Archivage : un mal nécessaire ou une opportunité pour les éditeurs ?

Pendant longtemps l’archivage ne fut pas au centre des préoccupations des éditeurs. Dispersés entre les graphistes, les compositeurs, les imprimeurs et les archives internes, les fichiers-sources définitifs des publications ne faisaient pas toujours l’objet d’une procédure de sauvegarde systématique. Mis en lumière par l’avènement du livre numérique, la nécessité de l’archivage s’inscrit dans un long processus vers la standardisation.

La production de livres imprimés reste une réalité encore très artisanale avec des fichiers de référence (fichiers InDesign, QuarkXpress ou PDF imprimeur) élaborés en aval de la chaine par de multiples prestataires aux compétences et savoir-faire différents. A contrario, le livre numérique rationalise et modernise les processus de production tout en soulignant la nécessité d’entreposer les fichiers de référence en sécurité. L’archivage devient donc plus que jamais crucial, surtout si l’on considère le format numérique comme l’édition primaire d’un livre.

Aujourd’hui, lorsqu’ils envisagent la question de la rétronumérisation pour rendre accessible leur catalogue au format digital, les éditeurs peuvent perdre un temps précieux à rassembler leurs fichiers à caractère définitif. Et pour cause, des fichiers manquant de cohérences, peu exploitables, pas compatibles et parfois même égarés au gré de fermetures d’imprimeurs ou de conflits avec des graphistes peuvent venir jouer les troubles-fêtes.

L’interopérabilité, garantie de pérennité

Lorsqu’on jette un regard a posteriori sur la production éditoriale des vingt dernières années, l’hétérogénéité des fichiers-source pose un problème majeure. Au gré des avancées technologiques et de changement de prestataires, les éditeurs ont pu utiliser de nombreux formats de diffusion tels que :

  • Word ou traitement de texte
  • PDF
  • Fichiers PAO
  • HTML
  • XML
  • et bien d’autres

La pérennité de ces formats est remise en cause par l’interopérabilité et les supports de lecture. Plus le temps passe et plus la compatibilité des fichiers avec les systèmes, les logiciels et les moteurs de rendu diminuent. Dans ces conditions, il peut en effet s’avérer difficile d’ouvrir un fichier QuarkXpress datant des années 1990 sans trop de contrariétés pour s’en servir comme base pour une conversion epub. De plus, certains programmes de mises en page ne peuvent être installés sur des écrans de tailles diverses comme un smartphone ou une tablette.

Avec le numérique, il est nécessaire de repenser la question de l’archivage. En effet, puisque l’information est désormais produite à partir d’outils informatiques, il est logique d’archiver les contenus sous leur forme initiale de production et leurs formats définitifs.

Alors quels formats privilégier ? Le format XML est actuellement le format le plus pérenne. Par extension, numériser un livre au format ePub, construit à partir du XML, est déjà une démarche d’archivage en soi. Mais elle s’assortit d’autres initiatives et les éditeurs ne sont pas les seuls à se préoccuper de ces questions. Le SNE et la Fédération Wallonie-Bruxelles ont mis en place leurs propres procédures d’archivage pour les livres numériques qu’ils ont subsidiés.

Archiver pour mieux réexploiter

Pour mieux préparer l’avenir et garder une trace de leurs productions, il est conseillé aux éditeurs de mettre en place des procédures et des nomenclatures d’archivage. Tout d’abord, les noms des fichiers doivent être harmonisés. Le plus simple consiste à prendre comme clé de référence le numéro d’ISBN. Par ailleurs, pour la sauvegarde proprement dite, une hiérarchisation de dossiers et de sous-dossiers permet d’archiver :

  • les différentes éditions des fichiers numériques mis en vente,
  • les fichiers de production,
  • les fichiers de travail et de recherche.

Un archivage rigoureux facilitera non seulement la mise à jour des fichiers en fonction des évolutions techniques mais  peut également être source d’opportunités. Dans une économie digitale où le premier enjeu est de trouver de nouvelles façons de donner à lire des contenus au public, des documents archivés peuvent jouer un rôle nouveau. Et les éditeurs ne sont plus les seuls concernés. Les investissements de la presse écrite comme Libération ou le New York Times, qui réexploitent des archives au format epub, donnent à réfléchir.

À lire dans notre numéro spécial Archivage :

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional