Describli : une start-up prometteuse

Le « speed-dating » pour lecteurs et auteurs?

Laura Fredericks est jeune, souriante et fraîchement arrivée dans le monde de l’édition, après des tout débuts de carrière dans (entre autres) l’événementiel ; après, aussi, une discussion avec sa belle-mère, elle-même agent littéraire. Une constatation s’est imposée à toutes les deux : avec l’auto-édition arrive la profusion de titres. En 2011, 235 000 titres avaient été publiés. En 2012, 391 000, dit-elle. Et encore, ces chiffres ne reprennent que les livres disposant d’un numéro ISBN. Face à cette profusion, repérer les auteurs talentueux devient une gageure.

Certes, comme Laura Fredericks l’explique dans un Edito de Publishing Perspectives, on peut se fier aux avis d’amis. Mais, aussi proche que soit cet ami, ses goûts peuvent encore différer des vôtres. On peut lire les recommandations qui accompagnent les livres sur un site tel qu’Amazon. Mais, dit-elle, 1/3 de ces recommandations sont loin d’être objectives, écrites qu’elles sont par une personne qui trouve un intérêt à promouvoir le livre en question. Les algorithmes? Peut-être, mais sont-ils capables de juger du style d’un auteur, d’identifier ce qui vous a plu dans son oeuvre? Pas nécessairement, or c’est ce qui compte : c’est ainsi qu’un lecteur établit une relation avec un auteur, et se décide à lire, fidèlement, plusieurs de  ses livres.

Comment donner à un auteur et à un lecteur l’occasion d’entrer en relation ? Dans une bibliothèque  physique, on picore de ci de là, on s’offre un aperçu. Dans la start-up de Laura Fredericks, Describli, c’est le même principe qui domine : à partir de la suggestion du jour, qui campe le décor, les auteurs peuvent lancer les bases d’une histoire. Les lecteurs donnent leur retour et peuvent créer cette relation particulière avec l’auteur. Ensuite, à l’auteur et/ou à l’équipe de Laura Fredericks de savoir gérer et maintenir l’intérêt de ces lecteurs pris au jeu d’un auteur. La start-up en est pour le moment à sa version bêta et espère attirer des auteurs soucieux de faire progresser leur carrière en se mettant à l’écoute de leurs lecteurs.

De manière cohérente avec sa philosophie, la start-up a fait ses débuts en faisant appel aux poches de la foule, sur indiegogo. Comment peut-elle, à plus long terme, se financer ? Elle pourrait faire valoir cette technique qu’elle met au point et qui permettrait au lecteur et à l’auteur se trouver tout en finesse. Elle pourrait aussi prendre une commission sur un sponsoring versé aux auteurs par leurs lecteurs enthousiastes. Enfin, certains éditeurs pourraient être curieux d’en apprendre plus sur les tendances du marché. Sans doute faudra-t-il un mix des trois pour permettre à la charmante entrepreneuse de passer du stade de la start-up à celui d’outil de référence !

Certes, l’idée a du sens : ce qui attache un lecteur à un auteur, c’est la relation qu’il construit avec le style, les mots, les idées de celui-ci ; partir de cette relation pour aider auteurs et lecteurs à se trouver semble sensé. Reste à voir si les auteurs se prendront au jeu d’écrire régulièrement selon les consignes de Describli, et les lecteurs l’habitude de suivre leurs exploits sur cette plate-forme…

Photo du Huffingtonpost.fr

— Sibylle Greindl

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