Le théâtre, d’art vivant à art virtuel ? Présentation des « Aveugles », pièce en réalité virtuelle

Dans le cadre de Némo, la biennale des arts numériques de la région Île-de-France, a été présentée au public une pièce de théâtre en réalité virtuelle, adaptée par Invivo d’après Les Aveugles, un texte original de Maurice Maeterlinck.

Une biennale dans l’air du temps

Cette année, la biennale Némo s’articule autour de trois thèmes distincts : arts visuels, arts et sciences et arts vivants. Le dernier thème est constitué de concerts, représentations théâtrales et performances en tous genres. Parmi eux, une pièce de théâtre bien particulière, car elle utilise la réalité virtuelle, une expérience d’immersion totale dans un univers virtuel, à l’aide d’un casque.

À l’inverse du septième art, le théâtre n’interpose pas d’écran entre le spectateur et les acteurs, ce qui permet une expérience particulièrement vivante. Ainsi, pour dynamiser le cinéma, différents tests ont été effectués pour faire par exemple bouger les fauteuils des spectateurs et leur faire ressentir ce que montre l’écran. Pourtant, le théâtre semble de son côté n’avoir pas échappé à la règle en matière de numérisation des services.

Les Aveugles, une pièce en réalité virtuelle

Invivo est un collectif d’artistes qui travaille sur les rapports entre art et spectateur et les différentes perceptions qu’il peut ressentir, notamment à l’aide des nouvelles technologies. Cette fois, le collectif a décidé de prendre le problème à l’envers et ainsi de rendre le théâtre virtuel, en adaptant Les Aveugles de Maurice Maeterlinck, un auteur belge du XXe siècle.

Concrètement, douze spectateurs seront réunis dans une salle, en cercle et munis d’un casque de réalité virtuelle. La scène a donc disparu. L’expérience est à la fois individuelle, car le casque empêche de voir les autres spectateurs, mais également collective, car chaque spectateur verra la même chose que son voisin, d’un point de vue sensiblement différent.

L’histoire est celle de douze aveugles, six femmes et six hommes, qui se retrouvent perdus dans une forêt, sans le prêtre qui leur sert de guide. Ils essaient alors de se situer dans l’espace pour le retrouver, avant de se rendre compte qu’il gît, mort, à côté d’eux depuis le début. L’idée est que les spectateurs découvrent le décor au même rythme que les aveugles dans la pièce.

Plus abstraitement, cette pièce est un questionnement sur l’anxiété et les hésitations de l’homme par rapport à son futur, ce qui se prête particulièrement bien à une hybridation avec de la réalité virtuelle.

« Ne l’oublions jamais : quelle que soit notre mission sur cette terre, quel que soit le but de nos efforts et de nos espérances, le résultat de nos douleurs et de nos joies, nous sommes avant tout les dépositaires aveugles de la vie. Voilà l’unique chose absolument certaine, voilà le seul point fixe de la morale humaine. » (Maurice Maeterlinck, La sagesse et la destinée, 1898).

Retrouvez le programme complet de la biennale Némo ici.

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— Nausicaa Plas

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