FeniXX, pour une seconde vie des livres indisponibles en numérique

Avec l’arrivée des ebooks, de nombreux projets de numérisation ont vu le jour. L’un des plus importants en France est ReLIRE lancé en 2013 par la BnF et confié à la société FeniXX depuis 2015. Cette semaine, Lettres Numériques revient sur le débat et l’évolution de ce projet.

FeniXX, kézaco ?

FeniXX 1Créée en juillet 2014 par le Cercle de la Librairie, la société FeniXX est depuis septembre 2015 l’opérateur technique et commercial du Registre des Livres Indisponibles en Réédition Électronique). Lettres Numériques avait déjà évoqué ReLIRE lors de son apparition en 2013 suite à la promulgation de la loi du 1er mars 2012 qui modifie le Code de la propriété intellectuelle et rend ainsi possible la numérisation des livres indisponibles du XXe siècle en évitant l’examen de chaque contrat d’édition. L’objectif de ce projet est de numériser, diffuser et distribuer les livres ayant été publiés en France entre le 1er janvier 1901 et le 31 décembre 2000, et dont toutes les éditions sont indisponibles commercialement sous une forme imprimée ou numérique. Une liste est mise en ligne, accessible à tous et complétée chaque année.

Pour relever ce double défi patrimonial et commercial, le Syndicat national de l’édition, qui collabore sur le projet ReLIRE, a fait appel à la société FeniXX. Cette dernière a pour mission d’accompagner les éditeurs en prenant en charge gratuitement la numérisation et la commercialisation des livres indisponibles. Elle se rémunère toutefois sur les ventes et reversent 25 %, réparti ensuite par la Sofia entre l’auteur (15 %) et l’éditeur (10 %).

Une seconde vie en numérique

Par ce projet d’envergure, FeniXX s’engage à préserver le patrimoine éditorial du XXe siècle en redonnant vie à des milliers d’ouvrages laissés à l’abandon et en les rendant accessibles à un large public. Le catalogue proposé aux lecteurs est varié, allant de la littérature générale et jeunesse aux ouvrages d’histoire et de sciences sociales.

FeniXX

Les livres sont d’ores et déjà téléchargeables sur la majorité des supports de lecture du marché (liseuses, tablettes, ordinateurs et smartphones) et disponibles sur 80 librairies indépendantes dont Mollat, Sauramps, Dialogues, Le Divan, Le Failler, Le Passage, La Procure mais également sur ePagine, leslibraires.fr, Librel, Chapitre.com, Feedbooks, Bookeen et Amazon.

En outre, FeniXX s’est également engagée dans le projet PNB (Prêt Numérique en Bibliothèque) et a conclu un partenariat avec Cairn.info. Son catalogue permet d’enrichir considérablement l’offre numérique en bibliothèque.

Un projet qui a suscité la controverse


Lors de son lancement, ReLIRE avait déjà fait couler beaucoup d’encre et été fortement controversé. En effet, de nombreux acteurs du monde du livre se sont insurgés contre cette entreprise à l’image de l’écrivain François Bon et du collectif « Le droit du serf ». Que reprochent-ils exactement au programme ? Les adversaires du projet dénoncent :

  • l’ajout des ouvrages à la liste de la BnF sans accord préalable des écrivains concernés (démarche opt-out) ;
  • la spoliation des auteurs qui, dépossédés de leurs biens, ne sont plus libres de choisir leur éditeur ou leurs canaux de distribution ;
  • une procédure de retrait de la liste longue et fastidieuse. Les auteurs ne sont pas informés de l’ajout de leur ouvrage à cette base et doivent justifier de leur identité ;
  • de nombreuses erreurs commises lors de l’élaboration de la liste. Certains livres encore commercialisés se sont retrouvés sur la liste de la BnF, comme plusieurs romans de Didier Daeninckx ;
  • l’impact sur les nouveaux éditeurs et les auteurs de la mise à disposition de 500 000 ouvrages sur le marché numérique.ReLIRE

Premier bilan de FeniXX

Malgré le débat, le projet se poursuit et après trois mois de lancement seulement le bilan se révèle « très satisfaisant », comme l’explique Régis Habert, directeur de la société dans une interview réalisée sur le site IDBOOX. En effet, FeniXX a déjà mis à disposition 8 000 livres et en a vendu plusieurs milliers, malgré des réseaux de distribution encore incomplets puisque certains acteurs principaux comme FNAC et Apple n’ont débuté les ventes qu’au début de l’année 2016.

Cependant, il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions significatives et avec une liste comprenant 500 000 ouvrages, FeniXX est encore à ses prémices. Affaire à suivre…

Elena Burgos

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— Rédaction

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