Le livre numérique en néerlandais

Quel sort le livre numérique réserve-t-il à ses 21 millions de lecteurs néerlandophones ? Petit tour d’horizon, des Pays-Bas à la Belgique…

Les néerlandophones sont nettement moins nombreux que les anglophones et anglophiles. Ils sont aussi nettement plus enclins et habitués que la plupart des anglophones et anglophiles à lire dans une langue qui n’est pas la leur, comme l’anglais. Quelles options reste-t-il aux néerlandophones qui voudraient cependant lire leurs auteurs et/ou en langue maternelle?

Concrètement, Sony Reader Store et Kobo proposent des e-books en néerlandais, de même que l’iBookshop d’Apple. Les cartes Google Play Books aussi permettent d’acheter de la lecture en néerlandais. Depuis septembre 2013, le néerlandais a rejoint les langues supportées par « Amazon Direct Publishing », aux côtés d’autres langues parlées par quelques élus, comme le norvégien ou le frison. Auteurs et éditeurs peuvent maintenant télécharger leur production en ces langues et la vendre via le magasin Kindle d’Amazon. Pour le reste, les Néerlandais ont déjà leur équivalent national d’Amazon, Bol.com. En janvier 2013, la société avait fidélisé 3,4 millions de clients actifs en Belgique et aux Pays-Bas. Autant de lecteurs potentiels pour les best-sellers que le site vend, au milieu d’une foultitude d’objets de toutes sortes.

Les boekenworm [rats de bibliothèques, en néerlandais] préféreront peut-être l’emprunt à l’achat. Yindo ferait alors plus leur affaire: sur ce site, ils peuvent acheter ou louer un e-book en néerlandais, voire même s’en procurer la version papier. Les éditeurs qui veulent surfer sur la vague numérique peuvent d’ailleurs passer par Yindo. La société convertit leurs fichiers pdf au format numérique et les vend sur son site, avec éventuellement un lien vers le site de l’éditeur pour la version papier. La spinoff de Yindo, Boekenwolk, a été lancée par une jeune maman : elle voulait que ses deux petites dévoreuses de livres puissent lire tout leur saoul. Sur Boekenwolk donc, les enfants de zéro à quinze ans s’abonnent par tranche de trois, six ou douze mois pendant lesquels ils peuvent puiser à volonté et en toute sécurité dans une bibliothèque en ligne. L’initiative fonctionne sans doute d’autant mieux que la plupart des lecteurs de ces âges lisent exclusivement dans leur langue maternelle. Et les petits expatriés, polyglottes dès le berceau, ont là l’occasion de lire et de pratiquer la langue de la mère-patrie. Bref, édition numérique et langues minoritaires pourraient bien avoir des choses à se dire au sujet de la tranche d’âge zéro-quinze ans.

De toutes les initiatives qui précèdent, aucune n’est centrée sur la Belgique. Notre pays, coincé entre deux nations monolingues et plus peuplées, a développé une littérature de niche, de la bande dessinée au roman policier. Et elle a intérêt à la cultiver, même et surtout en ces phases d’évolution. «Uitgeverij van de toekomst» [édition du futur] y travaille. Ce projet de recherche, soutenu par la Région flamande et en collaboration avec la VUB et l’Université de Gand, a débuté en 2012 et s’étendra sur quatre ans. Un des pôles de la recherche se concentre sur le développement de technologies qui visent, entre autres, l’interaction entre lecteurs numériques. Un autre pôle se concentre sur les modèles économiques les plus appropriés à l’évolution des formules d’abonnement, de paiement, de diffusion et aux opportunités de croissance que génère le numérique. Le but ? Aider les éditeurs flamands à rester à la pointe de bande dessinée, des livres éducatifs, illustrés et pour enfants, même et surtout à l’ère numérique!

L’arrivée du numérique va-t-elle changer la donne pour les locuteurs de langues minoritaires, en mettant à leur disposition plus de livres? Ou va-t-elle laisser la part belle aux langues les plus répandues? Les deux options se tiennent, dirait-on : réponse sur vos écrans, au fil des années à venir!

— Sibylle Greindl

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