Les TICE : plus que la technologie, ce sont les usages qui importent

Sébastien Reinders est Conseiller pédagogique TIC à Technofutur TIC basé à Gosselies. Chargé de différentes missions, il a accepté de revenir pour nous sur la place réelle du numérique dans le paysage scolaire en Belgique francophone et sur les différents projets en cours.

En 2005, était lancé le projet « Cyber-classe », où en sommes-nous à l’heure actuelle ?
Le projet avait pour ambition d’équiper 3300 établissements scolaires avec 40 000 ordinateurs. Aujourd’hui, moins de 30% des écoles ont été pourvues avec 17 000 ordinateurs. Les établissements secondaires sont les plus fournis, tout simplement parce que ce sont les plus grandes implantations avec des locaux allant jusqu’à 30 ordinateurs par exemple. Globalement, il reste plus de la moitié des ordinateurs à placer. Alors comment expliquer ces disparités ? Tout d’abord, cela dépend du Pouvoir Organisateur de l’établissement, s’il est proche de la direction, il en sera d’autant plus réactif. A contrario, les écoles communales, soumises aux aléas de la vie politique de l’entité, peuvent voir le projet de mise en place retardé. Deuxième explication : deux tiers des écoles ne rendront pas de projets avant juin 2012 (date limite) pour équiper leur structure d’ordinateur, tout simplement parce que parfois ce n’est pas rentable ou prioritaire. Une école primaire de 150 élèves, comme il en existe majoritairement, n’a pas forcément d’intérêt à équiper à l’heure actuelle son établissement en informatique, car elle ne possède pas de classe dédiée à cela ni de professeurs formés, etc.

Le projet « cyber-classe » posait l’équipement en informatique comme un droit. Mais les nouvelles technologies ne conviennent pas à toutes les écoles. Certaines n’ont pas de projets pédagogiques liés au numérique, ces ordinateurs sont donc installés mais sans réelle utilité.

En conclusion, la cible de ce projet qui était l’élève n’a pas été atteinte.

D’où l’appel à projets « École numérique » ?
Effectivement, « École numérique » fait suite et en même temps se démarque de « cyber-classe ». Il ne s’agit plus de fournir prioritairement du matériel aux écoles mais bien de réfléchir sur les usages numériques et sur leur intégration dans la pédagogie environnante, avec notamment un focus sur la formation des enseignants. Le principe est donc sensiblement différent, l’école doit mettre au point un projet pédagogique concluant qui sera soutenu par le financement de matériel. Une commission de pilotage est d’ailleurs chargée d’évaluer la pertinence des projets.

Il s’agit donc ici de former les enseignants pour qu’ils s’approprient le matériel et de leur fournir de nouvelles bases pédagogiques qui s’adapteront aux différentes générations de matériel.

Qu’en est-il de l’autre côté de la frontière linguistique ? Comment la Flandre appréhende-t-elle cette révolution pédagogique ?
On peut grossir le trait et dire que les choses sont plus avancées en Flandre notamment en raison d’un réseau d’enseignement unique, de plus de moyens, d’un territoire homogène et d’une entité compétente (là où, en Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles et le pouvoir régional se répartissent les compétences). Les autorités flamandes ont pris le parti de permettre au secteur privé d’investir l’école. Les établissements sont donc étiquetés Microsoft, Apple, Promethean, pour ne citer qu’eux. Transposer cela en Wallonie équivaudrait – et c’est mon opinion – à faire entrer le loup dans la bergerie. Donc, oui bien sûr, le matériel est là, mais il s’agit d’une solution technophile, car la pédagogie n’a pas été repensée. Or, le matériel est périssable, ce qu’il faut privilégier c’est l’intégration des usages.

Pourriez-vous également nous en dire plus sur le projet « mENTeOS » ?
mENTeOs est un espace numérique de travail – un outil technique – actuellement en cours d’élaboration qui peut être comparé à ce qui se fait en France. Cette démarche est partie du besoin des écoles ; une vingtaine sont regroupées autour du projet. En accord avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous avons mis en place une solution facile, qui permet l’échange de fichiers, la gestion de classes, etc. Nous adaptons l’outil, facilement modulable, pour le doter de nouvelles fonctionnalités en concertation avec les écoles impliquées dans le projet.

Retrouvez sur le blog de Pedago-tic des conseils et des cas pratiques d’utilisation des nouvelles pédagogies en classe.

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

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