Oyster, c’est fini.

Le marché de la lecture à volonté, en tête-à-tête désormais ? Oyster, après avoir conquis avides lecteurs et investisseurs avec sa formule « lecture à volonté », met la clé sous le paillasson. Google récupère ce qu’il y a à récupérer.

Ce n’est (déjà) plus un scoop (Re/Code l’a annoncé, le lundi 21 septembre 2015) : Oyster, qui offrait de la lecture à volonté pour un abonnement mensuel depuis 2012, s’endort. Cette pause devrait lui permettre de mieux saisir, à son réveil d’ici quelques mois, les opportunités croissantes que présente la lecture sur smartphone. Du moins, c’est ce que je lis entre les lignes sur le blog d’Oyster.

Google Play Books attendait-il derrière la haie ? Peut-être bien : quelques-uns de Oyster viennent grossir ses rangs. Parmi ceux-ci, le CEO et co-fondateur, Eric Stromberg, qui avait déjà travaillé chez eBay après que le géant du commerce en ligne avait racheté sa start-up. Avec les talents, Google met la main sur les technologies développées par Oyster comme son système de lecture sur mobile, Lumin, et sa revue éditoriale de premier plan, la Oyster Review.

Un joueur de moins sur le terrain

Ce que Google n’acquiert pas, en revanche, ce sont les contrats éditoriaux de Oyster. Ceux-ci étaient particulièrement favorables aux éditeurs, qu’Oyster payait même lorsque seule une portion congrue du livre était lue. Or l’abonnement mensuel d’Oyster, pas si élevé, intéressait surtout les grands dévoreurs de livres devant l’Éternel… Pas si facile pour une start-up de se retrouver, financièrement parlant, dans un tel schéma!

C’est ce même modèle que suit Scribd, aussi une start-up et la dernière en lice face à Amazon et son Kindle Unlimited. Avec Kindle Unlimited, Les livres sont souvent écrits par des auteurs auto-publiés, payés à la page lue, à partir d’un fixe. Les auteurs ont beau s’en plaindre, le modèle reste ce qu’il y a de plus avantageux pour Amazon. Quand bien même, ses arrières sont probablement assez solides, et ses actionnaires assez patients, pour qu’Amazon puisse éventuellement faire face à une perte sur cette part de ses activités. Bref, ce tête-à-tête avec le tout-puissant Amazon n’était peut-être pas ce dont Scribd rêvait…

Oyster a été bien inspiré de développer son application de lecture mobile et son contenu éditorial : d’une part, au vu de l’expérience, concilier ebooks de qualité à volonté et rentabilité n’est pas aisé. D’autre part, les chiffres le prouvent, la lecture sur smartphone a le vent en poupe. Sans doute Oyster a-t-il donc séduit Google lors de son acqhire (acquisition et/ou embauche des employés de l’entreprise rachetée, dans le jargon de la côte Ouest) avec son expérience de la lecture sur smartphone. Au sein de Google Play Books, les cerveaux de Oyster auront sans doute tous les outils sous la main pour développer encore la lecture sur smartphone et autres technologies d’aujourd’hui et de demain. L’histoire ne dit pas (encore) si Google devra s’arranger d’une façon ou d’une autre avec les investisseurs qui ont misé 17 millions de dollars sur l’aventure Oyster et le développement de ses applications mobiles…

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Source photo : mobileread.com

— Sibylle Greindl

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