Le livre numérique : un danger pour les librairies ?
Il existe peu d’études sur le métier de libraire et l’emploi en librairie. L’appel d’offre du Ministère de la Culture (France) pour une recherche sur « La Qualité de l’emploi dans les métiers artistiques et culturels » a permis à Frédérique Leblanc (CRESPPA-CSU & Paris Ouest Nanterre) de mener une recherche sur la librairie en France : « Libraires : engagement culturel et invisibilité sociale ».
Il est étonnant de constater que la question des livres numériques était absente de l’appel d’offre et qu’elle soit donc peu évoquée dans ce travail de recherche. L’extrait qui aborde de manière très succincte la thématique du numérique en lien avec l’emploi en librairie est restitué ici : « Exceptionnels ont été les libraires à aborder d’eux-mêmes la question de l’arrivée des supports numériques. Attendus par certains professionnels pour enfin réussir à standardiser l’offre de supports textuels et faire des économies d’échelles, et par d’autres pour développer de nouveaux modes de créativité, ceux-ci ne semblent déclencher ni l’aversion ni l’enthousiasme de la plupart des personnes interrogées, malgré un attachement affirmé au ‘papier’. Cela signifie deux choses. D’une part la crainte d’une disparition rapide de la profession (annoncée de façon récurrente et selon diverses modalités depuis au moins l’après guerre…) n’est pas de mise chez les libraires rencontrés. L’avis partagé est, au pire, celui de la survie d’un nombre, certes réduit, mais non nul de librairies… au nombre desquelles les personnes interrogées espèrent bien pouvoir compter celle où ils travaillent. D’autre part, il est prévisible que le développement du numérique, s’il a lieu, n’aura pas le même effet ‘socialement classant’ que le livre. Situé dans d’autres sphères de reconnaissance sociale, il intéressera et profitera à d’autres profils de salariés. »
Des propos qui viennent nourrir la réflexion sur la question de savoir si les librairies indépendantes survivront au développement du livre numérique.
S.L.
— Clotilde Guislain
