Les recommandations de livres ne peuvent se faire sans les libraires
Une récente enquête menée outre-Atlantique par Codex, une entreprise spécialisée dans la gestion de données relatives au livre, démontre que 61% des achats de livres se font désormais en ligne. Dans le même temps, 7% seulement des découvertes de livres se feraient sur internet, un chiffre qui conforte certes la plus-value des libraires mais qui soulève aussi la question de la diversité éditoriale et de l’uniformisation de la culture.
Comment le lecteur découvre-t-il ses livres ? La question taraude le milieu du livre. Les communautés, sites de recommandations et blogs ne cessent de se multiplier sur la Toile comme réponse à cette question. La récente étude de Babelio observait la dominance de l’éternel « bouche-à-oreille » comme premier facteur d’influence. Pour 79,3 % des lecteurs ayant répondu à cette enquête, il représente une part importante de leurs lectures et trouvait son origine dans des conversations engagées avec des proches, en famille, dans les librairies ou des clubs de lecture, sur des blogs littéraires etc. A contrario, ni les réseaux sociaux, ni des suggestions faites par les revendeurs d’ebooks et encore moins la télé ou la radio ne semblent jouer un rôle déterminant dans le choix des livres achetés. La librairie reste donc un lieu essentiel dans la découverte des livres.
À l’occasion du Digital Book World 2013, le PDG de Codex, Peter Hildick-Smith, s’est exprimé sur les chiffres publiés par son groupe. Il estime que « quelque chose manque cruellement dans la recommandation des livres sur internet. Cela ne fonctionne pas. » Et il poursuit : « Les revendeurs physiques fonctionnent lorsqu’on les protège. Les producteurs de films le font bien pour les cinémas. Selon moi, les éditeurs ne font pas assez pour protéger les libraires ». Forcément, dans le contexte américain actuel, on ne peut s’empêcher de penser à la situation de Barnes and Noble.
En Belgique, la Fédération Wallonie-Bruxelles soutient les libraires pour la mise en place d’une solution commune qui leur permettrait de passer au numérique. Interrogé sur le sujet, Nicolas Javaux, libraire chez Pax, nous confirme être dans une phase plus attentiste. « Après la fin de 1001libraires dans lequel nous étions très impliqués, nous sommes très attentifs à ne pas refaire les mêmes erreurs. Nous voulons nous montrer prudents et voir comment les choses prennent forme. Bien que les libraires du SLFB réfléchissent à une solution commune, nous suivons attentivement l’évolution des librairies françaises et prendrons vraisemblablement une décision rapidement. L’accès au livre physique reste notre priorité. Il est primordial de permettre aux lecteurs de consulter notre stock, de commander et de réserver en ligne. Nous voulons qu’ils sachent si le livre qu’ils cherchent est disponible immédiatement à la librairie ou pas. C’est une façon de renforcer notre service. Je pense que nous pouvons nous permettre de prendre le temps de la réflexion par rapport au numérique car la situation n’est pas la même ici qu’aux États-Unis. Selon moi, la librairie traditionnelle avec ses conseils reste une nécessité. »
Source : Actualitté
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— Stéphanie Michaux