Les chiffres-clés du secteur du livre en Belgique pour l’année 2017

Réalisé à l’initiative de l’ADEB, le rapport analysant les statistiques autour du secteur du livre et des pratiques de lecture en Belgique pour l’année 2017 est disponible en ligne depuis quelques jours. Lettres Numériques revient sur les chiffres-clés d’un « marché stable et d’une production en hausse ».

Le marché du livre imprimé de langue française en Belgique reste stable en 2017, avec une progression de 1,1 % qui contraste avec les résultats en baisse de 2016 (-2,3 %). Pour mieux analyser ces résultats en dents de scie, il faut examiner les chiffres sur le long terme (2010-2017), ce qui permet d’identifier deux tendances principales :

  • une contraction forte entre 2010 et 2014 (-7,5 %) ;
  • une stabilisation entre 2014 et 2017, avec des chiffres évoluant entre 240 et 244 millions €.

Un bilan positif à nuancer cependant, car en euros constants, soit après neutralisation du taux d’inflation, l’évolution du marché devient négative avec une baisse de 1 %. Sur l’ensemble de la période 2010-2017, on note ainsi une chute de 19 % du marché. La tendance générale depuis une dizaine d’années est donc clairement à la baisse, sans que l’on observe pour autant un effondrement complet du secteur.

Les deux disciplines qui portent le marché (sans comptabiliser les dictionnaires) sont le livre scolaire (+1,1 %) et la bande dessinée, véritable « secteur locomotive » avec une augmentation de 6,9 %. La littérature générale enregistre de mauvais chiffres en ce qui concerne la vente des « grands formats » (-5 %), mais les ventes de livres de poche ont quant à elles augmenté (+6,7 %). Les ventes de livres scientifiques, techniques et médicaux poursuivent leur croissance (+1,6 %).

Quid du marché numérique ?

En 2017, la production globale numérique en chiffre d’affaires (qu’elle soit hors-ligne ou en ligne) s’élève à 64,66 millions €. La plus grande partie de ce chiffre d’affaires est généré par les livres de sciences humaines ainsi que par les ouvrages scientifiques et techniques tels que les bases de données, qui représentent 62,53 millions €, un chiffre en augmentation par rapport à 2016. Viennent ensuite, loin derrière, les manuels scolaires, les bandes dessinées, la littérature jeunesse, la littérature générale (stable par rapport à 2017) et les beaux livres.

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ADEB, Statistiques 2017, Marché et production du livre de langue française en Belgique et pratiques de lecture

Sur le marché francophone, la part du livre numérique représente 10,75 % des ventes totales, soit une baisse de 1,52 % par rapport à 2016, tandis que les ventes numériques atteignent un chiffre record de 43,25 % (+0,78 %) pour les ouvrages en néerlandais. Toutes langues confondues, la part du livre numérique est de 25,23 % (+0,15 %).

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ADEB, Statistiques 2017, Marché et production du livre de langue française en Belgique et pratiques de lecture

L’évolution des pratiques

Grâce à une étude commandée par le PILEn à IPSOS et menée en mai 2018 sous l’égide de l’ADEB, nous apprenons qu’encore 93 % des lecteurs lisent sous format imprimé, dont 51 % exclusivement. 24 % de ces lecteurs exclusifs envisagent de lire en numérique à l’avenir (un chiffre en très légère augmentation par rapport à 2017). Quatre lecteurs sur dix lisent sous les deux formats (44 % contre 43 % en 2017), et près de cinq lecteurs sur dix lisent en numérique (à 51 %, soit une augmentation de 3 % par rapport à 2016). Depuis qu’ils lisent en numérique, un lecteur sur quatre lit plus de livres qu’avant, alors qu’au moins deux sur dix achètent ou dépensent plus qu’avant.

L’étude note une nette progression de la part des livres numériques lus dans le cadre des études (47 %, soit une augmentation de 13 % par rapport à 2017), confirmant l’importance du scolaire dans la production numérique. En comparaison aux livres imprimés, largement consultés dans un cadre de loisirs, les livres numériques sont davantage utilisés dans une perspective professionnelle ou scolaire.

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ADEB, Statistiques 2017, Marché et production du livre de langue française en Belgique et pratiques de lecture

Acquisition des livres numériques

Pour trois livres achetés, les lecteurs numériques en lisent sept (des chiffres identiques à 2017). Le budget moyen annuel pour l’achat d’ebooks a légèrement augmenté, passant de 68,50 € à 69,60 €, tandis que le budget pour l’achat de livres imprimés a baissé. L’on constate que ce sont les hommes, les plus jeunes et les Bruxellois qui ont tendance à consacrer plus d’argent à l’achat de livres numériques. Les canaux d’acquisition principaux restent les applications de lecture et leurs plateformes numériques internationales, Amazon occupant toujours la première place à 64 %. L’étude note cependant la croissance de la plateforme Librel, atteignant 6 % contre 3 % en 2017. 45 % des téléchargements gratuits sont légaux, et les téléchargements illégaux représente 26 %, soit une diminution de 4 % par rapport à 2017.

Usages

L’ordinateur portable reste l’équipement préféré pour lire des livres numériques (45 %), suivi par la tablette (38 %) ; l’usage de cette dernière a cependant considérablement chuté depuis 2017 (-7 %), en corrélation avec la diminution des ventes de ce support. La liseuse est utilisée par 27 % des utilisateurs, tout comme le téléphone portable. Quant aux formats, le PDF est toujours privilégié par les utilisateurs (61 % comme en 2017). On peut noter la croissance du livre audio, puisque 10 % des lecteurs en numérique téléchargent des livres sous ce format.

En conclusion, nous retenons quatre informations importantes en ce qui concerne l’évolution du marché du livre numérique en 2017 et 2018.

  1. La lecture numérique est avant tout envisagée dans un cadre professionnel ou étudiant, sans doute parce qu’elle permet d’extraire plus facilement les ressources du texte qu’à partir d’un livre papier.
  2. Après une forte croissance ces dernières années, la part du livre numérique semble se stabiliser autour de 10 % du marché global, bien qu’elle soit susceptible d’augmenter légèrement dans les années à venir puisqu’un quart des lecteurs lisant exclusivement au format papier envisagent de se tourner vers le numérique.
  3. Il est à noter que les pratiques de lecture en fonction de la langue sont très disparates : les néerlandophones s’adonnent bien plus volontiers à la lecture numérique que les francophones, s’inscrivant sans doute dans la lignée des pays anglo-saxons.
  4. Il faut souligner que le livre audio connaît déjà un véritable succès dans les pays anglo-saxons et s’installe peu à peu dans le paysage de l’édition européenne. Ce constat doit cependant être nuancé pour deux raisons : on l’a constaté avec le livre numérique, les pratiques de lecture des pays anglo-saxons ne sont pas les mêmes qu’en France et en Belgique notamment, où l’attachement au papier reste important. De plus, si le chiffre de 10 % paraît important pris isolément, il faut bien garder à l’esprit qu’il ne concerne pas l’ensemble des lecteurs, mais bien ceux qui s’adonnent à la lecture numérique.

Pour accéder à l’intégralité de ces études accompagnées de nombreuses infographies, rendez-vous ici.

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— Elisabeth Mol

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