R/O : création d’un incubateur de héros transmédia en Belgique

Le groupe français Média-Participations, maison-mère de l’éditeur Dupuis, et le fonds public d’investissement audiovisuel Wallimage ont annoncé fin 2015 la création de R/O, un laboratoire de projets transmédia à Marcinelle, lieu connu pour avoir été le berceau de personnages de bandes dessinées mythiques comme Les Schtroumpfs, Spirou ou Gaston Lagaffe. Stéphanie Thirion, manager des opérations, nous en dit plus.

Pouvez-vous nous expliquer brièvement l’origine de ce projet ?

Ce projet est à l’initiative de François Pernot, CEO du Pôle Image de Média-Participations, Directeur général des éditions Dargaud/Lombard et Administrateur délégué de Dupuis. L’initative est née du constat suivant : avec les évolutions technologique et comportementale (on consomme différemment donc les contenus doivent être réaménagés), la Belgique avec entre autres sa bande dessinée est en train de perdre sa place sur la scène de « l’entertainment ». Elle n’a en effet pas remis ses héros traditionnels au goût du jour. L’idée de ce projet est donc de voir comment créer du contenu pour que ce dernier soit disponible, consommable et puissant sur les différents supports actuels (jeux mobiles, bande dessinée, jeux vidéo, etc.).

Trandmedia

Quel est l’objectif de R/O ? Que propose-t-il aux auteurs ?

L’objectif est de fournir aux auteurs les outils nécessaires pour qu’ils puissent créer leurs univers et leurs héros dans une optique transmédia dès le début. Nous ne sommes pas dans une logique d’adaptation, car adapter c’est recréer quelque chose sur un autre média. Ici, il s’agit de repartir du « storyworld », de l’univers des héros et de se demander à quoi penser pour que l’histoire puisse être à la fois un jeu vidéo, une BD, un livre, un film, etc. Quelles sont finalement les grammaires narratives, les techniques auxquelles on doit réfléchir pour que l’histoire puisse se trouver sur les différents supports ?

Le projet global repose sur trois piliers : RO/ Institute, R/O Lab et Belgian Heroes S.A. À quoi correspondent-ils ?

À l’heure actuelle, les auteurs n’ont pas toujours les compétences nécessaires pour le transmédia car les disciplines sont très isolées les unes des autres. Beaucoup souhaitent se lancer, mais ne savent pas comment. « R/O Institute »  répond au premier défi des compétences. C’est là où nous allons former et accompagner des projets et des équipes de projet à travers des workshops, des séminaires, etc.

Le second défi concerne l’alignement avec les technologies. En effet, de plus en plus de nouvelles technologies voient le jour (réalité virtuelle, réalité augmentée avec Pokémon GO par exemple), mais les contenus ne suivent pas. Il y a donc un décalage. « R/O Lab » est un laboratoire de recherche et d’innovation pour développer de nouveaux outils de création de produits transmédia et optimiser ceux qui existent déjà. Les auteurs pourront également y tester différentes technologies pour comprendre comment elles fonctionnent.

« Belgian Heroes S.A. » répond au 3e défi : l’aspect business. Actuellement il n’existe pas de marché pour les projets transmédia. On veut rassembler des partenaires qui créeront ces marchés et qui pousseront des projets de façon globale en s’occupant ensemble des différentes filières d’exploitation. « Belgian Heroes S.A. » est une entité juridique qui gérera les propriétés intellectuelles de R/O et qui les aidera à se développer pour les mettre sur le marché.

Comment sont sélectionnés les auteurs qui intégreront le R/O ?

Pour le moment, nous sommes encore en phase de présélection (possibilité de postuler jusqu’au 31 août). Nous avons lancé un appel à candidatures au Festival de Cannes le 17 mai dernier dont le dossier se fait sur la base de deux critères :

  • quelle est votre histoire ? Quel est votre univers ?
  • sur quels supports avez-vous imaginé la diffusion de votre histoire ?

Fin septembre, 40 projets seront sélectionnés pour rentrer au R/O bootcamp qui se déroulera en octobre 2016 et proposera une semaine intense de remise à niveau dans différentes thématiques (marketing, storytelling collaboratif, architecture transmédia, etc.). Le bootcamp se terminera fin novembre-début décembre, puis nous sélectionnerons 10 projets qui intégreront R/O en janvier 2017.

Quand pourrons-nous découvrir les premiers héros issus de R/O ?

Vers juin-juillet 2017, après les 6-7 mois de formation, mais on ne veut pas être restrictif non plus donc si un projet n’est pas abouti, il pourra être prolongé. Il ne s’agit pas de produire, mais de créer des prototypes, un trailer, les premières planches d’une BD, de faire une « Bible » qui pourra servir ensuite à décrocher des engagements commerciaux d’exploitation. On soutient tous les projets dans leur développement pendant un an, mais seuls 2 ou 3 sortiront. Certains pourront être découverts durant la formation et signer des contrats par la suite, d’autres pourront rester chez R/O pendant encore un an pour se développer davantage.

Comment voyez-vous l’évolution du projet sur le long terme ?

Nous ne savons pas encore comment tout cela va évoluer. La première année sera vraiment décisive pour confirmer le projet et voir comment il va avancer. Si le dispositif fonctionne, on aimerait pouvoir le reproduire dans d’autres pays et qu’il soit reconnu comme une marque belge. Le Japon et la Chine notamment en ont déjà entendu parler via le réseau du groupe. L’idée est de faire revenir les auteurs en Belgique, de créer de l’emploi et de dynamiser le domaine.

R-O 2

Pour en savoir davantage sur le projet R/O, consultez le communiqué de presse. Ce projet est également soutenu par la Région wallonne.

Pour déposer votre candidature auprès de l’Institut R/O, il vous reste encore quelques jours (jusqu’au 31 août). Retrouvez toutes les informations à cette adresse.

Eléna Burgos

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— Rédaction

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