Smart City : le numérique pour répondre aux défis des villes de demain
Au-delà de la lecture, la révolution numérique apporte d’importantes innovations dans de nombreux domaines. Elle accompagne ainsi de plus en plus de villes à travers le monde dans leur transition pour faire face aux défis démographiques et environnementaux de l’avenir. Bruxelles est par exemple pleinement engagée dans un processus ayant pour but d’en faire une Smart City. Focus sur le concept de ville intelligente et les différentes réalités qu’il recouvre.
Qu’est-ce qu’une Smart City ?
Éco-ville, ville connectée, ville efficiente… Il existe autant de dénominations que de définitions du concept. Pour résumer, une Smart City est une ville qui a recours aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ainsi qu’au développement d’infrastructures et de services numériques pour améliorer la qualité et réduire les coûts des services urbains. L’analyse et l’utilisation de données récoltées sur la vie en ville sont l’une des principales clés sur lesquelles repose ce développement.
Les Smart Cities tentent ainsi de relever les nouveaux défis qu’implique l’essor des villes. On sait par exemple que 50 % de la population mondiale y vit, ce chiffre étant en constante progression, et que 80 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des milieux urbains. Ces défis amènent un grand nombre de nouveaux besoins en termes démographiques, environnementaux, économiques, sociaux, énergétiques mais également en matière de gouvernance et d’aménagement de l’espace urbain.
Comment mettre en place cette transition ?
La métropole intelligente constitue donc une réponse à ces besoins, en optimisant ce que Julien Damon, sociologue et contributeur de Slate, appelle le « métabolisme urbain ». Concrètement, pour qu’une ville devienne intelligente, ses investissements doivent être tournés vers une meilleure gestion des ressources naturelles et des infrastructures urbaines (énergie, bâtiments, mobilité, équipements publics, information et télécommunication, service de santé, etc.). Ces investissements, qui reposent principalement sur les nouvelles technologies liées à la révolution numérique, ont pour objectif d’assurer un développement durable ainsi qu’une qualité de vie élevée pour les citoyens.
Naturellement, il n’existe pas un modèle universel de Smart City, mais chacune de ces villes adapte le concept en fonction de ses particularités. Par exemple, un travail plus important devra être fourni par une ville ancienne, comme Bruxelles, afin de revoir toute son organisation pour mettre en place la transition, tandis qu’une cité plus neuve pourra directement être envisagée comme une Smart City.
Les ressources mieux gérées grâce aux données
Une application très concrète et particulièrement parlante pourra permettre de mieux comprendre le concept. En 2014, la ville de Barcelone a installé des capteurs à proximité de ses lampadaires pour détecter la proximité de passants, dans le but d’atténuer l’intensité de l’éclairage en l’absence de ceux-ci. Ces installations ont permis une diminution de 30 % de la consommation d’énergie dans le domaine de l’éclairage urbain. Les données collectées par ces capteurs et analysées à l’aide des NTIC sont ici mises au service d’une utilisation plus pertinente des ressources de la ville.
La nécessité d’une stratégie globale
Comme le rappelle Julien Damon, « [l]’intelligence des villes est avant tout l’intelligence des gens. » En effet, le recours aux technologies numériques ne crée pas en soi une Smart City, une stratégie globale est donc nécessaire. Celle-ci repose sur une bonne gouvernance, sur la transparence et sur une plus grande ouverture vers les citoyens dans le but d’encourager leur participation active dans le développement urbain. Les entreprises constituent également un acteur important pour accompagner cette transition.
C’est ainsi que la capitale belge, via le site Brussels – Smart City encourage les citoyens ainsi que les entreprises belges à proposer leurs idées pour le développement urbain. Via cette page, chacun peut soumettre son projet et voter pour ceux d’autres internautes. En voici quelques exemples : la mise à disposition dans certains lieux publics de wifi gratuit, le développement d’une appli de covoiturage bruxelloise pour améliorer la mobilité, la mise en place de soutien pour permettre aux écoles d’obtenir plus d’équipements numériques, etc. D’autres villes belges sont également engagées dans ce processus, c’est notamment le cas de Mons, Ottignies ou encore Dinant (plus d’informations sur le site de l’Union des Villes et Communes de Wallonie).
Par ailleurs, certains projets que Lettres Numériques a déjà évoqués, comme la possibilité de télécharger gratuitement des livres numériques dans le métro de New-York (voir notre article), le développement d’applications visant à redécouvrir une ville grâce au numérique, comme Emile (nous vous en parlions ici), ou d’autres projets œuvrant pour la mise en récit numérique du territoire (voir cet article), s’inscrivent également dans cette transition vers la ville intelligente.
La nécessité d’une mutation majeure dans le mode de fonctionnement des villes est indéniable, et le concept de Smart City constitue donc un modèle pertinent pour accompagner cette transition. Néanmoins, étant basé sur l’utilisation des données recueillies, il soulève certaines questions. Notamment celles de savoir quel type d’informations seront utilisées par les villes et à quel niveau de précision, ou encore qui se chargera de l’analyse de ces renseignements. La tension entre liberté individuelle et nouvelles technologies pointe par ailleurs une fois de plus le bout de son nez…
Raphaël Dahl
À relire sur Lettres Numériques :
- Subway Library : quand le métro new-yorkais se transforme en bibliothèque
- Emile : la géolocalisation permet une nouvelle forme de tourisme littéraire
- Mise en récit numérique du territoire, quelles possibilités pour la création ?
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— Rédaction