Le Japon à l’heure numérique

Les revues de mangas arrivent sur les écrans de téléphones.

Kodansha, le géant de l’édition nippone, lance un grand projet pour cette année 2015 : numériser et rendre accessibles en ligne, au fur et à mesure de leur parution, ses revues de mangas. Les vœux que formule la maison d’édition? Que ses lecteurs (re)découvrent le plaisir de lire des mangas par épisodes, plutôt que d’un bout à l’autre dans un recueil qui les rassemble ; qu’ils lisent au hasard des périodiques divers mangas, plutôt qu’un seul et unique sélectionné pour un recueil ; enfin, que la lecture s’adapte aux nouveaux modes de vie des lecteurs et aux écrans de leurs smartphones.

Kodansha rompt-il avec la tradition, en encourageant ainsi la lecture numérique d’œuvres japonaises? Oui et non : depuis 2013, Kodansha avait forgé des partenariats avec Amazon et Kindle, Apple et son iBookStore, Barnes & Noble et le Nook, afin de diffuser ses mangas sous forme d’ebooks vers l’Amérique du Nord. D’autre part, Amazon avait fait son entrée au pays du Soleil levant en 2012 avec son Kindle. Les fabricants japonais et internationaux tentent aussi leur chance : Toshiba, Sony, Panasonic tentent d’offrir des supports de lecture numérique depuis 2006. Tout cela commencerait à porter ses fruits : entre 2011 et 2012, la valeur du marché du livre numérique au Japon avait bondi de 15,9% pour atteindre 740 millions de dollars. Il pourrait même, poursuit Edward Nawotka de Publishing Perspectives, atteindre 2,4 milliards en 2017…

Tout de même, le Japon a longtemps été considéré comme un marché où l’ebook tardait à démarrer, surtout par ceux qui le comparaient aux États-Unis. En novembre 2013, selon le Japan Times, 61% des Japonais ne voyaient pas l’intérêt des ebooks. Le journal place aussitôt les résultats du sondage en perspective : après tout, la population est concentrée sur une surface habitable réduite, où les librairies abondent. Notons aussi que les revendeurs d’ebooks ont entre 100 000 et, au maximum, 300 000 titres en japonais à proposer à leurs lecteurs. De plus, les formats traditionnels des livres numériques ne sont pas pensés, au départ, pour les mangas ou les complexes caractères japonais. C’est avec l’avènement de l’EPUB 3 que la lecture numérique en japonais serait devenue plus confortable. Enfin, vu la complexité de la langue, la production littéraire nippone est surtout destinée aux habitants du Japon…

Bref, le marché nippon fonctionne visiblement selon des codes et une réalité géographiques bien à lui. Mais là, comme ailleurs, les maisons d’édition se mettent au goût du jour afin de continuer à fasciner leurs lecteurs. Et à l’âge du streaming tout azimut, Kodanhsa (re)tente la lecture au fil des jours… Un pari intéressant!

Source photo: tao-yin.com

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Actualitté relaie l’événement et Publishing Perspectives fait le point sur le marché japonais.

— Sibylle Greindl

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