Le Family Sharing est arrivé chez Google Play
Près de deux ans après Apple et Amazon, Google Play développe à son tour une option de partage de contenus numériques en famille. Cette semaine, Lettres numériques vous propose d’en découvrir les particularités et possibilités.
Family Library
Il est vrai qu’au sein d’une famille, il n’est pas nécessaire d’acheter plusieurs fois le même article, et cela vaut aussi pour les contenus numériques : la notion de partage entre frères et sœurs et parents et enfants est naturelle, et économique ! Cette nouvelle fonctionnalité permet donc aux utilisateurs d’échanger, dans le cadre du cercle familial, des livres, mais aussi des applications, des jeux, des séries TV ou des films achetés avec Google Play. Concrètement, comment s’utilise cet outil de bibliothèque partagée ? La Family Library (ou Bibliothèque familiale) donne la possibilité à un groupe de 6 personnes de mettre leurs achats en commun sur plusieurs appareils, dans le cadre d’un partage non marchand.
Quelles conditions ?
Via un compte commun, un groupe d’utilisateurs (qui possèdent un compte Google) forment une « famille » et s’autorisent mutuellement à consulter et télécharger gratuitement les contenus achetés. L’administrateur du compte doit être majeur et fournir un moyen de paiement, tandis que les autres membres du groupe peuvent le rejoindre dès 13 ans, à condition de résider dans le même pays que l’administrateur. En outre, pour répondre à l’attente des lecteurs tout en luttant contre le piratage que pourraient entraîner les dérives du système de partage, chaque utilisateur ne peut appartenir qu’à un seul groupe familial et il n’est pas possible d’en changer plus d’une fois par an. Au niveau des contenus, tout n’est pas partageable : les contenus éligibles pour la bibliothèque familiale sont indiqués par l’icône « Bibliothèque famille », représentant une maison avec un cœur à l’intérieur.
Contrôle et disponibilité
L’administrateur peut décider d’installer la fonctionnalité d’approbation d’achats, pour garder un œil aux dépenses du groupe, ainsi que celle du contrôle parental, pour masquer des contenus à certains utilisateurs ou en bloquer l’accès. Pour l’instant, Google propose cette fonctionnalité dans 12 pays à travers le monde, mais ce nombre est réduit à 8 en ce qui concerne plus particulièrement les ebooks. Ainsi, en France, en Australie, au Brésil, au Canada, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, les familles peuvent partager leurs livres numériques. La Belgique n’est malheureusement pas encore concernée, mais nous espérons que cela ne saurait tarder.
Du côté des éditeurs
Les éditeurs doivent donner leur autorisation à Google, via un avenant au contrat de commercialisation, pour que la plateforme puisse inclure leur offre aux titres éligibles. Même si une bonne partie des grandes (et petites) maisons françaises s’est déjà montrée très enthousiaste en répondant positivement, toutes n’ont pas encore sauté le pas ; citons notamment Gallimard, Flammarion et Actes Sud parmi les indécises. Le modèle de partage non marchand a également séduit les éditeurs de livres de poche, comme Folio et Le Livre de poche, et de bandes dessinées, tels que Dupuis, Le Lombard ou Dargaud. De quoi avoir déjà un large choix dans le domaine de la lecture en numérique.
Dans la lignée d’Apple et Amazon
En lançant son option de partage familial, Google souhaite rattraper la concurrence. Une offre similaire est en effet déjà proposée depuis septembre 2014 chez Apple (sous le nom de Family Sharing) et chez Amazon (Family Library). À la comparaison, les trois solutions de partage sont assez semblables, tant au niveau de leurs conditions que de leur utilisation (groupes de maximum 6 personnes avec un administrateur et des possibilités de contrôle des achats). Apple fait encore un pas en avant en étendant l’accès aux membres âgés de moins de 13 ans, placés sous la tutelle de leurs parents, et en permettant le partage d’autres fonctionnalités, comme les albums photos, l’agenda ou la géolocalisation. En outre, si Apple et Google n’émettent pas de règles quant à la nature des membres qui composent la « famille », Amazon se montre plus précis en restant proche du sens strict du terme : il s’agira de 2 adultes maximum et jusqu’à 4 enfants.
N’oublions pas que le partage autorisé pose la question de la protection des livres numériques et des limites des DRM, ou « verrous » pour empêcher le piratage, que nous avions déjà abordée dans un article précédent, ainsi que celle de droits d’auteur et de la propriété intellectuelle. Le Family Sharing reste tout de même un formidable outil, faisant des heureux tant du côté des lecteurs que de celui des marques, qui peuvent s’en servir pour élargir ou consolider leur communauté d’utilisateurs. Un pas de plus vers le prêt d’ebooks entre lecteurs ?
— Loanna Pazzaglia