« Print on Demand » côté belge

Qui imprime des ouvrages en nombre limité? Pourquoi et comment?

I6Doc: une solution de secours

I6Doc, l’interface web pour ouvrages scientifiques de la CIACO, recourt à l’impression à la demande quand certains livres ou syllabi ne sont plus disponibles : «si le code master est épuisé, alors qu’une foule d’étudiants de droit ou de gestion en a besoin, nous n’avons d’autre choix que de recourir à l’impression à la demande», explique Geoffroy Wolters. La clientèle universitaire ayant des besoins relativement prévisibles, l’impression à la demande reste donc minoritaire. Elle reste plus chère également, puisqu’elle ne donne pas lieu à des économies d’échelle. Enfin, le produit final est réalisé avec les moyens du moment, éventuellement à partir d’un matériau différent. L’opération est un peu plus facile quand l’ouvrage est celui d’un d’un éditeur dont la coopérative est aussi l’imprimeur attitré, comme Mardaga. «Mais, en général, on essaie d’éviter d’en arriver là» conclut Geoffroy Wolters.

Espace Nord: un service au particulier

Katia Lanero, qui gère les aspects numériques de la collection Espace Nord à Cairn.info*, parle d’impression à court-tirage : «il s’agit d’une mesure temporaire chez nous». Une mesure temporaire, par laquelle Espace Nord est en mesure de répondre aux demandes des professeurs, des libraires, des particuliers, en quête d’un livre épuisé, sans devoir attendre qu’un programme de re-parution classique se mette en place. Avec l’accord des ayants-droits et à partir d’un support numérique ou papier, un titre peut faire son retour en une à deux semaines.

«Pour le moment, le catalogue se compose d’une dizaine de titres mais il s’étoffera au fil des mois», raconte Katia Lanero. Pour chacun d’entre eux, entre quatre et dix exemplaires sont disponibles. Ces titres que les gens ont demandé sont des plus variés : L’école de peinture belge, de Camille Lemonnier, Olivia de Madeleine Ley ou Mes écarts de Charles-Joseph de Ligne. «On propose ces titres à un prix plus bas, puisqu’il s’agit d’une réimpression. On souhaite soigner l’objet-livre, on a envie que les lecteurs aient plaisir à mettre ces livres imprimés à court-tirage dans leur bibliothèquen: par exemple, nous uniformisons le format et les couvertures afin qu’ils rappellent le design des livres papier Espace Nord. Nous voyons vraiment l’impression à court-tirage comme un service au particulier» résume Katia Lanero.

Onlit: le papier, un support au service du texte

Benoit Dupont et Pierre de Mûelenaere, les co-fondateurs de Onlit Éditions, adoptent depuis février 2014 une stratégie de complémentarité entre les versions papier et numérique pour tous ces textes inédits qu’Onlit Éditions met au jour. Les textes qui sont disponibles en papier sont imprimés via la Maison de la Poésie d’Amay, à tirage limité :  le nombre d’ouvrages imprimés varie en fonction de la demande mais Onlit Éditions préfère s’assurer que le stock de livres imprimés puisse être épuisé. «Finalement, ce qui compte pour nous, c’est qu’un maximum de gens lisent nos titres, quel que soit le support. Le papier nous donne une visibilité dans les librairies et un côté plus convivial. Par lui, nous devenons un maillon tangible de la chaîne du livre», explique Benoît Dupont. Pourtant, la différence de prix entre une version numérique et une version papier va du simple au double : «on essaie d’offrir les titres au prix le plus bas possible mais les coûts d’une version papier sont inévitablement plus élevés». Lorsqu’on achète un titre en papier via le site de Onlit Éditions, on reçoit systématiquement par la même occasion la version numérique. Benoît Dupont explique que «c’est une façon de faire découvrir le numérique : après tout, nos lecteurs n’ont peut-être même jamais eu de fichier epub sur leur ordinateur. Aussi, je trouve que qui achète un texte a droit à ce texte sous toutes ses formes existantes…»

La CIACO et I6Doc, son interface web, Espace Nord ou Onlit Éditions servent toutes un projet différent, qu’il s’agisse de nourrir la curiosité des étudiants et des savants, de faire vivre le patrimoine littéraire belge ou de donner à lire des textes d’auteurs d’aujourd’hui. C’est donc en répondant aux besoins de ces différents profils de lecteurs que ces organisations impriment… plus ou moins!

* La collection Espace Nord est gérée par l’association momentanée «Les Impressions Nouvelles» et «Cairn.info» pour le compte de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Crédits photo: ontext.com

— Sibylle Greindl

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