Le numérique, lieu de mémoire

Depuis toujours, partout, l’homme (se) raconte. Le numérique change-t-il la donne?

Raconter son histoire, ses histoires, c’est ordonner ce qui s’est passé et, au passage, tourner la page. C’est aussi transmettre une expérience et des valeurs. C’est partager avec son entourage, et commémorer avec lui des moments (mal)heureux. Bref, raconter son histoire, c’est loin d’être anodin! Surtout, c’est une attitude qui, aussi loin qu’on remonte ou qu’on aille, constitue l’homme et sa société. Rien de nouveau sous le soleil… si ce n’est que l’avènement du numérique vient outiller cette longue tradition!

Olivier Gaillard, co-fondateur avec Guillaume de Westerholt de la start-up Memovie, qui réalise des biographies particulières en croisant divers médias, en témoigne : «le format digital permet de conserver à très long terme quantité d’informations. La mémoire des gens, dans un coffre-fort numérique, peut à la fois être préservée et partagée en toute sécurité». Mémoire et mémoires ne sont plus tenues de s’en remettre uniquement à des livres, parfois stockés entre les quatre murs d’une bibliothèque, parfois difficiles d’accès, parfois encore à la merci d’intempéries diverses…

Les démarches de commémoration de la Première Guerre Mondiale se mettent d’ailleurs à la page, chez nous et ailleurs. À titre d’exemple, en France, Numen a été chargé d’archiver en les numérisant quantités de documents de l’époque, y compris des journaux et des photos, amenés à se retrouver sur le site de Gallica. Le chantier est en cours au Centre technique de Conservation de la BnF et s’entoure des plus grandes précautions : pas question, par exemple, d’aplatir ces ouvrages fragiles pour les numériser…

Outre cet aspect très pratique de conservation, le support numérique permet de croiser son, texte, image. Un plus pour la transmission, comme l’explique Olivier Gaillard, expérience à l’appui : «la génération des 70 ans et au-delà pense plutôt papier. La jeune génération, elle, est en général plus orientée images et cherche l’interactivité. Partager une histoire sur différents supports permet de répondre à ces différentes attentes». Memovie croise illustrations et textes biographique sur un site propre à l’histoire personnelle en question : «le site est une base, un outil de travail collaboratif. À partir de là, on extrait des éléments qui nourrissent un film biographique. Selon la demande des gens, on peut aussi leur fournir un livre papier, toujours agréable à manipuler et à montrer autour de soi». De cette façon, l’information se partage de manière adaptée à la recherche et aux intérêts de chaque utilisateur : en partant d’une photo ou d’un texte, celui-ci peut choisir d’approfondir ou préférer passer à la suite directement.

Les histoires ne se transmettent plus seulement aux veillées mais passent toujours de générations en générations… Et là, le numérique et toutes ses possibilités jouent déjà un rôle!

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Europeana 1914-1918, portail thématique

— Sibylle Greindl

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