Guides de voyages : destination numérique

Les plus célèbres d’entre eux représentent quelques-uns des plus gros tirages du monde de l’édition. Énorme succès papier, les guides touristiques sont aussi concernés par le numérique. Même si les versions traditionnelles tiennent encore bien la barre, les guides de voyages sont en train de muer.

On en a tous eu besoin, eu en main. Ils sont tantôt faciles et pratiques, tantôt compliqués et mal faits. Cependant, on n’imagine pas partir à la découverte d’un pays, une région, une ville sans l’un d’eux au fond de ses bagages. Ça pourrait changer : les guides sont en train de quitter nos valises pour s’installer sur nos smartphones et tablettes.

Les façons de voyager ont évolué, on s’en doute. Les guides ont su suivre le mouvement. Ils proposent des voyages clés en main, plus courts, plus ciblés : « On ne visite plus un pays comme les États-Unis ou l’Espagne en un mois comme on le faisait avantOn va de plus en plus dans une région, une sous-région ou une ville. Plusieurs échappées courtes se sont substituées au grand voyage » explique Olivier Brossollet, le directeur des guides de tourisme chez Michelin dans un article du Monde. C’est aussi la philosophie de la collection Routard Express, du fameux Guide du Routard.

Les mentalités et les envies de voyager évoluent donc la technologie aussi.

Plus que des livres : des applications

Accès internet, géolocalisation, partage de commentaires, réservations en ligne, audioguides… voilà tout ce que peuvent faire désormais les guides touristiques. Et bonne nouvelle, tout cela, ils le font, en moyenne, moins cher qu’en papier (compter en moyenne entre quatre et dix euros).

Cette nouvelle interactivité fait passer doucement le guide-livre vers des guide-applications, quittant alors le giron de l’édition traditionnelle.

Une évolution qui intéressent dès lors d’autres acteurs. Notamment les offices de tourisme. Toutes les grandes villes proposent désormais une application découverte.

À Bruxelles, c’est le portail visitbrussels.be qui s’en occupe, à travers un site, et une application mobile gratuite. « Depuis un an et demi, notre application répond de manière la plus simple possible aux demandes des touristes qui débarquent à Bruxelles. Où suis-je ? Qu’est ce qu’il y a faire, à voir dans les environs ? L’application compile les vingt bases de données du site, et on peut y faire des réservations d’hôtel » décrit Olivier van de Kerchove, Online Media Manager chez VisitBrussels. Une application encore très basique mais déjà un beau succès : 300 000 visites par mois sur le site et environ 4 000 téléchargements de l’application dans le même temps. Un succès qui croît : « d’après nos statistiques, les connexions mobiles représentent vingt-cinq pour cent des visites sur le site. Il devient urgent de repenser notre dispositif numérique » s’alarme Olivier van de Kerchove.

Les tendances

L’important : suivre les tendances. « À la vue du faible nombre de hotspots wifi à Bruxelles à l’époque de la programmation de l’application actuelle, et du coût de roaming, proposer un service cent pour cent offline était la meilleure solution. Mais c’est en train de changer.  En 2014, l’Europe va normalement uniformiser les coûts de roaming. Donc on s’orientera vers un portail optimisé mobile, avec des contenus différenciés en fonction des cibles : sur les touristes loisirs, ce sera plutôt mobile ; sur les meetings, plutôt tablettes, par exemple« .

On est donc très loin du bon vieux guide de voyage papier : « faire une version numérique d’un livre papier n’a plus de sens : les guides prennent des formes tellement différentes. Ce qu’on fera probablement, en parallèle à l’application, ce seront des versions numériques de certaines de nos brochures papier, avec de la vidéo, des liens, un peu d’interactivité … mais ce sera plus pour la promotion que pour donner de l’info pratique sur place » conclut Olivier van de Kerchove.

On assiste là peut-être à une révolution copernicienne du guide touristique. Avant, internet servait à préparer son voyage et c’est un guide papier qui nous accompagnait. On s’oriente désormais vers la situation inverse. En tout cas, les guides de voyage prennent la direction du numérique.

Martin Boonen

@martyboonen

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— Martin Boonen

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