Le réseau Carel fait le point sur le projet PNB

Cette semaine est paru le compte rendu du réseau Carel à propos du projet PNB (prêt numérique en bibliothèque). Le communiqué synthétise les différents éléments qui constituent actuellement l’offre aux bibliothèques publiques. Globalement, le réseau Carel se montre optimiste vis-à-vis du projet. Il met cependant en lumière certains aspects qui, selon lui, doivent être améliorés afin que l’initiative puisse être viable à long terme. Lettres Numériques s’est penché sur la question et vous livre une synthèse des différentes observations du compte rendu Carel.

Les avantages du projet PNB

Dans son communiqué, le réseau Carel met en évidence les nombreux avantages du projet PNB, parmi lesquels une offre enrichie (13 000 titres à ce jour), de nombreux éditeurs engagés et une lecture en mode connecté ou déconnecté sur liseuse, tablette, smartphone, etc. Les avantages de PNB ne profitent pas uniquement aux lecteurs mais également aux bibliothèques qui peuvent désormais bénéficier d’une offre numérique plus intéressante que les autres offres proposées. Le projet PNB offre en effet à ces établissements :

  • la possibilité d’acheter des titres à l’unité et non par bouquets ;
  • le recours à leur propre plateforme de prêt ;
  • l’absence d’accès pour les éditeurs aux données de leurs usagers ;
  • la garantie de prêter les titres acquis, et cela même si l’éditeur n’est plus en mesure d’assurer l’accès aux fichiers numériques ;
  • l’engagement en tant que bibliothèques ou réseaux locaux mais aussi en tant que réseaux de bibliothèques publiques ;
  • l’accès à terme à l’ensemble de la production éditoriale numérique.

Les facteurs bloquants

Si le réseau Carel n’hésite pas à mettre en évidence les avantages du projet PNB, il ne manque pas de souligner également l’hétérogénéité de l’offre des éditeurs, que ce soit au niveau des prix, du nombre d’emprunts simultanés et total, de la durée de validité d’un lot de jetons achetés pour un livre, de la durée maximale d’un prêt, etc. Carel insiste dès lors sur deux facteurs susceptibles, selon lui, d’entraver le développement du projet PNB.

1) Le premier fait référence à la notion de péremption des lots de jetons achetés par une bibliothèque pour un livre, concept en contradiction avec le rôle même des bibliothèques qui est d’assurer un accès aux œuvres dans la durée. L’achat des jetons n’est donc pas pérenne et est soumis à une limite dans le temps. Cette contrainte de péremption engendre bien souvent des coûts conséquents pour les établissements qui, dans bien des cas, ne parviendront pas à écouler leur stock dans les délais impartis. Cela a pour conséquence de pousser les bibliothèques à opter pour une politique d’acquisition des livres « orientée best-sellers » puisque les nouveautés ont tendance à s’écouler plus rapidement. C’est ici un autre rôle de la bibliothèque, à savoir la mise en valeur du fonds des éditeurs (livres moins récents), qui est remis en question.

2) Le deuxième élément pointé par le Réseau Carel concerne les tarifs pratiqués par un certain nombre d’éditeurs qui sont estimés trop élevés. Le maintien d’offres pécuniairement trop disparates pourraient, selon Carel, amener trois grands dangers pour PNB : une mise à l’écart du projet par la majorité des bibliothèques (d’autant plus qu’elles rencontrent des difficultés budgétaires), la mise en place d’une politique d’acquisition sélective des ouvrages en fonction de leurs prix (et donc des éditeurs) et enfin le manque de succès de PNB auprès des usagers, ce qui pourrait engendrer une réduction des budgets des bibliothèques alloués au projet.

Les propositions de Carel

Pour permettre à PNB de s’épanouir et de gagner du terrain, Carel encourage les éditeurs prenant part au projet à abandonner la notion de péremption des lots de jetons, choix qui a d’ailleurs été effectué avec succès sur la plateforme pretnumerique.ca au Québec. Le fonds éditorial pourra ainsi être préservé et non-discriminé, contrairement aux tendances actuelles. D’un autre côté, Carel souhaite que les éditeurs dont les tarifs sont trop élevés réduisent les prix de leurs livres (ou proposent davantage de jetons sans changer le prix) afin de permettre une adhésion plus importante des bibliothèques à l’offre. Carel appuie cette proposition sur le fait (argumenté) que cela non seulement dynamiserait l’adhésion des bibliothèques au projet mais en outre augmenterait les bénéfices de chaque maillon de la chaîne.

Selon le réseau Carel, PNB constitue une « offre prometteuse », susceptible d’avoir du succès à terme moyennant quelques adaptations des conditions de l’offre. Face à certaines offres de grands acteurs jugées « agressives » par Carel, une réflexion doit être menée pour que les bibliothèques, établissements qui se mobilisent socialement et culturellement, soient préservées dans le nouvel écosystème de la mise à disposition de livres numériques.

Retrouvez le communiqué court du Réseau Carel ici.

Pour lire la communication complète, c’est par .

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— Gaëlle Noëson

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Gaëlle Noëson

Digital publishing professional