Pour une meilleure compréhension du débat autour de PNB

Comme annoncé dans le précédent article de Lettres Numériques relayant la prise de position de bibliothécaires concernant le débat engagé autour du projet PNB, retrouvez cette semaine notre billet synthétique sur le sujet. Revenons-en aux débuts de l’initiative et parcourons ensemble son évolution, jusqu’à la récente remise en question du système, au moment de sa mise en place à Paris.

Débuts du projet

Le projet PNB s’inspire du service québécois pretnumerique.ca qui rencontre depuis 4 ans un grand succès au Canada. En septembre 2013, les bibliothèques françaises de Montpellier, Grenoble et Aulnay-sous-Bois se proposent comme expérimentatrices du système. À l’époque, le projet PNB suscite déjà quelques interrogations, comme en témoigne notamment cet article de Lettres Numériques. Quelques craintes sont exprimées mais les professionnels du livre accueillent de manière positive ce nouveau système et s’accordent sur la nécessité de travailler ensemble pour garantir une offre de prêt réfléchie et fédérée.

Après les bibliothèques françaises, c’est au tour de la Fédération Wallonie-Bruxelles d’annoncer, en décembre 2014, l’acquisition d’une plateforme de prêt numérique qui sera mise en production en février de l’année suivante : Lirtuel. Un état des lieux est réalisé après 7 mois, lequel présente des chiffres plutôt encourageants pour la plateforme belge qui est en pleine croissance.

PNB, une offre à la fois critiquée et jugée « prometteuse »

Le 8 décembre 2014, à l’initiative de la Ministre Fleur Pellerin, un accord est signé au terme des Assises des bibliothèques entre l’État français, les bibliothécaires, les éditeurs, les libraires, les auteurs et les élus culturels. Dans ce texte, 12 recommandations sont émises pour la diffusion du livre numérique par les bibliothèques publiques (pas seulement PNB). Dans le même temps, le modèle de PNB se voit critiqué au niveau de l’investissement financier important qu’il représenterait pour les différents établissements publics.

En février 2015 parait le communiqué du réseau Carel qui permet de synthétiser les éléments constituant l’offre PNB. Un certain optimisme est observé vis-à-vis du projet, avec la mise en évidence des différents avantages qu’il présente. Néanmoins, deux facteurs à améliorer sont pointés :

  • la péremption des jetons achetés par les bibliothèques, avec une politique d’acquisition orientée « best-sellers » et donc le risque de valoriser les nouveautés au détriment du fonds des éditeurs ;
  • les tarifs pratiqués par certains éditeurs, jugés trop élevés.

Dans l’ensemble, PNB est considéré par le réseau Carel comme une « offre prometteuse » qui est susceptible de connaitre un certain succès, moyennant quelques adaptations des conditions de l’offre. En juin dernier, Lettres Numériques revient sur l’offre PNB, suite aux journées « Convergence » organisées par De Marque au Canada. La grande force du projet ? Le fait que les bibliothèques puissent prêter en simultané un même ouvrage à plusieurs usagers, un détachement clair par rapport aux limites du livre physique qui semble appréciable.

PNB à Paris, un débat qui se poursuit

En ce mois d’octobre 2015, le débat se poursuit avec la mise en place de PNB dans la ville de Paris. L’Association des Bibliothécaires de France, qui avait signé le 8 décembre 2014 l’accord portant sur la diffusion du livre numérique par les bibliothèques publiques, alerte sur le système PNB dans son communiqué du 16 octobre dernier. Les réactions s’enchainent rapidement. Mais que reproche-t-on exactement à PNB ? L’ABF pointe :

  • un manque de transparence de l’expérimentation, sans une évaluation qualitative du service après un an ;
  • le maintien d’un « embargo artificiel imposé par les éditeurs qui ne permet pas aux bibliothécaires de répondre à la demande des usagers en matière de nouveautés littéraires » ;
  • un risque de fracture territoriale entre les grandes collectivités qui bénéficient de ressources financières importantes et les petites et moyennes bibliothèques dans un contexte de restriction budgétaire ;
  • la complexité technique du modèle qui rend le niveau de difficulté relativement élevé vis-à-vis des outils numériques ;
  • la question économique du projet, jugé insoutenable pour les collectivités.

Face aux nombreux articles qui ont fleuri sur le web suite à la parution de ce communiqué, les bibliothèques de Montpellier, Grenoble, Aulnay-sous-Bois, Levallois et le Réseau de lecture publique belge, expérimentatrices de PNB, ont décidé de répondre point par point aux critiques formulées par l’ABF. Retrouvez leur point de vue sur Lettres Numériques, un billet que nous pourrions résumer ainsi : « PNB n’est pas parfait mais il est perfectible et a notamment le mérite d’avoir rallié un très grand nombre d’éditeurs (qui augmente sans cesse, Hachette, Immatériel et Iznéo devant rejoindre prochainement le projet) et d’être mené en concertation avec tous les acteurs du livre, y compris les bibliothécaires, les représentants des auteurs et les libraires indépendants. »

— Gaëlle Noëson

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Gaëlle Noëson

Digital publishing professional