Ebooks et journaux, une équipe gagnante ? L’exemple politique

À l’écran ou en papier ? On a pu croire que le futur des journaux se trouvait dans la réponse à cette question… Aujourd’hui, les choses ont changé.

Oui, car si d’une part la lecture en ligne des journaux entre de plus en plus dans les mœurs, au Nouveau-Monde comme sur le vieux Continent, elle n’en devient d’autre part pas nécessairement des plus rentables. Les revenus de la publicité y sont souvent moindres alors que l’accès à l’information en ligne n’est pas nécessairement payant. Maintenant, la question existentielle des journaux se rapproche sans doute plus de « comment être en ligne et rentable ? ». Le Financial Times confirme que son saut au contenu entièrement payant a été un succès : ce quotidien économique et financier compte maintenant 285 000 abonnés ! Mais ne crions pas victoire trop vite : il s’agit ici de presse spécialisée en anglais et pour laquelle les abonnements sont souvent financés par les entreprises des lecteurs…

D’autres journaux, au contenu plus généraliste comme The Atlantic – outre-Atlantique, comme son nom l’indique -, ou, plus près de chez nous, Slate.fr et Rue89, n’ont pas opté pour le tout-payant. Outre la publicité, ils peuvent donc se financer en vendant des produits/des contenus plus ciblés, pour lesquels les lecteurs sont prêts à payer.             Rue89 organise par exemple des formations sur l’écriture web… C’est aussi dans cette fenêtre que se glisse l’offre d’ebooks du The Atlantic : sur le site du journal, on peut commander des livres susceptibles d’intéresser leur lectorat. On y trouve les conseils à la rédaction du staff « technologie » du journal ou une analyse de la présidence d’Obama. Du ciblé donc, le journal connaît son public visiblement – un atout non négligeable ! Bien sûr, rien n’empêche un journal de jouer sur plusieurs tableaux: L’Écho est payant et vend également des ebooks – des livres pratiques, desquels on peut espérer un certain retour sur investissement : 20 secrets de votre argent, par exemple. On voit donc que certains journaux incluent leurs propres ebooks dans leur offre.

Parmi les thèmes privilégiés par ces contenus complémentaires, on note l’intérêt de Libération pour la sphère politique. Depuis mars 2014, le grand quotidien français a publié plusieurs livres sur le sujet comme Valls, l’irrésistible ascension, Les nouveaux visages de l’Assemblée ou La Russie inquiétante de Poutine. Des ebooks courts pour prolonger le débat et qui regroupent en l’occurrence des reportages et des analyses des journalistes de la rédaction de Libé.

La présence des livres numériques dans les journaux reste cependant marginale : on en voit relativement peu, et il y a peu de littérature également à ce sujet, alors que les modèles économiques des journaux sont discutés de tous côtés. À ce stade, je vois une double explication : les ebooks ne sont probablement pas la seule et unique solution aux soucis financiers des journaux mais bien un des éléments du mix « vente de contenus ». Et ce mix représente à l’heure actuelle une très petite part des revenus des journaux en ligne, environ 7% de ceux-ci. Négligeable? Peut-être que oui, peut-être que non… Mais en tous cas, à ne pas perdre de vue!

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— Sibylle Greindl

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