Le watermarking: une solution alternative?

Comment contrer le piratage tout en se passant des DRM ? Ces derniers comportant nombre d’inconvénients (voir Lettres Numériques n°8), des éditeurs et des distributeurs ont décidé de se tourner vers une solution alternative : le watermarking ou tatouage numérique (ou encore filigrane) en français.

1. En quoi consiste le tatouage numérique ?

Plutôt considéré comme une identification que comme une protection, le tatouage est apposé sur le livre après chaque vente. Autrement dit, lors du téléchargement, plusieurs informations sur l’acheteur y sont insérées en filigrane.

2. Qui insère le filigrane ?

Tout comme avec les DRM, les distributeurs réalisent le marquage grâce à des programmes conçus en interne. Ces systèmes modifient alors la copie destinée au client en fonction des informations qui seront apposées.

3. De quelles informations s’agit-il ?

Par exemple, un filigrane du distributeur québécois De Marque (l’unique plateforme de distribution de livres numériques de l’ANEL) comprend :

– le nom du client final

– la date de l’achat

– le numéro de transaction et d’utilisateur

– l’identifiant du marchant ayant fait la vente

Il se retrouve sur la première page, la dernière et 14 pages au hasard à l’intérieur du livre.

4. Que se passe-t-il lorsque quelqu’un tente de pirater un livre tatoué ?

Le watermarking n’empêchera pas l’acheteur d’un livre de le copier et de le partager sur des sites peer-to-peer. Par contre, toutes les informations seront toujours inscrites dans le fichier, ce qui permettra de remonter jusqu’au pirate et de le poursuivre. En d’autres termes, le tatouage est une mesure dissuasive.

Il faut également savoir qu’il est possible pour un spécialiste de retrouver les éléments du tatouage et de les supprimer (même si c’est plus complexe que pour les DRM). Aucune protection n’est donc efficace à 100 %.

5. Concrètement, que doit faire l’éditeur ?

Puisque le tatouage est apposé à chaque vente, l’éditeur n’intervient pas directement. Tout dépend donc du distributeur choisi préalablement.

– Dans le cas du distributeur De Marque :

L’éditeur détermine lui-même le type de sécurité pour son fichier: soit les DRM d’Adobe, soit le filigrane (choisi par 99% des éditeurs de l’entrepôt). Il peut également décider de ne pas mettre de protection.

Source : “Comment lentrepôt numérique de De Marque peutil vous aider ?

Quelques chiffres : selon son dernier communiqué de presse (9 mars 2011), De Marque entrepose actuellement 4 000 titres pour 80 éditeurs (québecois, français et italien).

– Dans le cas du distributeur numérique français Immatériel.fr

Bien qu’il se positionne contre les DRM, Immatériel propose aussi aux éditeurs les trois niveaux de protection. Xavier Cazin, le directeur d’Immatériel, nous explique plus précisément sa position : “Nous expliquons à nos éditeurs pourquoi à notre avis, apposer des DRM est contre-productif, mais s’ils insistent pour le faire, nous respectons leur souhait, d’autant plus qu’ils peuvent avoir des raisons complexes, liées notamment à la relation qu’ils entretiennent avec leurs auteurs. […] Nous opérons donc aussi comme tous les distributeurs numériques avec un serveur ACS4 d’Adobe, qui nous permet de DRMiser 1/3 des titres d’Eyrolles/Editions d’Organisation, ainsi qu’une grande partie des titres de la plate-forme Dilithèque que nous gérons pour le distributeur DILISCO.”

Selon Immatériel, les principaux avantages du tatouage par rapport aux DRM :

a)  il n’entrave pas la lecture;

b) il rappelle au lecteur que le fichier qu’il lit est le résultat d’une transaction entre lui et son libraire, pas un objet anonyme.

Alors, DRM ou watermarking: à vous de voir!

M.C.

— Clotilde Guislain

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