Autrement dit, acteur indépendant de l’édition sonore en Belgique, fête ses 20 ans

Autrement dit, leader franco-belge de l’édition littéraire sonore, des lectures spectacles et des récitals textes et musique, fête ses 20 ans. La maison d’édition sonore a été fondée en 1999 dans le Namurois par une équipe de passionnés qui souhaitent faire connaître la culture par la voix. Nous avons rencontré son fondateur et directeur, Jean Lieffrig, un romaniste soucieux de la transmission du patrimoine littéraire et artistique.

Lettres Numériques : Pourriez-vous présenter le projet d’Autrement dit depuis sa création jusqu’à ses contenus actuels ?

Jean Lieffrig : À la base, j’enseignais la littérature française de Belgique à Barcelone et je me suis rendu compte qu’il y avait très peu d’audiolivres en français à l’époque, et rien en littérature française de Belgique. Notre maison d’édition est née de ce constat. Chez Autrement dit, nous ne faisons toutefois pas que du régionalisme, mais nous donnons aux auteurs belges leur importance. Nous tentons d’équilibrer le plus possible notre catalogue, qui contient de grands auteurs français aussi bien contemporains que classiques, mais aussi une partie d’auteurs belges à laquelle nous tenons et quelques autres nationalités. Nous nous positionnons comme une maison d’édition internationale.

Nous ne produisons pas uniquement des audiolivres, mais aussi des albums pour enfants, des bruitages pour le théâtre et des sons & lumières. Nous adaptons des contenus divers tels que des romans, des nouvelles, des conférences universitaires, des témoignages, de la poésie et de la musique, en français, mais aussi dans d’autres langues. En vingt ans, nous avons constitué un véritable fonds littéraire comprenant, entre autres, Bauchau, Char, Stendhal, Lemonnier, Rodenbach, Zola et Pierre Jourde. Nous avons aussi un entretien audio entre Amélie Nothomb et Laureline Amanieux, la meilleure spécialiste de l’œuvre de Nothomb.

Qu’est-ce qui distingue Autrement dit des autres maisons d’édition sonore ?

Notre objectif est d’allier les textes et les voix dans une exigence de qualité pour l’un et l’autre. Nous faisons donc appel à la fois à des professionnels de la scène, à des professeurs de conservatoire, à des acteurs de télévision ou de cinéma et à d’autres voix qui nous marquent. Nous fonctionnons au coup de cœur.

Nous portons avant tout notre attention sur les voix, peu importe si le comédien est connu ou non, nous ne cherchons pas un nom, mais bien une voix qui puisse mettre en valeur le texte. Le lecteur-acteur sert le texte sans l’asservir, notre but premier n’est pas de mettre un acteur en évidence.

Et qu’avez-vous prévu cette année pour marquer cet anniversaire ?

Nous aimerions marquer nos vingt ans jusqu’aux prochaines fêtes de Noël et tenter de faire le buzz autour d’une maison d’édition de livres audios, mais ce n’est pas évident et il y a beaucoup de concurrents aujourd’hui. Le projet de l’équipe, globalement, est de faire connaître la culture par la voix. Nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux, comme Youtube, LinkedIn ou Facebook, et nous désirons dans les mois à venir valoriser tout ce que nous avons fait en vingt ans, remettre en évidence tout le catalogue actuel, ce que nous avons déjà publié, car nous ne sommes pas pour la notion de nouveauté constante.

Nous avons d’ailleurs remis en vente un livre audio jeunesse illustré à l’occasion de nos 20 ans, Le Musicien et le Fabuliste, qui mêle des fables de La Fontaine, lues par Alain Carré, avec la musique de Jean-Sébastien Bach et de Louis-Claude Daquin. L’autre livre jeunesse qui marche bien et que nous remettons en place en librairie cette année, c’est La Fée aux gros yeux de George Sand, une histoire contée par Alexa Parr, qui travaille depuis aussi pour la radio Classic 21.

Début avril, la TVA est passée de 21 % à 6 % en Belgique pour les publications numériques telles que les livres audio, en dehors des contenus principalement ou exclusivement musicaux. Que pensez-vous de ce changement et va-t-il avoir un impact sur les ventes, selon vous ?

C’est une bonne chose et cela faisait des années que nous attendions ce changement. Je me suis manifesté plusieurs fois auprès de la ministre de la Culture Alda Greoli, car il y avait une injustice à nos yeux par rapport à ceux qui préfèrent utiliser l’audition plutôt que la vue pour découvrir des œuvres et notamment par rapport aux personnes malvoyantes.

Je n’ai pas encore une idée de l’impact que cela aura sur les ventes et il ne sera sans doute pas direct, mais cela va aider. Cela dit, il ne faut pas se leurrer, il y a deux marques qui mangent 80 % des ventes de livres audios en librairie, les éditeurs indépendants ont donc une énorme importance pour sauvegarder la diversité culturelle. Par exemple, notre livre audio traitant de l’inceste dans les milieux de la très haute société française, qui est un succès, a été refusé par l’édition française et c’est en Belgique chez un éditeur indépendant qu’il a pu être édité.

Souhaiteriez-vous que cette baisse de TVA s’étende à d’autres contenus, par exemple les enregistrements musicaux, les récitals, ou encore les bruitages ?

Oui, bien sûr ! Je ne vois pas pourquoi, quand on achète la biographie de Mozart en papier on est taxé à 6 % alors que lorsqu’on veut écouter un quatuor jouant du Mozart, on est taxé à 21 %, cela n’a pas beaucoup de sens par rapport à la notion de culture.

Il y a aussi la poésie, qui fait parfois des alliances et des alternances avec la musique. Nous avons par exemple enregistré les Lettres portugaises de Guilleragues avec un accompagnement du luthiste baroque Pascal Gallon, dont un extrait représentatif est disponible sur notre chaîne Youtube.

Je pense qu’il y a intérêt de manière générale à diminuer les taxes sur les contenus culturels pour les rendre davantage accessibles.

Quels sont les contenus qui se vendent le mieux parmi votre catalogue et quels seraient vos objectifs pour les années à venir ?

Notre objectif premier est de survivre, de pouvoir continuer en tant qu’éditeur indépendant. Dans les années à venir, nous voulons aussi revaloriser tout notre catalogue actuel. Dans nos contenus, ce sont les livres de belle littérature qui fonctionnent le mieux, mais aussi les livres jeunesse. Nous savons que le polar se vend actuellement bien, nous n’en avons pas encore dans notre catalogue car nous avons privilégié une autre littérature, et des témoignages.

Avant tout, priorité aux beaux textes pour lesquels nous avons des coups de cœur avec le désir de les faire partager à un large public !

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— Cynthia Prévot

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