GLN : acteurs du livre numérique francophone, unissez-vous!

Le Groupement pour le développement de la Lecture Numérique (GLN) est né en France, il y a quelques jours. Il a pour vocation de fédérer tous les acteurs de la chaine de l’édition numérique francophone. Le GLN veut parvenir à structurer et à développer la lecture numérique. Le groupe a déjà enregistré une centaine de promesses d’adhésion.

Il est tout frais, tout beau, il est plein de promesses : le Groupement pour le développement de la Lecture Numérique vient de naître. L’idée : fédérer tous les acteurs francophones professionnels autour du développement du format numérique et de sa diffusion auprès d’un large public.

Tout est parti d’un constat : avec l’arrivée du numérique, les métiers de l’édition changent. Il faut se rendre compte qu’en plus des pure players d’un côté et des éditeurs traditionnels de l’autre, il y a toute une série d’acteurs professionnels (ou non) qui font beaucoup pour le livre numérique (des auteurs, des prestataires de services, des bibliothèques, des médiathèques, des constructeurs d’appareils mobiles, des éditeurs de presse, des libraires, des plateformes de distribution alternatives, des développeurs d’application, des distributeurs, des blogs littéraires, des sites d’information en ligne spécialisés …). Alors, au lieu de tirer chacun la couverture à soi, il était temps de rassembler tout ce petit monde autour d’une table. Après tout, l’union fait la force.

Le bon moment

Il fallait y penser ! L’idée est aussi simple que géniale. Mais pourquoi seulement maintenant ? « Les acteurs ont désormais atteints une certaine forme de maturité. Les éditeurs traditionnels ne sont plus arc-boutés sur leurs modes de fonctionnement. Et jusqu’à présent, les pure players étaient encore très jeunes. C’est donc, enfin, le bon moment« , s’enthousiasme Benoit de La Bourdonnaye, fondateur de la librairie en ligne Didactibook et des éditions numériques La Bourdonnaye, Président de ce tout jeune GLN.

« Il est indispensable d’unir tout le monde. Le marché du livre numérique croit, mais il croit lentement, les différents acteurs auront tout le temps de se tirer dans les pattes quand la lecture numérique se sera développée et structurée » ajoute-t-il en souriant.

« Il faut que les gens comprennent qu’il ne s’agit pas d’une guerre des écrans contre le papier. Le livre numérique, c’est juste un format différent. Comme le livre de poche l’était à sa création. On a crié au scandale, on l’apprécie maintenant pour les services qu’il a rendus au monde de l’édition« . C’est la raison pour laquelle le GLN tient absolument a s’associer avec les éditeurs traditionnels : « ils rencontreront, dans dix ans, les mêmes questions et problèmes que les acteurs numériques maintenant. D’ailleurs, dans dix ans, cette distinction n’aura plus lieu d’être« .

Trois missions et la volonté de peser

Le GLN s’est donné trois grandes missions. Premièrement : défendre, fédérer et représenter les intérêts (individuels et collectifs) de ses adhérents. Ensuite, œuvrer au développement économique de ce marché. Enfin, se positionner comme force de réflexion et de proposition économique et sociale à l’échelle nationale (française). Le dernier point est particulièrement intéressant : le GLN promet de se positionner sur des sujets épineux et plein d’enjeux : TVA, prix unique du livre, DRM, poids des grands acteurs par rapport aux petits, droits intellectuels …

Mais si une position commune de la part de tous les acteurs de la chaine constitue un bon début, encore faut-il pouvoir peser sur ce marché ! « Nous ciblons deux publics : le grand public (qu’il faut encore éduquer et sensibiliser) et les pouvoirs publics, pour que notre action ait de réelles répercussions« , explique Elizabeth Sutton, co-fondatrice du site IdBoox, Vice-Présidente du GLN en charge des relations avec la presse et les médias.

Innovation et créativité

Donc des positions communes. Mais des nouvelles positions, ou du réchauffé ? « Nous sommes très attentifs à être innovants et inventifs ! Par exemple, contre le piratage, nous ne sommes pas persuadés que la meilleure solution soit la répression. Nous allons essayer de voir si l’éducation et la sensibilisation des jeunes à la qualité de notre filière ne sont pas plus efficaces« , affirme Benoit de La Bourdonnaye.

« En fait, il n’existe, dans l’édition numérique, encore aucun modèle établi. À nous de trouver ce qui marche le mieux, en collaboration avec les éditeurs traditionnels et en respectant tous les acteurs de la chaine, sans retomber dans les erreurs du passé« , rassure le Président du GLN.

Alors vu comme ça, le GLN ressemble à la panacée de l’édition numérique. Est-ce donc cela qu’il manquait au décollage du livre numérique en francophonie ? « Ce serait prétentieux de le prétendre ! En fait, la solution pour l’édition numérique, tous les acteurs en détiennent une partie. Le GLN peut être une manière de structurer ces solutions et de les mettre en lumière« , recadre Benoit de La Bourdonnaye.

Alors, à la vue de l’enthousiasme qui entoure le GLN, il faut espérer que le groupe puisse trouver les moyens d’arriver à ses fins. Car, avec des cotisations très basses (pour être accessible à tous), « rien ne pourra se faire sans subventions« , admet, lucide, Elizabeth Sutton.

Martin Boonen

@martyboonen

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— Martin Boonen

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