« The Nature of Love », les évolutions du rapport à l’amour à l’ère du numérique

Entre exposition numérique et spectacle de lumière, The Nature of Love est une pièce immersive signée Charles Sandison qui explore les évolutions que le numérique insuffle à notre rapport à l’amour. L’artiste écossais a créé une installation spécialement pour l’ancienne chapelle des Pénitents noirs, à Aubagne. Un lieu particulièrement original pour un spectacle qui fait la part belle aux arts numériques.

Le numérique, un média vivant

Artiste d’origine écossaise, Charles Sandison vit, travaille et enseigne en Finlande. Il s’intéresse à de nombreux domaines, de la physique à la linguistique, qu’ils tentent de relier pour créer un nouveau langage numérique. Les algorithmes et les logiciels sur lesquels il se base constituent un média vivant, en mouvement, dont il affirme avoir besoin pour concevoir ses créations poétiques d’un nouveau genre et les projeter dans des espaces originaux. Un exemple de ceux-ci était la rampe intérieure menant au plateau des collections du Musée du Quai Branly, qui accueillait en 2011 sa pièce The River.

Un rapport à l’amour redéfini

Sa dernière œuvre en date, The Nature of Love, qui s’inscrit dans le cadre du festival Marseille-Provence 2018, s’intéresse cette fois aux sentiments. À l’heure de la révolution numérique, Charles Sandison pense que notre rapport à l’amour est redéfini. « Pourriez-vous tomber amoureux d’une intelligence artificielle ? Un ordinateur pourrait-il savoir ce que vous ressentez ? Vous connaître si bien qu’il pourrait  correspondre parfaitement à votre âme sœur ? Les ordinateurs peuvent-ils comprendre les émotions ? » Ce sont là quelques-uns des questionnements à la base de son projet.

Une immersion totale

Avec The Nature of Love, le spectateur se retrouve dans une ancienne chapelle du XI^e siècle, qui sera le décor de cette œuvre d’arts lumineux. Les murs, sols et plafonds de l’édifice sont tapissés de lignes de code. Le visiteur est donc en immersion totale. Comme l’explique Coralie Duponchel, la directrice du centre d’art des Pénitents noirs d’Aubagne : « Nous traversons l’œuvre et nos sens sont forcément perturbés, car elle recouvre tout l’espace et aussi notre corps. Est-ce nous qui progressons dans l’œuvre ou est-ce elle qui nous traverse… Ce sera la perception de chacun ».

Un cadre inattendu

Jusqu’à aujourd’hui, le cadre dépouillé de l’ancienne chapelle accueillant le centre d’art était peu habitué à des installations numériques. Pourtant, l’endroit semble bien se prêter à l’œuvre imaginée par Charles Sandison. « Pour cette création, je me suis autant immergé dans ce lieu et son histoire que dans ma propre perception de la matière numérique », a ainsi expliqué l’artiste. La réalité de la chapelle se trouve dès lors enchevêtrée dans la virtualité des éléments visuels projetés : lignes de code, signes pixellisés ou encore groupes de mots.

L’intelligence artificielle pour comprendre l’amour

Les réflexions de Charles Sandison autour de l’amour l’amènent aussi à développer une approche particulière de l’intelligence artificielle. Il la conçoit comme un processus durant lequel l’ordinateur reproduirait un cycle vital. C’est par ce procédé informatique qu’il dit pouvoir mieux comprendre ce qu’est le concept humain appelé « amour ».

Par le dialogue constant entre l’architecture du lieu et l’habillage changeant des projecteurs, The Nature of Love se révèle donc être une œuvre contemplative singulière, offerte par l’artiste au nom de son amour pour le code informatique. Avec cette nouvelle création, Charles Sandison souhaite montrer à quel point une programmation numérique peut nous toucher émotionnellement et devenir une œuvre sensible à part entière.

N’hésitez pas à consulter la vidéo de lancement ou la page dédiée à l’événement pour en savoir plus sur cette expérience artistique hors du commun, présentée depuis le 14 février et jusqu’au 1^er septembre 2018 à Aubagne.

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— Raphaël Dahl