La production d’ebooks : une nouvelle facette du métier d’éditeur ?

Que l’on y soit réticent ou non, le marché du livre numérique est aujourd’hui devenu une réalité difficile à contourner, particulièrement pour les éditeurs. Comment toutefois l’intégrer aux activités traditionnelles d’une maison d’édition ? La solution se trouve-t-elle dans l’externalisation du processus de production et de distribution ou dans le développement de nouvelles compétences en interne ? Le lundi 22 février, de 10h à 11h15, le PILEn organisera un CaféTech dédié à cette problématique.

Plus qu’une déclinaison du papier en divers formats électroniques, le numérique constitue une nouvelle facette du métier de l’édition et mérite à cet égard une attention tout aussi importante que les autres aspects de la profession. Il est donc vital pour les éditeurs de prendre tous les facteurs en compte, qu’ils soient techniques, financiers ou autres, afin d’évaluer la solution la plus adaptée à leur maison, notamment au niveau de la production des fichiers, qui peut se fait soit en interne, soit en externe. Une décision à ne pas prendre à la légère et pour laquelle de nombreux facteurs pèsent dans la balance, à commencer par les compétences techniques et l’expertise.

Les compétences techniques

DruckQui dit livre numérique dit compétences informatiques. A priori, produire un ebook ne semble pas sorcier puisque sa structure est très semblable à celle d’un site internet (une ou plusieurs sections HTML reliées à une feuille de style CSS), un procédé qui peut sembler simplissime pour peu que l’on maîtrise ces notions. Ne nous réjouissons toutefois pas trop vite : cette structure correspond à l’ePub 2, créé par l’IDPF, et si ce format est actuellement le plus utilisé par les sites de vente en ligne, il n’est pas accepté par Amazon, qui ne vend bien entendu ses fichiers que sous son format propriétaire, l’AZW. Autre format existant, l’ePub 3, le « grand frère » de l’ePub 2, qui permet de répondre à des mises en page plus complexes et d’ajouter de l’interactivité à vos ebooks. Forcément, ce format demande une maîtrise plus poussée des langages HTML et CSS. Ce n’est pas tout, puisque les formats ePub répondent à des normes techniques strictes émises par l’International Digital Publishing Forum (IDPF) et qui doivent impérativement être respectées pour que les fichiers soient acceptés par les librairies en ligne. Ajoutons à cela les normes propres à chaque librairie et on se retrouve face à un énorme casse-tête. Face à tant de complexité, certains outils se présentent comme la solution miracle qui vous permettra de créer vos ebooks en un coup de baguette magique (ou quelques clics) à partir de vos PDFs notamment (pensons à InDesign, par exemple). Il s’agit plutôt là d’un mirage : d’une part, la qualité de la conversion n’est pas optimale (« l’envers du décor » d’un ePub créé via ces outils est très souvent effrayant) et d’autre part, le fichier final doit obligatoirement être retravaillé afin de respecter toutes les normes propres au format. Si l’on veut réaliser ses ebooks soi-même, il est donc primordial de maîtriser les langages informatiques nécessaires, de respecter les normes émises par les autorités compétentes (en l’occurrence l’IDPF) et d’être bien conscient des limites et risques des outils d’automatisation.

idpf

L’expertise

Au-delà de la conformité technique des fichiers, invisible pour le lecteur, le confort de lecture ne doit surtout pas être négligé. Un livre respectant toutes les normes techniques mais dont les tableaux, images ou autres mises en page particulières sont peu lisibles, par exemple, risque de laisser une impression très négative sur le lecteur et peut aller jusqu’à mettre en péril la réputation d’une maison d’édition. Un livre papier doit donc être « repensé » pour le numérique et adapté afin de correspondre aux mieux aux différents supports sur lequel l’ebook pourra être lu.

La production de livres numériques ne doit donc surtout pas être sous-estimée. En plus de demander du temps et de l’argent, elle fait appel à des compétences que les maisons d’édition ne possèdent pas forcément en interne et qui demandent une formation spécialisée. Deux solutions s’offrent donc aux éditeurs : engager des profils qualifiés ou confier leur production à un prestataire externe, qu’il convient de choisir avec prudence.

Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, rendez-vous donc le lundi 22 février au CafeTech #1 du PILEn, auquel participera Emeline Brulé, doctorante à Télécom ParisTech sous la direction d’Annie Gentès. Pour toutes les informations pratiques, rendez-vous ici.

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— Mélissa Haquenne

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Mélissa Haquenne

Digital Publishing Professional