Amazon, un acteur qui dérange !

Cette année à la Foire du Livre de Londres, Amazon était clairement au centre des débats et des préoccupations des différentes assemblées qui se sont tenues. Le constat est accablant, Amazon continue de gagner des parts de marché là où tant d’autres semblent se casser les dents et sa position, qui pourrait être considérée comme dominante sur certains marchés, inquiète les éditeurs et les auteurs.

Ainsi, Tim Godfray, président de la Bookseller Association en Grande-Bretagne s’inquiète de l’importance grandissante d’Amazon et est convaincu que « les libraires ne représentent que la partie visible de l’iceberg ». Il souligne également que ce qui est « néfaste pour les libraires a également une influence négative sur l’industrie du livre en général ». D’après lui,  ce ne sont pas uniquement les libraires qui sont mis à mal par la dominance d’Amazon, mais aussi les éditeurs et les agents littéraires.

Quelques chiffres publiés récemment en Grande-Bretagne témoignent également de la force de frappe du géant de Seattle :

  • 92% des 1.3 million d’e-readers vendus en Grande-Bretagne avant Noël étaient des Kindle !
  • 48% des décisions d’achats de livres effectuées sur Amazon sont effectuées avant de visiter le site (Source : Enders)

La force d’Amazon est principalement liée à son intégration verticale et au fait qu’il couvre l’entièreté de la chaine de l’édition à travers ses différentes branches :

  • Éditorial : Amazon Publishing (AmazonEncore, Amazon Crossing, Mortlake Romance, Thomas&Mercer, etc.
  • Audio : Brilliance (audio) et Audible
  • Impression à la demande : CreateSpace
  • Supports de lecture : Kindle
  • Recommandations de lecture : GoodReads

Au final, Amazon peut servir l’auteur et le lecteur de A à Z. Grâce à la masse considérable de données dont il dispose et qu’il continue à accumuler, Amazon dispose actuellement d’un avantage concurrentiel énorme sur les autres acteurs de l’édition. En effet, il est le seul à même de comprendre et donc de prédire le comportement du lecteur de A à Z : de son cycle d’achat jusqu’à son comportement de lecture.

Au vu des moyens dont dispose Amazon, il n’est pas étonnant que ses concurrents en ligne et hors ligne aient du mal à faire face. Plus agaçant encore, le phénomène « Reverse ROPO » (« research offline, purchase online* ») semble prendre de l’ampleur, poussé notamment par le lancement d’applications mobiles qui permettent aux lecteurs de comparer les prix des libraires avec ceux d’Amazon… Quand on sait que les libraires jouent un rôle de prescripteur indispensable, de nombreuses questions se posent : qu’adviendra-t-il s’ils ne peuvent continuer à faire face à la concurrence d’Amazon ? Comment les éditeurs et les agents peuvent-ils aider les autres acteurs présents à favoriser l’émergence d’une compétition saine ? Que se passerait-il si les éditeurs ne pouvaient plus fixer librement le prix de leurs livres ?

Et vous, quelles sont vos craintes ?

* Le phénomène ROPO désigne les ventes initiées sur internet qui se finalise en magasin. L’expression « Reverse ROPO » désigne le phénomène inverse.

Thibault Léonard

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— Thibault Léonard

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Thibault Léonard

Digital Publishing Entrepreneur

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