Édition à compte d’auteur et services d’auto-édition vs édition à compte d’éditeur : quelles frontières en numérique ?

L’autoédition connaît un succès grandissant : en Grande-Bretagne notamment, elle représente aujourd’hui 22 % du marché. Face à cet engouement, le nombre de plateformes proposant ce service a explosé (voir notre article). Toutes ne fonctionnent pas de la même manière et certaines proposent d’accompagner l’auteur dans sa démarche de publication. Quelles différences alors avec l’édition à compte d’auteur et les services d’auto-édition en général ? Quelques pistes de réflexion.

Edition à compte d’éditeur vs. édition à compte d’auteur : le cas du papier

L’édition à compte d’auteur signifie que l’auteur passe par une maison d’édition qui accepte d’assurer la partie technique de l’édition moyennant rémunération. Ce domaine ne relève donc pas du choix de la maison d’édition d’éditer un livre plutôt qu’un autre. L’éditeur ne s’investit que de manière limitée dans le projet et c’est l’auteur qui prend en charge les frais d’impression et de publicité de son livre. Une fois son ouvrage imprimé, il se retrouve très souvent livré à lui-même. La pratique a souvent été décriée dans le domaine de l’édition traditionnelle car perçue de manière négative et presque considérée comme une « arnaque ». En effet, il ne s’agit plus vraiment là d’une activité éditoriale mais plutôt d’une prestation de services vis-à-vis de laquelle l’auteur se doit d’être très prudent au moment de la signature du contrat car les conditions ne sont pas standards et peuvent varier d’une maison à l’autre. Au niveau de l’édition de livres papier, il est parfois complexe de distinguer l’édition à compte d’auteur et l’édition à compte d’éditeur. Pourquoi ? Parce que certaines maisons d’édition jouent sur les deux fronts simultanément. Cela signifie que l’éditeur prend des risques pour certains ouvrages et pas pour d’autres, un choix souvent lié à l’état de santé financier de la maison d’édition, mais qui peut également entacher la réputation de cette dernière, le métier d’éditeur étant remis en question dans le cas où la structure ne finance pas du tout la publication d’un ouvrage.

Une frontière d’autant moins appréhendée en numérique …

Entre l’édition à compte d’auteur et l’édition à compte d’éditeur

Dans le cas du livre numérique, il devient d’autant plus difficile de faire une distinction entre édition à compte d’auteur et édition à compte d’éditeur pour des acteurs dits « pure-players ». En effet, la frontière entre l’éditeur et le prestataire de services est de moins en moins identifiable. Ainsi, BoD tout comme Iggybook se présentent comme des prestataires proposant des services aux auteurs mais il s’agit là de services qui s’approchent de ceux que l’éditeur traditionnel prend en charge : suivi des relectures, corrections et mise en place de campagnes publicitaires.

Hormis le caractère payant de certains services d’auto-édition, il devient compliqué de distinguer les rôles de l’éditeur pure-player et du prestataire de services puisque les activités se recoupent. Parmi les éditeurs 100% numériques ayant choisi l’option de l’édition à compte d’éditeur, on peut citer Ska, Neobook, 12-21 ou encore StoryLab. Les auteurs qui passent par ces structures, ne doivent donc pas payer pour être publiés en numérique, contrairement à des plateformes qui sont rémunérées pour les prestations qu’elles proposent (Publishroom, Upblisher, etc.).

Entre les services d’auto-édition et l’édition à compte d’auteur

Au sein même de l’auto-édition numérique, les frontières demeurent peu identifiables entre les services d’auto-édition et l’édition à compte d’auteur. Tandis que certaines plateformes proposent un service gratuit moyennant une rémunération sur les ventes (Kindle Direct Publishing, par exemple) et laissent l’auteur se débrouiller « seul », d’autres ont bien compris l’enjeu d’accompagner celui-ci dans ses démarches. C’est notamment le cas d’Iggybook dont nous vous parlions dans un précédent article, mais aussi de Librinova, MonBestseller.com ou encore Bookelis, des plateformes qui aident l’auteur moyennant une compensation financière. Dès lors, quelle est la différence avec des acteurs comme Publibook par exemple, qui proposent le même type de services payants, et qui se présentent pourtant comme des éditeurs ?

On constate donc que les frontières entre édition à compte d’auteur et à compte d’éditeur demeurent floues. À cela s’ajoute une difficulté, dans le domaine du livre numérique particulièrement, à identifier la nature des différentes offres d’auto-édition. Quelles différences y a-t-il entre des services d’auto-édition et l’édition à compte d’auteur ? Très peu finalement. La délimitation entre ces offres peut-être appréhendée en fonction du modèle proposé : gratuit ou payant à partir du moment où des services complémentaires sont assurés par la plateforme, lesquels s’approchent fortement de ceux pris en charge par l’éditeur traditionnel.

M.H. et G.N.

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— Rédaction

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