Le visage double de la rentrée littéraire

La rentrée littéraire est à l’honneur en ce mois de septembre (comment ne pas y échapper ?), plus de 600 ouvrages ont en effet commencé à envahir les librairies. Mais vous l’aurez sans doute noté, cette année, la rentrée littéraire est davantage numérique.

La rentrée littéraire bat son plein et certains ouvrages ont déjà été distingués tels que Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari, La théorie de l’information d’Aurélien Bellanger, Peste et Choléra de Patrick Deville et Barbe Bleue d’Amélie Nothomb. Tout cela sent bon le papier neuf et l’encre à peine sèche. Sauf si l’on aborde l’autre version de la production littéraire : la rentrée numérique.

En effet, nombreux sont les éditeurs qui ont décidé pour cette année de publier à la même date la version papier et la version numérique des ouvrages présentés en ce début du mois de septembre. Et ceci est un phénomène relativement nouveau. La rentrée littéraire semble se numériser chez les éditeurs traditionnels. A contrario, l’année passée, seule l’initiative du portail Actualitté, qui avait organisé pour l’occasion Une autre rentrée littéraire mettant en avant les nouveautés des éditeurs pure-players, avait sorti son épingle du jeu.

Bien sûr, le marché français du livre numérique n’est pas comparable à celui des États-Unis, on estime le chiisme entre les deux marchés à 5 ans, mais il parvient peu à peu à s’imposer. En 2011, une étude de GFK Consumer Choices annonçait que 1,1 million d’ebooks payants avaient été téléchargés pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros au cours de l’année, et Amazon a à son tour affirmé que la rentrée 2012 était la plus prolifique jamais connue en numérique. Le numérique continue donc à percer malgré quelques auteurs récalcitrants (Frédéric Beigbeder  et Milan Kundera pour ne pas les nommer).

Condition sine qua non au développement de la lecture numérique sur le marché francophone en même temps que l’augmentation de la taille du catalogue, les prix des ebooks semblent aussi avoir été revus à la baisse. La version numérique de Barbe bleue d’Amélie Nothomb, par exemple, est vendue au prix de 11,99 euros contre 16,50 euros pour la version papier. Un effort a donc été consenti de la part des éditeurs mais il vous faudra quand même débourser entre 10 et 15 euros (15,99 pour La Théorie de l’information d’Aurélien Bellanger!) pour un ebook de la rentrée littéraire. On est loin du seuil psychologique des 10 euros.

D’un point de vue marketing, même si la rentrée littéraire comprend de plus en plus d’ouvrages édités à la fois en papier et en numérique, la promotion des ouvrages papier prime sur tout le reste. Les versions numériques, bien que disponibles, font rarement l’objet de démarches promotionnelles importantes. Les libraires numériques dénoncent par ailleurs un manque d’informations de la part des éditeurs quant à leur production numérique.

Bien relayée par les médias, cette poussée numérique dans la traditionnelle rentrée littéraire laisse donc espérer des perspectives favorables pour les lecteurs numériques.

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional