Baromètre KPMG : le livre numérique se développe lentement en France

Le cabinet KPMG a publié son baromètre annuel du livre numérique en France. Réalisé auprès de 141 maisons d’édition françaises, le sondage met en évidence une progression assez lente du secteur, parmi d’autres informations intéressantes. Entre les questions du prix, de l’ebook enrichi, de la DRM ou encore de la rémunération des auteurs, l’étude est particulièrement riche, et voici ses principaux enseignements.

Selon Joëlle Tubiana, associée KPMG responsable du secteur Édition, « malgré une tendance à la hausse, le développement du livre numérique n’est pas celui auquel on pouvait s’attendre il y a quelques années, en particulier au moment du pic de 2012. Il se réalise toujours lentement et prudemment. » Mais l’ebook progresse donc bien en France, 7 éditeurs sur 10 ont déclaré proposer un catalogue de livres numériques cette année. De plus, 80 % des nouveautés sont disponibles au format électronique.

Les maisons d’édition se tournent ainsi de plus en plus vers le numérique. Leurs principales motivations sont la volonté d’atteindre un public différent, une meilleure rentabilité ainsi que la réédition d’anciens ouvrages. Certains éditeurs demeurent pourtant réfractaires au livre numérique. Parmi eux, 58 % n’ont pas le projet de se constituer un catalogue d’ebooks. Certains envisagent de le faire à moyen terme (8 %) ou à long terme (8 %) et 25 % d’entre eux restent indécis.

KPMG

Moins d’intérêt porté à l’ebook enrichi

En ce qui concerne le livre numérique interactif, il semble être moins attractif aux yeux des éditeurs que l’année passée, même si 62 % d’entre eux conservent le projet d’en réaliser (contre 70 % en 2016). La raison principale évoquée par les 38 % restants est le peu de rentabilité associée aux ebooks enrichis. D’autres raisons sont liées à l’inadaptabilité de certains ouvrages ou encore à l’absence de technologie suffisante.

Les e-distributeurs plébiscités

Le schéma de commercialisation privilégié par les éditeurs est la diffusion via les e-distributeurs : une grande majorité d’entre eux (71 %) déclarent en effet passer par ce canal pour vendre leurs livres numériques (ils étaient 59 % en 2016). Les autres privilégient la vente directe aux lecteurs (18 %) ou les accords avec les opérateurs internationaux (Amazon, Google, Apple, etc.).

En ce qui concerne les modes de commercialisation, la vente à l’unité fait l’unanimité : elle séduit la quasi-totalité des éditeurs (98 %, soit deux points en plus par rapport à 2016). Un quart des maisons d’édition françaises proposent également des offres par bouquets, 23 % par abonnement (contre 17 % l’année passée) et 13 % optent pour la vente couplée papier et numérique.

Prêt numérique en bibliothèque

Le prêt d’ebooks en bibliothèque s’effectue pour 73 % des éditeurs via le PNB (Prêt Numérique en Bibliothèque), dont nous vous parlions notamment dans cet article. Même si cette offre en est à ses débuts, les maisons d’édition semblent en tirer des conclusions encourageantes. Certains éditeurs ont ainsi souligné le « [b]ilan très positif en raison du levier sur les ventes » ou encore la « [n]ette accélération depuis le programme PNB », même si d’autres ont qualifié l’impact du PNB « marginal pour le moment ».

Le watermarking plutôt que la DRM

Au moins 6 éditeurs sur 10 ont recours à des solutions de protection de fichiers. Ceux qui refusent de protéger leurs ebooks invoquent l’inefficacité, le frein à la vente et le coût de ces solutions comme raisons principales. Par ailleurs, si les éditeurs de livres numériques semblent se tourner de plus en plus vers le watermarking (65 % contre 55 % l’année passée), solution plus légère que la DRM, le recours à cette dernière reste stable.

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Le prix des livres numériques

Le baromètre KPMG livre également des informations intéressantes au niveau du prix du livre numérique. En moyenne, les éditeurs déclarent fixer un prix entre 25 et 35 % inférieur à celui du livre papier, seuls 3 % des répondants appliquent une remise de 50 % et plus.

Par ailleurs, il s’avère que près d’un tiers des éditeurs pratiquent le même prix pour les ebooks que pour le format poche, et 19 % les proposent à un prix supérieur. Une maison d’édition sur deux rend tout de même le livre numérique moins cher. De plus, 63 % des éditeurs ne révisent pas le prix de l’ebook lors de la sortie du livre au format poche (ils étaient 50 % en 2016).

Les auteurs mieux rémunérés que pour le format papier

Une dernière information importante relevée par l’enquête concerne les rémunérations des écrivains. Si un auteur sur cinq est rémunéré en pourcentage des recettes nettes, 74 % d’entre eux touchent une proportion du PPHT (Prix Public Hors Taxe). Le taux de rémunération des auteurs est supérieur de 20 à 50 % par rapport aux livres papier, et si aucune tendance ne se dégage réellement, la majorité des éditeurs semblent accorder à leur auteur entre 11 et 50 % du PPHT.

Bien que 2017 enregistre une légère baisse de croissance, le développement de l’ebook en France se confirme année après année. Le numérique devient peu à peu incontournable pour les maisons d’édition, qui sont de plus en plus nombreuses à le prendre en compte. Si les principales conclusions de l’enquête sont reprises ici, n’hésitez pas à consulter l’étude complète pour plus de détails sur ces informations.

Raphaël Dahl

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— Rédaction

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