Le numérique pour lutter contre la dyslexie

Cette semaine, dans le cadre de notre dossier spécial « Handicap et numérique », nous nous penchons sur quelques initiatives mises en place actuellement en numérique pour lutter contre la dyslexie, un trouble qui touche environ 5 % de la population belge.

La dyslexie, de quoi s’agit-il ?

Si la dyslexie est difficile à comprendre et à imaginer lorsque l’on n’en souffre pas, elle peut réellement constituer un frein à l’apprentissage et gâcher la vie de ceux qui en sont atteints. Afin de donner un aperçu des effets de ce trouble, le développeur Victor Widell a récemment mis au point un outil utilisant JavaScript que l’on peut directement ajouter comme plug-in à son navigateur internet. Le résultat est édifiant :

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Le développeur a mis au point cet outil selon le témoignage d’une amie dyslexique. Celle-ci parvient à lire un texte correctement uniquement en redoublant d’effort, sans quoi les lettres semblent bouger et se mélanger.

Le numérique, un outil précieux ?

Depuis l’arrivée de la lecture numérique, de nombreuses initiatives ont été mises en place pour permettre de lutter contre la dyslexie. Rappelez-vous, nous vous parlions en 2013 de la police DYSLEXIE, mise au point par Christian Boer et reprise dans plusieurs applications, telles que Navidys (pour relire l’article complet, c’est par ici). Seul hic : la police et l’application sont payantes. Nous évoquions toutefois dans ce même article une nouvelle police très prometteuse : OpenDyslexic, alors utilisée par Kobo. Gratuite et open source, la police a parcouru du chemin depuis puisqu’elle est aujourd’hui disponible sur les applications Kindle pour iPhone et iPad et a également été adoptée par OverDrive, le réseau de service de prêt numérique américain, pour son application mobile (plus d’informations ici).

Créée par Aberlado Gonzalez, lui-même atteint de dyslexie, cette police est régulièrement améliorée grâce aux retours des lecteurs. La police présente deux avantages non négligeables pour les personnes dyslexiques : d’une part, le bas des lettres est plus gras que le haut, ce qui permet de facilement reconnaître le sens d’une lettre et de bien identifier chaque ligne de texte. D’autre part, chaque lettre a une forme unique, ce qui facilite leur identification.

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Pour retrouver toutes les informations sur cette police, rendez-vous sur le site http://opendyslexic.org/, où vous pourrez également la télécharger gratuitement.

Récemment, dans le cadre de notre dossier spécial « Lecture plaisir », nous évoquions le lancement de la start-up française Mobidys, dont l’objectif est de fournir des ebooks adaptés aux lecteurs dyslexiques (n’hésitez pas à relire notre article complet ici). Après une campagne de crowdfunding couronnée de succès, la boîte a lancé son premier livre-prototype, Ali Baba et les 40 voleurs, le 21 mars dernier.

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Le format choisi, l’ePub 3, offre de nombreuses fonctionnalités pour ce type de contenus puisqu’il permet notamment une interactivité du texte ainsi que de l’enrichissement audio. La police choisie pour l’ebook n’est autre qu’OpenDyslexic. La grande richesse de Mobidys se situe notamment au niveau de la liberté du lecteur : si celui-ci peut choisir une version pré-paramétrée, il peut également choisir les fonctionnalités qui lui sont nécessaires tels que l’aération du texte, la colorisation des lettres et des signes de ponctuation, la police, etc. Le projet semble convaincre tant les jeunes lecteurs (voir quelques témoignages ici) que les professionnels puisque Mobidys vient d’être élu lauréat du concours organisé par la Fabrique Aviva, ce qui leur a valu comme récompense une subvention de 25 000 €, rien que ça. La start-up était également présente au premier ePub Summit organisé la semaine dernière, où elle a eu la chance de présenter son livre devant un panel de professionnels du numérique.

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Dans la même veine, on retrouve également les éditions du Miroir aux Troubles, qui entendent également proposer des livres enrichis pour les jeunes lecteurs atteints de dyslexie.

De beaux projets qui prouvent l’utilité du numérique dans la lutte contre la dyslexie. Parallèlement à ces initiatives privées, les systèmes d’éducation nationale entendent également utiliser le numérique à bon escient, comme c’est notamment le cas en France (n’hésitez pas à consulter l’interview de Patrice Renaud à ce sujet), où l’on retrouve entre autres la plateforme lelivrescolaire.fr, qui met à disposition des étudiants et des enseignants des manuels scolaires gratuits enrichis d’outils pédagogiques, tels que la fameuse police OpenDyslexic, et ce grâce à la coopération de plus de 1500 professeurs.

Pour en savoir plus sur la dyslexie, n’hésitez pas à vous rendre sur le site internet de la Fondation Dyslexie.

À lire dans notre dossier spécial « Handicap et Numérique » :

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— Mélissa Haquenne

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Mélissa Haquenne

Digital Publishing Professional