Le numérique pour permettre aux éditeurs de mieux connaître leurs lecteurs

Dans le cadre de l’édition 2018 du DPUB Summit, qui s’est déroulée les 16 et 17 mai derniers, une conférence s’est intéressée aux différentes manières d’apprendre à mieux connaître son audience dans le contexte de la lecture numérique. Plusieurs acteurs de l’édition digitale, fondateurs de start-ups innovantes, ont ainsi présenté leurs projets et leur expertise en matière d’analyse des habitudes de lecture.

Le premier intervenant de cette conférence était Andrew Rhomberg, fondateur de la start-up Jellybooks. Proposant à l’origine des recommandations de livres à ses utilisateurs, la firme a décidé il y a près d’un an de se tourner entièrement vers l’analyse des habitudes de lecture. Rhomberg a expliqué vouloir fournir aux éditeurs des informations utiles sur leurs lecteurs. N’hésitez pas à relire notre article sur la start-up pour plus d’informations sur le sujet.

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Mojoreads, la recommandation de livres

Un autre acteur important en la matière est Mojoreads, une plateforme allemande de recommandation de livres. Comme l’a expliqué Volker Oppmann, le fondateur de la start-up, des analyses du marché ont été menées avant de lancer le projet, mettant en évidence plusieurs éléments intéressants. L’un d’entre eux concerne les trois types de plateformes différentes utilisées par le lecteur, qui répondent à trois demandes distinctes.

D’abord, le consommateur s’informe sur le contenu, via une communauté de lecteurs, telle Goodreads ou des réseaux moins spécialisés comme Facebook. Ensuite, il s’agit d’avoir accès au livre. Cela se fait par le biais de librairies en ligne, sur lesquelles le lecteur peut également en apprendre davantage sur le contenu (lire un résumé, des avis, etc.). Enfin, l’intéressé lit l’ouvrage, ce qui se fait sur un troisième type de plateforme (une liseuse ou une application de lecture, par exemple).

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Gagner de l’argent en recommandant des livres

L’un des seuls acteurs de l’édition qui propose l’ensemble de ces services est Amazon, qui a racheté Goodreads en 2013. Il est intéressant de noter que le géant de la vente en ligne a choisi de ne pas rassembler ses trois services en un unique portail, l’utilisateur doit en effet changer de plateforme pour répondre à ces différentes demandes.

Pour se différencier sur ce marché, l’équipe de Mojoreads a décidé de proposer une combinaison des trois types de plateformes, qui permettrait en un clic d’accéder à des avis sur un livre, et en un autre d’acheter l’ouvrage en question. De plus, afin de rendre Mojoreads plus attractif pour les utilisateurs, ceux-ci gagnent une commission de 10 % si un livre est vendu grâce à une de leurs actions, qu’il s’agisse de la rédaction d’un avis, d’une recommandation ou du partage d’un extrait.

Google Analytics pour les livres

Le troisième intervenant était Konstantin Diener, CTO de la start-up Cosee, qui a notamment développé sgrol.io. Ce projet se définit comme une nouvelle approche de l’expérience de lecture, qui propose de la lecture en streaming ainsi qu’une sorte de Google Analytics pour les livres. En fournissant des analyses et des statistiques sur les habitudes de lecture, sgrol.io permet ainsi aux éditeurs de comprendre comment leur contenu est consommé. Mais là où cette approche est véritablement innovante, c’est qu’elle permet aussi de suivre comment ces habitudes évoluent si l’éditeur change ses canaux de diffusion ou sa stratégie marketing.

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Les interactions sociales pour rassembler les données de lecture

La dernière start-up présentée est Gleeph, une application mobile qui fonctionne comme un réseau social dédié à la lecture. L’utilisateur peut se créer sa bibliothèque en scannant le code-barre d’un livre, suivre l’actualité de ses amis, leur partager ses coups de cœur et recevoir des recommandations de lecture. Durant la conférence, Khalil Mouna, cofondateur de la start-up, a expliqué comment Gleeph rassemble les données des utilisateurs et collecte des retours utiles de la part des lecteurs. Selon lui, la clé pour recueillir ces informations est d’utiliser les interactions sociales comme levier pour encourager les utilisateurs à partager leurs habitudes de lecture.

Les manières dont les gens lisent demeurent parfois méconnues, surtout quand on sait que les résultats des analyses les plus importantes (menées par des géants du numérique comme Amazon et Google) ne sont pas dévoilés au public. C’est ainsi que des projets tels que ceux décrits ci-dessus ont vu le jour. Si ces start-ups promettent de constituer des partenaires de choix pour les professionnels de l’édition, leurs méthodes de récolte d’informations peuvent aussi poser question, à l’heure où la protection des données personnelles est au cœur des débats.

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— Raphaël Dahl

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