L’IDPF en passe de rejoindre W3C : non, l’ePub n’est pas (encore) mort

La nouvelle secoue le monde du livre numérique depuis quelques jours : l’International Digital Publishing Forum (IDPF) et le World Wide Web Consortium (W3C) ont annoncé dans un communiqué de presse leur intention de resserrer un peu plus leurs liens et de faire de l’IDPF une branche de W3C. Pourquoi une telle alliance ? quel apport pour le livre numérique ? L’occasion pour Lettres Numériques de refaire le point sur le format ePub, les principaux acteurs impliqués dans son évolution ainsi que les enjeux qui en découlent.

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Qu’est-ce qu’un ePub ?

Si le livre numérique rentre dans nos mœurs un peu plus chaque jour, la question de sa fabrication en laisse encore beaucoup perplexes. Comment passe-t-on d’un livre papier à un livre numérique ? De quel format s’agit-il et comment l’information est-elle structurée au sein d’un ePub?

Qui dit nouveau produit électronique dit (généralement) nouveau format, comme ce fut le cas avec le mp3 pour la musique, par exemple. Le livre numérique n’a pas échappé à la règle : lorsqu’il a commencé à prendre de l’ampleur, il a fallu se mettre d’accord sur la procédure à suivre afin de garder une cohérence dans les fichiers et permettre une compatibilité entre différents supports. C’est ainsi qu’est né le format ePub, proposé par l’IDPF et aujourd’hui utilisé par la majorité des sites de vente à quelques (grosses) exceptions près tels qu’Amazon et son format mobi. L’ePub offre une mise en page qui s’adapte au support sur lequel on le lit, qu’il s’agisse d’une liseuse, d’un smartphone ou d’une tablette.

D’un point de vue technique, il fallait trouver un moyen de pouvoir lire un texte électronique de manière fluide tout en étant capable d’ajouter des images et de créer des styles différents. Plutôt
que de partir de zéro, les créateurs du livre numérique sont partis de langages informatiques et de technologies déjà existants : le langage HTML et les feuilles de styles en cascade (CSS), qui sont aujourd’hui à la base de toute page Internet. On peut donc voir l’ePub comme un site Internet : plusieurs pages HTML reliées à une/plusieurs feuilles de styles, le tout compressé en un fichier zip. Deux déclinaisons du format existent à l’heure actuelle : l’ePub 2.1. et l’ePub 3.0. Ce dernier, plus évolué, se base sur le HTML 5 et la CSS 3 et permet entre autres de créer des ebooks enrichis de contenus multimédias. Or, si les normes concernant l’ePub sont émises par l’IDPF, celles pour la standardisation des pages web le sont par… W3C.

Un rapprochement logique et bénéfique pour le format ePub

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Assez logiquement, cela fait donc maintenant plusieurs années que les deux institutions travaillent ensemble et que W3C s’intéresse de près aux problématiques liées à l’ePub afin de créer des standards qui puissent correspondre au mieux aux exigences du marché de l’édition numérique. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’Ivan Herman, responsable de la pulication numérique chez W3C, intervienne dans des conférences sur le format ePub (il était notamment présent à l’EPUB Summit organisé à Bordeaux). Actuellement, le W3C s’est principalement concentré sur les problèmes liés à l’exportation de pages web hors ligne, mais une telle fusion des deux acteurs permettrait une collaboration d’autant plus rapprochée, avec des groupes de travail spécifiques dédiés à certaines problématiques. À ce sujet, le président de l’IDPF Georges Kerscher a déclaré être « enthousiaste à la perspective d’unir nos forces avec le W3C. La réussite de l’IDPF à développer le standard EPUB pour la publication numérique sera complétée par l’expertise du W3C dans les standards du web qui permettent l’avènement de médias enrichis accessibles ».  Le W3C a en revanche bien précisé que son travail ne se concentrerait pas sur les DRM car ceux-ci, même si mis au point grâce à des technologies développées par W3C, diffèrent en fonction des différents acteurs et qu’aucune norme standard n’existe actuellement.

Alors même que l’on dit voué à disparaître depuis plusieurs années maintenant (n’hésitez pas à relire notre article sur le sujet), l’ePub continue à susciter l’intérêt des acteurs du livre numérique et semble être promis à de belles évolutions qui permettront de répondre à de nouveaux besoins. À voir dans les prochaines semaines si la potentielle fusion entre l’IDPF et le W3C sera officialisée.

Pour consulter le communiqué de presse complet, c’est ici.

Retrouvez également le FAQ mis en place par l’IDPF et W3C au sujet de leur association ici (uniquement disponible en anglais).

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— Mélissa Haquenne

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Mélissa Haquenne

Digital Publishing Professional