie-Bruxelles, tel Europeana par exemple. »

En 2014, la Fédération Wallonie-Bruxelles via, entre autres, son Fonds d’aide à l’édition allait soutenir la  création et le lancement de la plateforme.

Contenu de revues.be

La plateforme revues.be est conçue et développée avec le système open source de gestion de contenu Joomla!, par la société Mijim à Bruxelles, comme maître d’ouvrage, sous la coordination éditoriale d’Alain Esterzon.

Le principe est d’offrir à chaque revue ses pages propres, mais dans une architecture, une mise en page et une typographie identiques. La couverture, le sommaire, des textes, notes photos, illustrations, vidéos de chaque numéro de revue sont cliquables sur la plateforme. Sont publiables sur revues.be le numéro le plus récent de la revue, autant que les autres parutions précédentes ou certains numéros d’archive.

Figurent également, pour chaque texte publié en ligne sur revues.be, les 15 champs de métadonnées du Dublin core. (Ces champs restent à compléter pour le moment.)

Et bien sûr, des liens guident vers l’adresse des revuistes les visiteurs désireux d’acquérir un exemplaire ou un abonnement numériques ou papier. Bientôt sera activé aussi un lien vers librel.be, la plateforme de vente en ligne des librairies indépendantes francophones de Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les opportunités du numérique pour le monde culturel associatif

Le numérique permet de diffuser et de sauvegarder le travail littéraire d’envergure mené par les revuistes francophones de la Fédération Wallonie-Bruxelles : nouveauté et fonds éditorial variés dans tous les domaines littéraires au sens large (fiction, poésie, théâtre, récits, essais, biographies, notes de lectures, concours d’écriture, …) et dans les domaines artistiques (arts de la scène et arts plastiques, cinéma, vidéo, anthropologie et sémiologie de l’art, …). Et ce en langue française, en langue allemande, mais aussi en langues endogènes régionales culturellement actives en Fédération Wallonie-Bruxelles : wallon, champenois, lorrain, picard, brabançon bruxellois, …

Mais que permet encore davantage le numérique dans le domaine littéraire et artistique ? Lorsqu’on en vient à cette question, Alain Esterzon ne tarit pas d’éloges à propos des possibilités qu’offre le numérique :

« revues.be est une vitrine mutualisée qui bénéficie d’une visibilité et d’une diffusion internationales ; en ce sens elle va à la rencontre de tout public spécifiquement passionné de francophonie et d’art, qu’il s’agisse par exemple des Wallons du Wisconsin, des écrivains du Val d’Aoste, des étudiants du Sénégal, des chercheurs en Lettres francophones d’Europe Centrale ou des États-Unis, des compagnies théâtrales ou de danse d’Afrique, des vidéastes de France ou du Canada…  Le Net offre au monde culturel associatif un évident référencement et des projections innombrables auxquels le papier, aujourd’hui, répond plus poussivement et partiellement. »

Le troisième apport du numérique, essentiel selon Alain Esterzon, est d’offrir l’opportunité aux revuistes de préparer la relève, d’intégrer maintenant la génération montante, de travailler avec les jeunes passionnés de littérature et d’art, d’assurer la relève éditoriale, de connaître les nouveaux intervenants graphiques et les circuits de distribution du monde numérique. « Avec le numérique, les jeunes revuistes, alliés aux plus anciens, apporteront la vidéo, le son, les montages littéraires et artistiques, et toutes les nouvelles possibilités d’expression et d’échanges dans le domaine culturel sur support numérique et diffusé sur le Net. »

Local et global

revues.be se réfère bien volontiers au principe de localité et de globalité. Alain Esterzon conclut en insistant sur cet aspect : « La plateforme revues.be est le fruit de relations « à l’ancienne » pour faire du nouveau. Les revuistes membres de revues.be se rencontrent trimestriellement pour le suivi et l’évolution de la plateforme ; une lecture de textes et poèmes clôt la séance. Les projets individuels s’expriment et se confrontent à la lumière des nouvelles technologies ».

Aujourd’hui, associer le papier et le numérique est devenu pour toutes et tous une évidence. « La projection numérique est une chance si on la gère humainement. C’est pour beaucoup encore, un nouveau domaine d’action qui permet de recentrer les idées des acteurs culturels et de ressourcer leur dynamisme à un moment où la diffusion traditionnelle papier pose de multiples questions. »

Billet rédigé en collaboration avec Alain Esterzon

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— Gaëlle Noëson

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Gaëlle Noëson

Digital publishing professional