Le Hanse Blampain en numérique

Tout le monde connaît et utilise le Dictionnaire des difficultés du français, plus communément nommé le « Hanse Blampain ». La sixième édition vient de paraître, profondément retravaillée. Mais LA nouveauté de cette édition réside dans le fait que la version électronique sur cédérom (qui, en 2000, avait déjà été une innovation) laisse place à une application pour iPad.

Le dictionnaire, qu’il soit de papier ou numérique, se caractérise d’abord par la conception même de la langue. Ce n’est pas le français standard qui est privilégié, mais la langue dans toutes ses variantes, qu’elles soient sociales, géographiques ou historiques. Pour chaque mot ou expression, le lecteur peut aisément savoir son aire d’utilisation, géographique mais aussi sociale (langue familière ou langue soutenue) ou historique (la création néologique). C’est là l’occasion de mettre concrètement en évidence des processus qui font vivre la langue.

Les difficultés et les complexités sont expliquées dans une langue claire, ne s’encombrant pas de théorie et à l’aide de nombreux exemples. Le classement par ordre alphabétique et le système de renvoi permettent d’atteindre la réponse à l’interrogation que se pose l’utilisateur par divers biais. Et les renvois sont établis non seulement entre mots mais aussi entre difficultés identiques. Par exemple, « futur » renvoie à « conditionnel » pour l’emploi des modes, et « admettre » renvoie à « croire » pour la construction. Ou encore, à partir d’« aphérèse », on peut retrouver les clefs de la construction néologique.

La grande nouveauté de cette sixième édition est cependant le fait qu’une application pour iPad a été développée conjointement, et que l’utilisation de cette nouvelle technologie élargit encore les possibilités offertes par le dictionnaire. Il y a bien sûr les avantages liés au support même : le dictionnaire est toujours à portée de main et se transporte partout, la police de caractère peut être adaptée.

Mais plus fondamentalement, l’utilisation du dictionnaire se voit fortement améliorée. Les possibilités de recherche et les chemins d’accès sont multipliés, grâce à un système de renvois offrant plus de possibilités que dans l’édition papier sans alourdir cependant l’aspect de la page. Les icônes de bas d’écran renvoient à toutes les informations complémentaires qu’offre le dictionnaire pour la question posée. Une icône en haut de l’écran permet, elle, de choisir entre une recherche sur le mot dans le déroulement alphabétique et une recherche dans l’ensemble du dictionnaire à propos du problème posé.

Le dictionnaire se consulte soit en recherchant un mot, soit en interrogeant un type de difficulté. On peut entrer dans la matière par une typologie des difficultés : le mot, son genre, son nombre, sa prononciation ; l’usage, par exemple les registres de langue ; la phrase, par exemple la construction de la phrase, de là la modalité interrogative, de là les particularités de l’interrogation indirecte, de là le cas de l’inversion, etc.

Outre sa fonctionnalité accrue, le dictionnaire peut aussi se déguster par plaisir, indépendamment de la recherche d’une interrogation précise. Sur iPad, il est possible de se lancer au hasard de l’arborescence proposée dès l’écran d’accueil et de naviguer en fonction des phénomènes de langue qui s’affinent de plus en plus. Et par l’historique de la consultation, il est ainsi particulièrement aisé de passer du général au particulier, et inversement, et de découvrir des parentés de fonctionnement de la langue que l’on ne soupçonne pas toujours. La fonction pédagogique est ainsi accrue. Le plaisir de la découverte également !

Joseph Duhamel

Joseph HANSE, Daniel BLAMPAIN, Dictionnaire des difficultés du français, 6e édition, De Boeck Duculot, 729 p. Application pour l’iPad via l’appstore

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— Rédaction

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