Rencontre avec Romain Agneessens, fondateur de Grantha Diffusion

L’un des projets présentés lors du showcase du colloque annuel du PILEn (Partenariat Interprofessionnel du Livre et de l’Édition numérique) sera Grantha Diffusion. À cette occasion, Lettres Numériques a rencontré Romain Agneessens, l’initiateur de ce projet, qui souhaite rendre la visibilité et la promotion accessible à tous, au moyen des nouveaux outils de communication tels que les réseaux sociaux et les vidéos.

Lettres Numériques : Pourriez-vous pour commencer présenter votre parcours et votre projet à nos lecteurs ?

Romain Agneessens : J’ai suivi des études en langues anciennes à l’université de Liège avant de tenter de me lancer dans la vie active. Après un an de recherches infructueuses, j’ai décidé de me lancer dans un master en linguistique afin de me préparer davantage au monde du travail. Cette année-là, je me suis dit que si l’on me demande d’avoir de l’expérience pour entrer sur le marché du travail, alors autant créer ma propre expérience. J’ai donc présenté mon projet de distribution et de diffusion en mars 2018 au VentureLab de Liège, un incubateur d’entreprises pour étudiants et jeunes diplômés. En novembre 2018, Grantha Diffusion était fondé.

Notre concept part du fait qu’il y a de plus en plus de maisons d’édition qui produisent des ouvrages de qualité, mais qui n’ont pas la même visibilité que de grands éditeurs. Nous nous sommes alors demandé comment leur apporter cette visibilité-là. L’un des principaux éléments à mettre en avant est la visibilité en librairie, mais pas seulement. La diffusion consiste à répandre dans toutes les directions, la présence en librairie n’est donc qu’une partie, et je développe la partie consacrée aux réseaux sociaux depuis septembre. Bientôt, nous lancerons aussi les premières interviews sur YouTube. Nous souhaitons offrir ce billet-là aux éditeurs qui n’ont pas forcément les moyens d’investir dans le community management. Pour intéresser les libraires et les lecteurs, la promotion est l’un des gros arguments à mettre en avant.

Quelle plus-value les réseaux sociaux apportent-ils, selon vous, dans la promotion de livres et pourquoi sont-ils devenus indispensables ?

Les médias traditionnels sont moins accessibles que les réseaux et, mis à part les médias à grandes structures, peu mettent en avant tout ce qui concerne la littérature. Les éditeurs, de nos jours, doivent miser sur ces nouveaux canaux. C’est un moyen de promotion alternatif accessible à tout le monde. Même si certains éditeurs ont des accès dans certains médias, même si la presse traditionnelle reste très intéressante, la visibilité est aujourd’hui plus facile à acquérir via les réseaux.

Le public recherche actuellement davantage ses contenus via les réseaux sociaux, ces derniers sont devenus indispensables. Le lecteur ira d’abord voir une publication sur une page Instagram, Facebook ou YouTube avant de se rendre sur le site internet lié. Et je pense que le fait de voir et d’entendre un auteur donne particulièrement envie de le lire.

Le public recherche vraiment de nos jours cette transparence dans ce qu’il consomme. Le diffuseur et le libraire ont donc pour rôle de garder un contact avec le lectorat. Ils tentent pour cela d’instaurer des interactions, en demandant par exemple l’avis des lecteurs. Le fait d’avoir un contenu sur les réseaux sociaux qui montre non seulement un contact avec les personnes, mais aussi les backstages de l’édition, par exemple via les stories d’Instagram, intéresse le lectorat.

Notre particularité est de ne créer aucun contenu à notre sujet sur ces différents réseaux, seulement des publications en lien avec nos éditeurs. Nous communiquons avec eux pour pouvoir par exemple interviewer l’un de leurs auteurs et publier ensuite cette interview sur nos réseaux. Nous partageons donc des contenus en lien avec une série d’ouvrages et d’auteurs différents. Notre objectif est de trouver un maximum de moyens de communiquer sur le travail et les publications de nos éditeurs partenaires.

Comment cela se passe-t-il concrètement pour un éditeur qui voudrait faire appel à vos services ?

Nous fonctionnons comme une société de distribution et de diffusion traditionnelle, car nous ne facturons pas la visibilité que nous offrons via les réseaux sociaux, il s’agit simplement d’un service supplémentaire que nous proposons. Nous offrons d’une part la distribution traditionnelle des ouvrages en librairie et leur promotion, de l’autre le partage de contenu autour de ces livres sur nos réseaux. Nous nous rémunérons uniquement via un pourcentage pris sur les ventes, donc nous avons aussi un intérêt personnel à rendre ces ouvrages plus visibles et attractifs grâce aux communautés en ligne. Si nous parvenons à donner envie au lecteur d’aller découvrir l’ouvrage en librairie, ce sera bénéfique à la fois pour l’éditeur et pour nous.

grantha_logo

Vous participerez prochainement au colloque du PILEn intitulé « D’ici à là-bas : le rayonnement du livre et des écritures francophones belges », quels messages souhaitez-vous faire passer lors de ces rencontres ?

J’aimerais mettre en avant l’importance des diffuseurs et de la vente en librairie, mais aussi la nécessité des liens entre les éditeurs et les libraires. En effet, à l’heure d’Internet, la plupart des libraires ne sont pas satisfaits des éditeurs dont les ouvrages ne sont disponibles qu’en ligne. Ces derniers ne se développent que grâce aux salons et à Internet et ne se retrouvent pas en librairie ; donc la frustration est présente des deux côtés. Je souhaiterais resserrer les liens en trouvant d’une part des pistes de collaboration entre les libraires et en faisant d’autre part remonter les informations des libraires vers les éditeurs. Les éditeurs ont des habitudes qui ne sont pas forcément celles des librairies, donc il faut s’adapter à leur marché et renouer le lien entre ces mondes-là.

Quels sont les projets et les développements à venir de Grantha Diffusion ?

Cette année nous étions encore en phase de développement, nous avons surtout travaillé sur notre croissance et notre concept en librairie. Actuellement, nous sommes à la recherche d’un distributeur professionnel, afin de gagner du temps et pouvoir développer davantage la diffusion. Nous souhaitons notamment instaurer des concepts de vidéos, avec des interventions d’acteurs du monde du livre, mais aussi des présentations d’ouvrages effectuées par les libraires. Après un an d’existence, nous aurons certainement encore beaucoup de choses à retirer du colloque du PILEn, qui nous permettra d’aborder des sujets très intéressants.

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— Cynthia Prévot

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