Guillaume Fournier de BookStory : « On ne s’improvise pas auteur »

Se faire éditer à compte d’éditeur, voici ce que propose Bookstory, une start-up basée à Marseille avec pour vocation de mettre en lien auteurs et éditeurs, Guillaume Fournier, son fondateur, a imaginé une plateforme interactive en phase avec le redéploiement de la chaine du livre.


Bookstory n’est pas une évidence dans mon parcours. On aurait même pu croire que rien ne m’y prédestinait. J’ai une formation de mécanicien mais je me suis très tôt passionné pour le livre. Comme certains collectionnent les cartes de football et les informations sur les équipes, je me suis mis à collecter les informations sur l’édition. Des grands groupes aux toutes petites maisons d’édition indépendantes, je voulais tout savoir sur ce monde passionnant.

Par la suite, j’ai réorienté mon parcours avec des études de management à dix mille lieues du livre. Jusqu’au moment où au lieu de présenter un travail sur le commerce extérieur chinois, j’ai décidé de présenter le projet d’une société qui serait une passerelle entre les auteurs et les éditeurs, les bases de Bookstory. Mon ambition était d’aider les éditeurs à faire le tri entre les différents manuscrits qui leur étaient envoyés et éviter que les auteurs ne se découragent parce qu’ils ne savaient pas comment se faire éditer.

La suite peut facilement se laisser deviner : d’un travail universitaire, le projet est devenu plus concret jusqu’à prendre une forme professionnelle dans un incubateur à Marseille il y a deux ans.

Vous partez du postulat que le numérique augmentent les possibilités pour les auteurs et par conséquent le besoin de filtres ?

Exactement. Internet décuple les possibilités d’expression pour les auteurs. Mais ce n’est pas pour cela que toute le monde est fait pour écrire. Il ne faut pas donner cette illusion à des auteurs qui n’en sont pas. Peut-être connaissez-vous ce livre Comment bien gagner sa vie en publiant facilement… sans éditeur, sans investir, sans être un auteur né d’Éric Nicolas. Je suis absolument contre cette perspective. On ne s’improvise pas auteur. Le travail des éditeurs ne doit pas être remis en question car ils accompagnent toujours les auteurs. Notre mission est de mettre en lumière des auteurs avec une réelle sensibilité et du talent à explorer.

Qui compose le comité de lecture ?

De personnes légitimes avant tout. Dans un premier, j’ai moi-même approché ces passionnés de lecture qu’il s’agisse de blogueurs littéraires, des professeurs de lettres ou d’étudiants en métier de l’édition. Nous veillons à ce que notre comité de lecture soit composé de différents profils et que des passionnés se mélangent aux professionnels pour donner leur chance à un maximum d’auteurs.

Comment fonctionne Bookstory pour les auteurs ?

C’est très simple. L’auteur, qui souhaite publier un manuscrit, s’inscrit sur le site et nous soumet son texte. En échange, nous lui soumettons une clause de confidentialité pour protéger son œuvre. Le texte est alors uniquement accessible aux membres de notre comité de lecture qui rendra un avis positif ou négatif assorti de commentaire justifié. Dans tous les cas, nous reviendrons vers l’auteur avec des remarques constructives. Si le roman, puisque nous sommes spécialisés dans ce genre littéraire, reçoit l’aval de notre comité de lecture, nous proposons un contrat d’édition à l’auteur.

Nous réalisons alors une version PDF et ePub du texte téléchargeable sur notre site. Nous offrons alors à l’auteur la possibilité de mettre son texte à la disposition du grand public qui pourra le noter et par la suite de faire une sélection d’éditeurs dans une logique de partenariat.

Les livres sont-ils en accès gratuit sur le site ?

Au début, oui. En fonction du nombre de téléchargements, le prix du livre augmentera pour atteindre une limite de 7 euros.

Notre logique est de faciliter le travail de sélection de l’éditeur. En fonction de leur ligne éditoriale et du texte que nous défendons, nous contacterons des éditeurs ciblés pour leur proposer un livre susceptible de leur plaire et que le public a apprécié. Ils prendront par la suite le relais en effectuant un véritable travail éditorial.

Comment se rémunère Bookstory ?

Nous avons trois sources de financement :

  • inscription des auteurs lors du dépôt du livre
  • ventes des livres sur le site
  • cession des droits

La somme symbolique demandée à l’auteur lorsqu’il nous soumet un livre est également une barrière à l’entrée pour s’assurer de leur motivation mais également pour éviter les projets non aboutis.

Qui sont les auteurs qui vous ont fait confiance ?

Il ne s’agit pas forcément d’auteurs qui publient pour la première fois comme on pourrait le penser. Au contraire, nous travaillons avec des auteurs qui ont déjà publié dans des grandes maisons d’édition comme Agnes Olive ou des auteurs qui avaient tenté l’auto-édition sans réussir à s’y faire un nom.

En quoi profitez-vous de l’expansion du livre numérique ?

Plus le livre numérique se démocratise, plus il nous renforce. Le numérique a bousculé le monde du livre tel qu’on le conçoit depuis longtemps. Beaucoup d’éditeurs ne veulent pas entendre parler du numérique, le sous-estime, je le constate moi-même très souvent lorsque je tente de présenter Bookstory. Cela étant dit, le numérique permet à des nouveaux entrants, à des nouvelles initiatives d’émerger. Des acteurs similaires comme WeLoveWords ou MyMajorCompany, qui poursuivent des buts semblables avec leur propre modèle, sont intimement liés au développement du web.

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional

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