StoryLab : « Le marché européen de l’ebook a atteint une masse critique »

StoryLab est l’un des éditeurs pure-players français les plus en vue depuis trois ans. Nicolas Francannet, son fondateur, revient pour nous sur la création de cette maison d’édition et son offre de services aux éditeurs, allant de la numérisation aux outils marketing.

Pourquoi avoir créé StoryLab ?

Trois personnes sont à l’origine de la création de StoryLab : un ingénieur passionné de littérature, un auteur-directeur de collection spécialisé dans le mécénat culturel et moi-même ayant une expérience significative dans la musique et les contenus numériques pour les téléphones portables et les tablettes. Nous nous sommes rencontrés dans un cadre professionnel et nous avons mené ensemble une réflexion d’un an sur le livre numérique, qui nous a conduits à lancer StoryLab en 2010. Nous avions en effet la conviction que les nouvelles technologies ouvraient un champ inexploré pour la littérature.

C’était avant que l’iPad n’arrive. Nous avons commencé par développer une offre de littérature courte en proposant des feuilletons et des nouvelles, des formes littéraires qui, nous le pensons, ont un bel avenir en numérique. Nous les diffusions à l’époque essentiellement via des applications conçues pour les systèmes IOS et Android et nous les augmentions de bonus éditoriaux et communautaires.

Nos applications fonctionnaient bien et nous avons décidé de développer une offre B2B pour les éditeurs étrangers et français par la suite. Lorsque l’iPad s’est implanté en Europe, nous avons augmenté notre distribution grâce au format ePub et mobi. Nous sommes alors montés en compétence en développant une expertise dans l’ePub enrichi. C’est là qu’est né le StoryLab studio, notre pôle de services aux professionnels qui travaille avec d’autres éditeurs, des marques ou des institutions. StorlyLab et StoryLab Studio emploient une équipe de 8 personnes aux compétences transversales, des éditeurs, des designers et des développeurs. Les expériences d’une des activités nourrissent les développements de l’autre.

Au niveau éditorial, comment évolue le catalogue de StoryLab ?

Nous avons décidé de réduire notre production annuelle à une quinzaine de titres par an, que nous allons beaucoup plus travailler au niveau du marketing et de la communication. Nous souhaitons vraiment donner une plus grande dimension à la sortie de nos livres, que ce soit au niveau de l’enrichissement, de partenariats avec des marques ou des opérateurs issus des télécommunications. De la même manière, nous travaillons avec des éditeurs de livres imprimés ou des producteurs de cinéma pour prolonger la vie de nos fictions via d’autres canaux. Le numérique ne serait que le point de départ vers d’autres extensions.

Nous en sommes en effet vite arrivés à la conclusion que le potentiel de visibilité pour un livre numérique était relativement réduit. Si l’on sort 5 nouveautés par mois, il est difficile d’avoir une puissance de communication pour chacun des titres. Pour faire ressortir du lot nos titres et ne pas avoir de déception, nous préférons miser sur une production restreinte.

De cette conclusion est née une nouvelle offre de services marketing proposée par StoryLab ?

Après des discussions avec des éditeurs, mais aussi sur la base de notre expérience personnelle, nous avons constaté que les éditeurs étaient démunis et manquaient d’outils pour construire une stratégie de marketing en ligne efficace et sur le long terme. Les éditeurs ont besoin d’outils accessibles et intuitifs pour promouvoir leur catalogue en ligne et prolonger l’expérience de leurs lecteurs.

Aujourd’hui, ce sont surtout les distributeurs qui sont en contact avec les lecteurs et qui sont en mesure d’analyser leurs comportements ou de les fidéliser. Les éditeurs doivent pouvoir toucher leur public en fonction de leurs intérêts et leur proposer des offres attractives. C’est pour cela que nous avons mis en place BlockBookster, une plateforme de marketing digital au service des éditeurs. Celle-ci leur permettra de construire une vraie relation avec leur lectorat en leur proposant des contenus enrichis et des bonus. Elle leur permettra aussi de mettre en place des opérations événementielles dédiées aux personnes possédant ou ayant acheté un livre via nos solutions de certification. Mieux connaître son lectorat est vraiment l’un des grands défis des éditeurs dans les années à venir.

Quelle est votre perception de l’évolution du livre numérique depuis votre entrée sur ce marché ?

À mes yeux, ces dernières années de nombreuses expérimentations ont été menées sur le marché du livre numérique, surtout en terme d’interactivité et de multimédia. On revient désormais à des choses à la fois plus simples, moins onéreuses et plus sélectives. On sent que l’on rentre dans une phase d’industrialisation, beaucoup plus pragmatique. C’est un bon signe, cela signifie que le marché européen se structure et qu’il est en train d’atteindre une masse critique de lecteurs. C’est une nouvelle page qui s’ouvre pour cette industrie innovante..

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— Stéphanie Michaux

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Stéphanie Michaux

Digital publishing professional