Scoop.it et la curation de contenus prennent-ils le pas sur Twitter ?

Scoop.it est une start-up du web 2.0 créé à la fin de 2010 par deux Toulousains, Guillaume Decugis et Marc Rougier. Web et ambitions nord-américaines obligent, l’interface est anglophone et le projet lancé à partir de San Francisco. Est-ce là encore une de ces énièmes start-ups que l’on imagine fleurir sur la côte Ouest des États-Unis? Peut-être que oui, peut-être que non : Scoop.it propose un service de curation et de partage de contenus qui, au dire de certains, prendrait le pas sur un site de partage d’informations comme Twitter.

À la façon d’un conservateur de musées, un service de curation de contenus permet à tout le monde de pêcher des pièces intéressantes sur le web et de les présenter au public. Ainsi, Scoop.it fouille-t-il le web – Google, mais pas seulement : Twitter et Youtube, pour ne citer qu’eux, sont aussi inclus dans la recherche. De cette façon, il ramène dans ses filets les contenus pertinents au regard des mots-clés introduits par l’utilisateur. Notons au passage qu’il peut ainsi consulter des sources et y relever du contenu pertinent pour l’utilisateur de Scoop.it mais inconnu de celui-ci. Scoop.it permet ensuite à l‘utilisateur d’éditer et de commenter ces contenus, voire d’ajouter des mots-clés permettant une recherche plus fine. Celui-ci enfin le partage à ses contacts via Scoop.it et les réseaux sociaux – Twitter, Linkedin ou Facebook par exemple. Vu comme ça, Scoop.it peut faire office de « guichet unique », du web vers le web avec au passage l’édition du contenu en question et son partage à une communauté intéressée. Ce système s’inscrit donc en plein dans la mouvance participative du web 2.0.

Les marques ne manquent pas d’y voir une occasion de se faire connaître à un public ciblé à travers un contenu solide et structuré. Dans cette optique, Scoop.it se profile donc plutôt comme un outil au service des professionnels, ou en tous cas d’initiés. Scoop.it semble pourtant séduire largement : ses fonctionnalités de partage, entre autres le fait de commenter un sujet précis et de pouvoir donc prolonger plusieurs conversations en parallèle de manière structurée, plaît aux foules. Le fait de partir d’un contenu pour nourrir l’interaction rend aussi celle-ci plus riche. Cerise sur le gâteau, ces contenus ciblés sont faciles à identifier pour les aficionados, qui s’y reconnaîtront et s’y regrouperont… en masse : Nik Peachey, consultant technologique et formateur, souligne d’ailleurs que le nombre d’affiliés à son compte Scoop.it a crû de 500 à 600% en deux mois, pour dépasser ceux de son compte Twitter, accumulés patiemment au fil des années. Du coup, il s’interroge : Scoop.it va-t-il remplacer Twitter?

Certes, l’offre de Scoop.it et celle de Twitter se recoupent, ou en tous cas certains aspects de celles-ci : le partage en est un. Cependant, d’un côté, il se fait à partir de contenus ; de l’autre, il se fait à partir des contacts. C’est d’ailleurs cette approche par la curation de contenus qui justifie l’usage de Scoop.it dans un contexte académique. Aussi, Scoop.it peut offrir une alternative aux utilisateurs de Twitter las de brasser des centaines de tweets pour identifier la perle rare. Ce que Scoop.it n’offre dès lors pas, c’est le plaisir du tweet spontané et inattendu à un très vaste public. Certains pourraient avoir du mal à se défaire de cette vitrine de communication, brève et potentiellement incisive. Certaines distinctions, qui confèrent à l’un comme à l’autre leur valeur ajoutée, persistent donc. Et notons encore que Scoop.it, après tout, recourt à Twitter pour y trouver du contenu et le partager… Le web 2.0, plus que jamais, est donc une véritable toile d’araignée!

Crédit photo: Augustins.org, Musée des Augustins de Toulouse

— Sibylle Greindl

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