Booktubers, un phénomène qui séduit

Les booktubers font connaître des livres via des vidéos Youtube à un public enthousiaste. Cette nouvelle génération de critiques a-t-elle déjà voix au chapitre auprès des auteurs et des éditeurs?


Ils ne bloguent pas, ils vloguent plutôt : ils (ou elles souvent) réalisent des vidéos autour d’un livre. Ce sont des jeunes, souvent, mais pas seulement. Et s’ils aiment Harry Potter et la littérature jeunesse, leurs goûts sont éclectiques et les analyses, la plupart du temps, de qualité. Une communauté se crée autour d’eux, en tous cas de ceux qui s’y prennent le mieux. Ces aficionados se lancent des défis (30 livres en 30 jours, cap ou pas cap?), recommandent des titres, partagent leurs coups de coeur et leurs coups de griffe. Intuitivement, les booktubers rassemblent dans leurs vidéos quelques éléments bien dans l’air du temps : l’enthousiasme d’une communauté ; le partage d’expérience ; la dimension visuelle.

«Booktuber», une contraction de «book» et de «tube» pour «Youtube», est entré dans le vocabulaire depuis certainement 2009. Et le mouvement continue à prendre de l’ampleur : les quatre plus grands booktubers totalisent ensemble  200 000 abonnés et leurs vidéos comptent douze millions de vues. Ils sont souvent anglophones ou hispanophones : les booktubers se retrouvent au Mexique, en Espagne – entre 20000 et 50000 quand même – et en Argentine – où ils sont dix fois moins nombreux qu’en Espagne mais se multiplient. Penguin Random House suit ces développements de près et s’attend à ce que les booktubers fassent la différence sur le marché argentin. La très sérieuse London Book Fair a d’ailleurs tenu un séminaire sur le sujet lors de son édition d’avril 2014. Si vous voulez apprendre comment donner un public à vos vidéos de booktubers (et beaucoup d’autres choses encore), rendez-vous donc sur hotkeyblog.com : vous y trouverez un compte-rendu et une vidéo de ce séminaire.

Tout le monde peut produire une vidéo à partir de son ordinateur. Mais tout le monde ne peut pas produire une vidéo de bonne qualité, agréable à regarder d’un bout à l’autre.   Question de capacités mais aussi de moyens : une bonne vidéo, à la différence d’un bon post de blog, peut exiger d’avoir du matériel plus perfectionné et coûteux que la moyenne. Aussi, quelques-uns seulement investissent à long terme le temps, l’attention et l’enthousiasme nécessaires pour fédérer une communauté avec laquelle ils interagissent. Ce seront ceux-là, sans doute, qui retiendront l’attention des maisons d’édition. Peut-être seraient-elles prêtes à fournir à ces critiques nouvelle génération quelques pages à se mettre sous la dent… L’avantage est double : tout d’abord, les livres qu’elles publient gagneraient une nouvelle visibilité auprès d’un public de jeunes et fervents amateurs. De plus, les maisons d’édition atteindraient le Graal, c’est-à-dire des informations sur ce que les lecteurs aiment, n’aiment pas et pourquoi. Cerise sur le gâteau, ces informations leur arriveraient sous forme de vidéos brèves et distrayantes ! Affaire à suivre donc, nous connaissons déjà des Garance Doré, Sartorialist et autres blogs lifestyle qui deviennent des arbitres du bon goût et du style, et, parfois, parviennent à en vivre ! Verra-t-on une approche similaire s’appliquer aux livres ?

Les booktubers sont légion dans les pays anglo-saxons et hispanophones. En revanche, les francophones se font rares, les Belges encore plus : auriez-vous l’envie de relever le défi ?

Ailleurs sur la toile

Le guide du débutant pour booktubers et aficionados, avec une sélection de vidéos idéale pour entrer dans le vif du sujet!

— Sibylle Greindl

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