Barnes & Noble et Microsoft ne travailleront plus ensemble au Nook

Il y a deux ans, l’alliance de Microsoft et Barnes & Noble autour du Nook avait suscité l’enthousiasme. Elle s’est défaite au début de ce mois de décembre…

Barnes & Noble est la plus grande chaîne de librairies américaine. En 2012, Microsoft avait investi des millions dans son département «Nook». À l’époque, le New York Times y avait vu l’alliance de deux géants soucieux de regagner du terrain : Barnes & Noble détenait 25% du marché du livre numérique aux États-Unis – beaucoup et peu à la fois : beaucoup dans l’absolu, peu relativement aux méandres amazoniens. Windows, devant les progrès d’Apple tant côté contenu que contenant, avait envie de mettre son offre au goût des amateurs de livres. Microsoft avait donc investi 300 millions de dollars dans le département «Nook» de Barnes & Noble en 2012, avec l’idée d’en investir 305 autres dans les cinq années suivantes, et Barnes & Noble s’est promis de créer de la lecture numérique qui s’adapte aux produit Microsoft. Le partenariat n’était pas complètement exclusif : depuis, Barnes & Noble a également collaboré avec Samsung, pour fabriquer de nouveaux Nook, et avec Google Shopping Express, dans un effort pour faire face à Amazon et à son service de livraison ultra-rapide. Le département Nook – qui demandait de sérieux investissements afin d’essayer de faire le poids face à Amazon – avait-il donc trouvé son sauveur avec Microsoft ?

On y a cru, en tous cas les actionnaires et l’édition y ont cru. Cependant, en ce mois de décembre 2014, les chemins de Barnes & Noble et Microsoft se sont séparés : Barnes & Noble a racheté la participation de Microsoft pour 120 millions de dollars. La transaction, selon le CEO de Barnes & Noble cité dans le New York Times, donnerait à Barnes & Noble la souplesse nécessaire pour éventuellement attirer et inclure un partenaire de taille. Une intervention qui serait sans doute bienvenue : par rapport à 2013, les ventes de Nook ont baissé de moitié. La vente de contenus digitaux a, elle, baissé de 26,5%. Par ailleurs, Barnes & Noble prévoirait de se diviser en deux entreprises en août 2015, l’une reprenant ses librairies en dur et son site web, l’autre reprenant ses librairies éducatives, universitaires, et… Nook! En tout cas, c’est ce que la chaîne de librairies a annoncé ce jeudi 4 décembre. Notons qu’écarter le département « Nook » et les pertes qu’il essuie du reste de la société serait probablement au goût des actionnaires. Enfin, reprendre son département «Nook» donnerait à Barnes & Noble les coudées plus franches pour se positionner et construire son identité – au lieu de se débattre entre ces étiquettes de librairie, fournisseur de livres scolaires, entreprise de technologie.

Le contexte et la concurrence – tant du point de vue support que contenu – exigent de Barnes & Noble un effort d’adaptation et de (re)construction de son identité. Là, il n’y a pas de formule magique mais les mois qui viennent, avec la probable scission de Barnes & Noble en août prochain, nous diront ce que valent ces différentes approches à l’aune du marché !

Crédit photo: mphbooks.com

— Sibylle Greindl

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