Blow Book : des livres à la place des canettes dans les distributeurs

Le 21 novembre prochain aura lieu le colloque annuel du PILEn (partenariat interprofessionnel du livre et de l’édition numérique). À cette occasion, un showcase sera organisé afin de présenter les dernières innovations et créations dans le domaine de la diffusion, de la distribution et de la promotion du livre et des écritures francophones belges. Lettres Numériques présente aujourd’hui l’un des participants à ce showcase : la plateforme d’édition en ligne Blow Book qui propose un renouveau de la bande dessinée, au croisement entre l’histoire et la nouveauté, avec un système de vente de BD dans des distributeurs automatiques.

Le modèle Blow Book

C’est en 2013 que naît l’idée de Blow Book, à l’initiative de Philippe Capart, Dimitri Piot et Olivier Van Vaerenbergh, trois Belges passionnés de bande dessinée. Il s’agit là de rendre accessible la bande dessinée au plus grand nombre grâce à trois principaux moyens : petit prix, petit format, disponibilité constante.

Pour offrir un petit format, les créateurs de Blow Book se sont inspirés de l’histoire d’Alfred Mazure, auteur néerlandais du XXe siècle. Ce dernier a dû faire face, pendant la Seconde Guerre mondiale, a une pénurie de papier. Il a donc pris l’initiative de découper les cases de ses bandes dessinées, publiées jusqu’alors dans des journaux, pour les réunir, à hauteur d’une case par page, dans un petit livre au format de poche, 7,6 cm sur 11,6 cm. Ce format permet de limiter le gâchis de papier et également de donner plus de liberté à l’artiste, du fait du grand espace disponible pour chaque case de bande dessinée.

Concernant le coût, chaque livre jouit d’un prix unique de 5 euros. En effet, la bande dessinée, historiquement majoritairement publiée dans la presse, a fini par conquérir son format de prédilection, les grands albums que l’on connaît aujourd’hui et qui coûtent relativement cher, bien qu’ils fassent partie intégrante du patrimoine belge. La distribution des recettes s’effectue de la manière suivante : un cinquième pour la fabrication, un cinquième pour l’auteur, un cinquième pour le revendeur, et enfin le reste pour l’impression de nouveaux livres.

Quant à l’appellation Blow Book, elle provient des petits livres imagés qui étaient très populaires pour faire des tours de magie à partir du XVIe siècle, et jusqu’au XIXe siècle.

Pour l’instant, seuls quatre livres sont disponibles, mais le but serait d’en éditer douze par an. Les livres ne suivent pas une ligne éditoriale précise. Ceux qui sont proposés actuellement sont variés et comptent notamment une réédition d’un ouvrage de Mazure, ainsi qu’une bande dessinée de Manuel, qui est quant à elle une création contemporaine.

Le distributeur : un nouveau mode de distribution

La particularité de Blow Book est le fait que les ouvrages ne peuvent pas être commandés sur la plateforme. En effet, ils sont exclusivement vendus dans des distributeurs automatiques, qui sont à peu de choses près identiques à ceux utilisés pour la vente de canettes de soda. Le distributeur permet de les rendre disponibles en continu, la journée, la nuit et les jours fériés. Le prix du livre est payable en liquide ou par carte bancaire.

C’est le 12 septembre 2019 que le premier distributeur permanent est installé passage Bortier à Bruxelles. Depuis, deux autres ont également été installés, dont l’un dans le hall de Bozar. Des tests couronnés de succès avaient d’abord été réalisés notamment lors du festival d’Angoulême. À l’avenir, des distributeurs Blow Book continueront d’être disponibles lors de certaines foires, et notamment au Salon de la bande dessinée qui se tiendra à Paris en décembre.

Aujourd’hui, environ 12 000 livres ont ainsi été imprimés, et ce nombre va sûrement augmenter. En effet, Blow Book a signé un partenariat avec la société Gamaco, spécialisée en distributeurs automatiques de nourriture. Il s’agirait de proposer des Blow Book entre deux rayons de sodas et autres sucreries, dans des lieux publics tels que des gares, voire même des écoles.

Les créateurs insistent sur le fait qu’ils ne veulent pas voler leur travail aux libraires en proposant des ouvrages à 5 euros. Au contraire, Blow Book est ouvert à l’idée de travailler avec les libraires, avec comme but commun le bien de l’industrie du livre papier.

Finalement, cette initiative semble être un nouveau souffle pour la bande dessinée, et peut-être même pour les libraires, si jamais elle permet de raviver le goût du livre papier chez le grand public.

Rendez-vous le 21 novembre prochain au Résidence Palace de Bruxelles pour voir Blow Book en action lors du showcase du colloque annuel du PILEn !

Ailleurs sur Lettres Numériques :

Crédits photo à la une : Actualitté

Retrouvez Lettres Numériques sur TwitterFacebook et LinkedIn.

— Nausicaa Plas

Share Button