Accompagner les auteurs vers l’(auto-)édition

CLéA, un joli nom de femme pour un chaînon manquant

La Compagnie de Lecteurs et d’Auteurs, l’ASBL CLéA, a pour vocation d’effectuer un travail de relecture critique et formatrice auprès des auteurs. Tout est parti d’un constat :  « vous faites un tableau, vous l’exposez dans votre salon, et les commentaires jaillissent spontanément. Vous écrivez un texte et le laissez traîner sur la table basse, vous pouvez toujours espérer un avis…» relève Laurence Ortega, co-fondatrice de CLéA. Depuis trois ans, CLéA forme donc des lecteurs à ce travail pré-éditorial de relecture et offre aux auteurs (en herbe) un défrichage de leur oeuvre par trois perspectives de lecteurs inconnus… le tout bénévolement.

Ce qui a changé au fil de ces trois années, c’est le regard que les éditeurs posent sur l’initiative. Laurence Ortegat raconte : « j’approche les éditeurs à la Foire du Livre et je leur demande s’ils souhaitent que je leur transmette ce que nos lecteurs ont trouvé prêt à être publié, soit un petit dixième des 62 manuscrits reçus. Et je sens qu’au fil des ans, les éditeurs mesurent de plus en plus ce que nous pouvons leur apporter : d’une part, des auteurs curieux des remarques et soucieux de se remettre en question ; d’autre part, un manuscrit qui est passé sous le regard croisé de trois lecteurs formés à la méthodologie de CLéA, à sa grille de lecture critique. » Cette triple perspective informée, en amont du travail éditorial, est une première dans nos régions.

Les lecteurs de CLéA apprennent en deux jours de formation à mettre le doigt sur ce qu’un texte leur fait sentir puis, en remontant ce ressenti, à décortiquer les mécanismes qui donnent cet effet. Parmi les lecteurs de CLéA, on trouve trois catégories, selon l’avis de Laurence Ortegat : ceux qui font ça par pur plaisir et choisissent de relire les manuscrits qui les amusent ; ceux qui font ça par altruisme et choisissent un manuscrit afin de donner un coup de main à son auteur ; ceux qui font ça pour se frotter à un texte inconnu et en apprendre. « Leur capacité de relire progresse, et ainsi ils sont mieux à même de repérer les mécanismes à l’œuvre chez les autres et… chez eux! » En effet, 70% des lecteurs de CLéA écrivent eux-mêmes par ailleurs.

Au vu de ce chiffre, on comprendra aisément que CLéA organise courant octobre deux soirées sur l’édition. Le premier volet éclairera les aspirants à l’édition sur ses réalités : les longs cycles derrière l’arrivée d’un livre sur les rayonnages d’une librairie, le nombre de manuscrits qui atterrissent sur les bureaux des éditeurs, les montants des droits d’auteur… entre autres. Le deuxième volet présentera les alternatives à l’édition y compris l’auto-édition. Laurence Ortegat l’apparente aux « parcours d’artistes où les curieux du village, du village d’à côté peut-être aussi, passent voir votre œuvre. Ce n’est pas accrocher ses tableaux dans une galerie en plein milieu de l’Avenue Louise, certes, mais c’est déjà avoir un public et lui partager sa passion. » Et Laurence Ortegat de pointer le numérique comme un espace à explorer. Là, l’auteur récupère plus vite sa mise et multiplie ses chances d’être lu. « Il y a du potentiel pour se diffuser sans prendre un risque financier excessif », et elle cite des formules glanées sur la toile, qui offrent de réaliser un ebook pour 120 euros. Il peut s’agir d’un livre en numérique, il peut s’agir également d’un espace sur la toile. « Un poète me dit avoir 3000 visiteurs par jour sur sa page Facebook. Je lui conseille de s’en réjouir, et de s’en contenter, parce qu’imprimer et vendre de la poésie, c’est vraiment une autre paire de manches! ».

Numérique ou papier, la question ne se pose pas tellement à CLéA : un regard extérieur sur le contenu reste le bienvenu. C’est toujours une histoire de mots et, en ce qui concerne CLéA, d’apprendre à les relire, ces mots.

Source photo : consoglobe.com

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